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Les experts se réjouissent de la loi anti-traite

An IOM anti-trafficking poster IOM
Selon les spécialistes de la lutte contre la traite des personnes, une loi a récemment été adoptée au Kenya qui pour la première fois, donne une définition juridique à la traite et la reconnaît comme un crime ; cette loi aidera à protéger les personnes vulnérables et offrira une assistance aux survivants, tout en servant de moyen de dissuasion vis-à-vis des auteurs de ce crime.

« Cette législation représente un outil important pour le Kenya dans la mise en application de la loi de lutte contre la traite » a déclaré Tal Raviv, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« Nous espérons que le nouvel Acte 2010 contre la traite des personnes donnera une impulsion à l’extension des projets de lutte contre la traite, conformément au Plan d’action national 2008-2013, » a ajouté M. Raviv.

Le Président du Kenya, Mwai Kibaki, a signé en octobre la nouvelle législation pour en faire une loi. Celle-ci prévoit une peine de 30 ans d’emprisonnement ou une amende de 30 millions de shillings kenyans (370 000 dollars) en cas de condamnation.

Dans le passé, ont dit les autorités, l’absence de législation et de ressources a affecté la mise en application de la loi.

Claris Ogangah Onyango, directrice générale adjointe de la Fédération des femmes avocates [du Kenya] a dit à IRIN : « Il sera désormais possible d’engager de vraies poursuites, de défendre des cas qu’on pourra gagner et d’obtenir des peines dissuasives [pour] tous ceux qui s’adonnent à ce genre de pratiques. »

Selon Tony Odera, avocat à CRADLE, une organisation non gouvernementale qui travaille sur les questions de droits des enfants en leur offrant une représentation juridique, de nombreux cas de traite avaient été rapportés dans le passé, mais l’absence de définition claire dans la législation rendait difficile la poursuite des suspects.

« La nouvelle loi fournira un cadre juridique complet pour gérer les problèmes liés à la traite des êtres humains, » a dit M. Odera, en ajoutant qu’elle permettrait la mise en place d’un comité consultatif de lutte contre la traite des personnes et garantirait la confidentialité lors du procès et de la compensation.

Auparavant, les délits concernant la traite des personnes relevaient de plusieurs statuts juridiques différents : le code pénal, la loi sur les droits des enfants et la loi sur les délits sexuels.

Le travail du sexe

Certains parents pauvres et des plus âgés forceraient des enfants à se prostituer. CRADLE estime que quelque 1500 mineurs fréquentent les « points chauds » de la côte kenyane.

Selon Maurice Tsuma, responsable provincial des services de l’enfance pour la région côtière, près de la moitié des homes d’enfants de Mombasa ne sont pas enregistrés, ce qui suscite des inquiétudes quant à leurs activités.

« Nous avons mené des raids sur certains homes et les avons fermés, mais d’autres surgissent ; toutefois, nous les surveillons de près, » a dit M. Tsuma.

Au nord du Kenya, les conflits fréquents et la sécheresse ont fait de la région un terrain idéal pour tous ceux qui cherchent de la main d’œuvre à bon marché, de jeunes épouses, ou même des voleurs de bétail, disent les habitants.

« Des femmes amènent des jeunes filles, leur offrent le gîte et le couvert et récupèrent leurs frais en les envoyant dans la rue,” a dit à IRIN Ahmed Set de la Fondation islamique. « C’est bien que nous ayons [désormais] une façon de punir durement ces gens qui font venir des enfants des coins reculés de la région pour les faire travailler comme bergers [ou] comme bonnes. »

A Isiolo, au nord du Kenya, IRIN a parlé à Maria*, 17 ans, originaire de la ville éthiopienne de Moyale.

« Je suis Ethiopienne, mais j’allais au cours primaire du côté kenyan [de la frontière],” a dit Maria. « J’ai eu mon certificat d’études il y a deux ans [2008] mais je n’ai pas continué l’école. Mes amies m’ont dit que l’éducation n’était pas la seule opportunité ; elles ont dit que ma beauté, mon corps pourraient m’aider à bien gagner ma vie. »

Elle a expliqué à IRIN qu’elle avait travaillé comme travailleuse du sexe pour réunir un paiement de 30 000 shillings kenyans (375 dollars) à régler à un agent qui devait l’aider à rejoindre des amies qui travaillent dans des salons de massage à Nairobi.

Exploitation

Selon un rapport sur la traite des personnes publié en juin par le ministère américain des Affaires étrangères, les Kenyans migrent de leur plein gré au Moyen-Orient, dans d’autres pays d’Afrique de l’Est et en Europe à la recherche d’un emploi. Ils y sont exploités dans la servitude domestique, les salons de massage et les bordels, et le travail manuel forcé, y compris dans l’industrie du bâtiment. Nairobi serait aussi une étape sur le chemin des femmes chinoises, indiennes et pakistanaises qui vont alimenter le commerce du sexe en Europe.

La plupart de ces victimes de la traite sont dupées par de pseudo-agents recruteurs. Des annonces factices dans les journaux et sur Internet, de fausses propositions de mariage et le recours à la tromperie par les amis et les membres de la famille sont utilisés dans la traite des personnes à l’intérieur des frontières nationales à des fins de travail domestique ou de prostitution, a dit à IRIN Alice Kimani, responsable des projets de lutte contre la traite à l’OIM.

L’OIM a aidé l’Association kenyane des agences d’emploi privées (KAPEA) à mettre en place un code de conduite des recrutements pour prévenir la traite. Les migrants potentiels sont également encouragés à n’utiliser que la KAPEA ou les agences accréditées par le ministère du travail.

Selon Mme Kimani, la notification des cas de traite augmente au fur et à mesure que la prise de conscience s’accroît. Cependant, a t-elle dit, des chiffres précis ne sont pas disponibles.

« Le manque de financement pour déterminer l’ampleur [du phénomène], la nature cachée et clandestine de ce crime et le fait que les gens n’ont commencé à comprendre le problème que dans les dernières années, ont fait que ce crime est difficile à documenter. De plus, les mécanismes de signalement n’ont pas encore été établis et en fin de compte, toutes les victimes ne demandent pas d’aide ; il n’y a donc aucun moyen de savoir le nombre réel de victimes de la traite, » a dit Mme Kimani.

aw-jk-na/js/mw – og/amz

*pas son vrai nom

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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