1. Accueil
  2. East Africa
  3. Uganda
  • News

Conséquences mortelles de l’insuffisance du conseil VIH

VCT Session, Tanzania Mr Ush/Flickr
La qualité du conseil est vitale pour la tranquillité d’esprit des personnes séropositives
Carol Apiyo* a du mal à gérer son amertume et sa colère contre son mari qu’elle accuse de lui avoir transmis le VIH. Il y a quelques mois, elle a tenté de le tuer en empoisonnant sa nourriture.

Heureusement son mari s’en est remis après avoir été soigné à l’hôpital de Gulu en Ouganda du nord. « Je ne peux pas lui pardonner ce qu’il m’a fait. Il est le seul homme que j’ai connu de toute ma vie, » a t-elle déclaré à IRIN/PlusNews. « J’ai [encore] envie de le tuer. »

Son mari Richard Okello*, a expliqué à IRIN/PlusNews n’avoir eu aucune idée qu’il était séropositif. « Je l’ai [seulement] appris quand ma femme m’a dit que je devais aller passer un test de dépistage VIH avec elle au service de consultation prénatale, » a t-il dit. « Le résultat m’a beaucoup choqué parce que j’ai toujours utilisé des préservatifs avec mes autres partenaires.

Je lui ai demandé pardon mais tout ce qu’elle dit, c’est que je l’ai trahie. Je ne savais pas que ça se terminerait comme ça, » a t-il ajouté.

Selon les travailleurs sanitaires du district de Gulu, le conseil prodigué aux personnes comme Mme Apiyo et M. Okello n’est pas suffisant pour gérer la complexité des sentiments et des questions auxquels il faut faire face après un diagnostic positif ».

« Le conseil dure moins d’un quart d’heure une fois que les patients ont reçu leurs résultats ; ils se retrouvent après coup tout seuls, sans aucun suivi, » a expliqué William Odur, psychiatre à l’hôpital de Gulu. « Quand ils apprennent qu’ils sont séropositifs, un certain nombre de patients développent des troubles mentaux, sont déprimés, se suicident ou tuent leur partenaire. »

Des conséquences mortelles

Le pays a connu plusieurs cas de meurtres à la suite d’un diagnostic de séropositivité ; parmi ceux-ci, le meurtre de sa femme par un homme du district de Rukungiri au sud-ouest, le lynchage d’une femme de Gulu soupçonnée d’avoir contaminé un homme et en septembre, la condamnation à mort d’une jeune femme de 20 ans du district de Soroti à l’est du pays, pour avoir tué son mari soldat, après avoir appris qu’elle était séropositive, mais pas lui.

« Je lui ai demandé pardon, mais tout ce qu’elle dit, c’est que je l’ai trahie ; je ne savais pas que cela se terminerait comme ça »
« Une seule séance est rarement suffisante, surtout avec les couples séro-discordants, » a dit Goretti NaKabugo, qui travaille avec Strengthening HIV/AIDS Counsellor Training (SCOT), un organisme de formation au conseil VIH qui fait partie de TASO (The Aids Support Organisation), l’organisme national ougandais d’aide aux malades du sida. « Les conseillers doivent mettre les couples en relation avec des réseaux de pairs ou organiser des visites de suivi à domicile. »

Elle a remarqué que, pour gérer tout particulièrement les peurs, les soupçons, et l’anxiété quand l’un des partenaires est diagnostiqué séropositif, le conseil est nécessaire pour soutenir à la fois le partenaire négatif - qui a désormais de fortes chances de contracter le VIH - et le partenaire séropositif, qui a besoin de savoir comment mener une vie saine.
 
Selon les directives du ministère de la Santé sur le conseil et le dépistage VIH, seuls les conseillers qui ont reçu une formation, sont habilités à fournir information et conseil avant et après le dépistage VIH ; la formation dure au moins un mois et doit être menée par un organisme approuvé par le gouvernement.

Il faut plus de conseillers

Cependant, Zainab Akol, directrice des programmes de lutte contre le VIH au ministère de la Santé, a déclaré à IRIN/PlusNews que le gouvernement ne disposait pas d’un registre complet des conseillers opérant dans le pays. Elle a ajouté que beaucoup de conseillers formés professionnellement travaillaient dans d’autres domaines que le VIH.

Un conseiller à l’hôpital de Gulu a expliqué à IRIN/Plus News que les conseillers font souvent leur travail à la hâte, en raison du grand nombre de personnes qui viennent se faire tester volontairement après les campagnes publiques destinées à encourager le dépistage à grande échelle.

Paul Olobo a indiqué n’avoir reçu que 10 minutes de conseil à l’hôpital de Gulu.
« Vos résultats montrent que vous êtes séropositif, ce n’est pas tragique et il faut l’accepter. C’est ce qu’on m’a dit à l’hôpital et le travailleur sanitaire, tranquillement assis, attendait de passer au patient suivant, quand je suis sorti de la salle de consultation », a t-il dit. « C’est au patient de décider la prochaine étape ; ce n’est pas facile. »

Lire aussi
 Former les travailleurs de la santé à sensibiliser les personnes séropositives sur le VIH
 Le dilemme de la discordance
L’Ouganda est aussi en train de lancer un programme de Conseil et Dépistage initié par le prestataire qui permet aux travailleurs sanitaires d’offrir systématiquement conseil et dépistage du VIH à tous les patients qui se rendent dans les centres de soins, ce qui va nécessiter encore plus de travailleurs sanitaires.

Privilégier la qualité sur la quantité

« Les conseillers doivent voir au-delà des objectifs et des chiffres et essayer de fournir un service de qualité à leurs clients, » a déclaré Mme Nakabugo de SCOT. « Les quelque 45 minutes accordées à chaque client sont souvent insuffisantes pour soulager leur anxiété. Le choc est une réaction naturelle ; il faut donc assurer un conseil avant et après le dépistage.

Les conseillers doivent aussi exploiter la richesse des communautés dans lesquelles ils travaillent, utiliser leurs réseaux de référence pour mettre les gens en contact avec des personnes qui peuvent les aider, » a t-elle ajouté. « Les conseils en matière de divulgation [du statut VIH], sont également importants. Si par exemple cela pose problème d’annoncer à votre famille que votre partenaire est séropositif mais pas vous, c’est peut-être mieux d’éviter de le faire. »

ca/kr/mw/og/np
 
*noms d’emprunt

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join