Reenah Kakuru a déjà remarqué une différence depuis qu’elle et son conjoint ont commencé à utiliser « la roue de l’amour ». « Aujourd’hui, il m’a donné de l’argent pour que je puisse me gâter. Une fois, il devait appeler certaines de mes amies pour les inviter [à venir me visiter], mais je voyais qu’il ne savait pas quoi faire. Sa tâche, selon la « roue de l’amour », était de choisir mes trois meilleures amies et il ne savait pas qui elles étaient », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.
« L’aspect le plus positif, c’est probablement le fait que ça donne quelque chose à espérer », a-t-elle ajouté.
« Il y a quelque chose de ludique là-dedans. Ça nous permet d’améliorer notre intimité, de bâtir des relations avec notre famille et nos amis et de stimuler notre créativité », a dit Peter, le mari de Reenah. « Nous avons des emplois très exigeants qui nous tiennent très occupés et nous oublions [parfois de prendre soin l'un de l’autre]. La roue sert de rappel et permet de préserver la cohésion au sein du couple ».
La roue est divisée en huit catégories – famille, forme physique, plaisir, amis et finances, entre autres – et offre un certain nombre de conseils pour chacune d’elles. Elle est actuellement distribuée dans les supermarchés de la capitale, Kampala. Selon ses promoteurs, plus de 1 500 unités ont déjà été vendues depuis le lancement en novembre 2010.
« Nous n’avions pas d’option fidélité pour ceux qui souhaitent rester fidèle à leur partenaire mais ne savent pas comment y arriver », a dit Julius Lukwago, directeur du marketing et des communications pour l’organisation non gouvernementale (ONG) de marketing social Programme for Accessible Health, Communication and Education (PACE). « Comme pour tout le reste dans la vie – l’éducation, la carrière –, il faut travailler fort pour réussir à consolider et à préserver un mariage ».
« Pour certains Africains, elle est tout simplement inutile – l’idée de gâter leur épouse et les autres idées modernes du genre leur semblent futiles » |
Gadget ?
Certains habitants de Kampala ont toutefois questionné l’intérêt de la roue dans leur vie personnelle. « Pour certains Africains, elle est tout simplement inutile – l’idée de gâter leur épouse et les autres idées modernes du genre leur semblent futiles », a dit Dan Kiggala.*
M. Kiggala, un homme marié qui a entendu la publicité à la radio mais qui n’est pas intéressé à acheter la roue, croit que les campagnes de prévention du VIH devraient être plus réalistes.
« Lorsque je vois cette campagne et les campagnes encourageant l’utilisation du préservatif, je me dis qu’on devrait abandonner ce genre de gadget et se concentrer sur la promotion des pratiques sexuelles sans risque », a-t-il ajouté.
L’efficacité des campagnes destinées à encourager la fidélité en Ouganda a récemment été mise en doute par une étude réalisée par PANOS, un groupe de réflexion qui s’intéresse aux communications. D’après l’étude, les campagnes n’abordent pas les questions sociales, culturelles et économiques qui expliquent pourquoi les gens ont des partenaires multiples.
M. Lukwago, de PACE, a dit que l’organisation avait déjà mis sur pied un programme ambitieux destiné à encourager l’utilisation du préservatif, et que la « roue de l’amour » ciblait les couples qui avaient l’impression d’avoir perdu l’étincelle et souhaitaient ressouder leur couple.
À Kampala, des employés de supermarchés ont dit que la roue - qui coûte environ 5 dollars l’unité – était trop chère pour de nombreux clients. Selon les observateurs, l’impact de la campagne risque également d’être limité par le fait que la roue est en anglais et qu’elle n’a été vendue que dans les zones urbaines jusqu’à présent.
Les responsables de PACE ont annoncé leur intention de traduire la « roue de l’amour » en huit langues locales et de transformer les conseils en activités pertinentes dans les zones rurales où vivent la majorité des Ougandais.
La « roue de l’amour » est la seconde phase de la campagne Go Red for Fidelity, lancée en 2009 par le gouvernement, l’Organisation des Premières Dames d’Afrique contre le SIDA et PACE et dont l’objectif est de mettre l’accent sur la monogamie comme moyen de prévention du VIH/SIDA.
*pas son vrai nom
en/kr/cb- gd/amz
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