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Les personnes handicapées veulent du travail, pas la charité

Kone Draman became disabled in 2001. In 2009 NGO Handicapped International helped him get a bank loan to buy a water pump and set up a business selling water in the capital, Bamako Anna Jefferys/IRIN
Selon l’organisation non gouvernementale Handicap International (HI), les personnes handicapées maliennes ont accès à des soins de santé gratuits et bénéficient de l’aide d’un certain nombre d’associations et d’organisations caritatives, mais ce qu’elles veulent vraiment, c’est trouver du travail et contribuer à l’économie nationale.

« Je veux gérer moi-même mon travail et ma vie », a dit Koné Draman, paralysé des membres inférieurs et du bassin depuis un accident de voiture en 2001. « Je veux faire partie de la communauté de cette façon ».

Beaucoup de progrès ont été réalisés dans ce domaine, a dit Moctar Ba, président de la Fédération malienne des associations de personnes handicapées (FEMAPH), mais de nombreuses personnes handicapées manquent toujours de l’éducation et des compétences nécessaires pour gagner leur vie autrement que par la mendicité.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 10 pour cent de la population malienne est handicapée, mais M. Ba pense que le pourcentage est bien plus élevé à cause des accidents de la circulation et des maladies non soignées.

Emplois dans la fonction publique

La plupart des progrès en matière d’emploi ont été réalisés dans le secteur public. Les ministères pratiquent la discrimination positive pour engager des personnes handicapées et les encouragent à passer les examens d’entrée pour la fonction publique.

Environ 241 jeunes handicapés diplômés sont devenus fonctionnaires en 2009, a dit M. Ba.

Selon HI, le ministère du Développement social a été particulièrement proactif en engageant des personnes handicapées.

Le gouvernement a signé la Convention sur le travail décent de l'Organisation internationale du travail, qui définit les droits des personnes handicapées en matière d'emploi, et le Mali est le septième pays africain à avoir signé la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Le secteur privé prend du retard

Dans le secteur privé toutefois, les préjugés sont omniprésents et les entreprises évitent d'engager des personnes handicapées, a dit M. Ba. « Les employeurs ont tendance à ne pas voir la valeur intrinsèque d'une personne et ne voient que son handicap, ce qui est dommage », a-t-il dit à IRIN.

Barthélemey Sangala, coordonnateur de la FEMAPH, est du même avis : « La plupart des personnes handicapées ne peuvent pas trouver d'emploi dans le secteur privé, car la plupart des entreprises pensent qu'elles ne peuvent pas travailler ».

Cette attitude de la part des employeurs, des éducateurs et des personnes handicapées elles-mêmes doit changer, a dit le directeur de HI au Mali, Marc Vaernewyck. « Nous ne prônons pas la charité, mais l'aide à l'accès des personnes handicapées aux institutions existantes... pour leur permettre de développer leur confiance en elles et leur amour-propre et mettre fin à la stigmatisation », a-t-il dit à IRIN. « Même avec un diplôme en poche, la plupart des personnes handicapées manquent d'assurance pour chercher du travail à cause de ces attitudes », a-t-il dit à IRIN.

Une façon de changer ces comportements consiste à encourager les citoyens handicapés enclins à prendre des initiatives à monter leur propre entreprise en leur donnant accès au micro-crédit, a dit Sidy Ahmed Adiawiakoy, coordonnateur de projet chez HI.

M. Draman a sollicité un prêt pour installer une pompe à eau dans le quartier délabré de Sablibougou, à Bamako, où la plupart des habitants vivent dans des maisons en terre, sans électricité ni eau courante.

« Je savais qu'il était difficile de trouver de l'eau, alors je suis allé voir l'association en 2009 pour savoir si je pourrais installer une pompe à eau », a dit M. Draman à IRIN. HI a donné 425 dollars pour la pompe et aidé M. Draman à obtenir un prêt pour les 638 dollars restants. Ce dernier a depuis remboursé la totalité de son emprunt.

Il demande l'équivalent de cinq centimes de dollar pour 10 litres d'eau et fait ainsi six à 10 dollars de bénéfices par jour. Avant l'installation de la pompe, les habitants payaient les livreurs d'eau 42 centimes pour leur apporter 10 litres d'eau, a-t-il dit.

M. Draman a changé de façon remarquable, a dit M. Adiawiakoy. « Avant, il ne faisait pas grand-chose et demandait à ses voisins de lui donner à manger... Maintenant, il contribue activement à l'amélioration de la vie du quartier ».

M. Adiawiakoy pense avec optimisme que les plus grandes entreprises commencent à être plus ouvertes à l'idée d'engager des personnes handicapées. Dans une récente étude sur 200 entreprises, environ 120 d'entre elles employaient des personnes ayant une forme de handicap.

Éducation

Mais des changements ne peuvent se produire à grande échelle que si les enfants handicapés sont encouragés de manière active à fréquenter l'école, a dit M. Vaernewyck, de HI. Trop souvent, on ne les y envoie pas ou bien ils abandonnent après le primaire, car les enseignants ne sont pas équipés pour répondre à leurs besoins.

Des écoles privées spécialisées accueillent dans la capitale des personnes malvoyantes, malentendantes ou ayant des difficultés d'apprentissage et la FEMAPH offre des subventions pour les frais de scolarité de certains enfants. Mais la FEMAPH, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et HI veulent que davantage de personnes handicapées soient intégrées aux écoles classiques. « Nous voulons des écoles ouvertes à tous, où l'on enseigne aux personnes handicapées de la même façon et dans le même cadre que tous les autres enfants », a dit M. Ba, de la FEMAPH. L'intégration scolaire est la clé pour vaincre la stigmatisation, a-t-il dit à IRIN.

Des progrès ont été accomplis dans ce domaine : l'inscription d'enfants handicapés dans les écoles classiques a augmenté et le ministère de l'Éducation a mis en œuvre un projet visant à enseigner le braille aux professeurs des écoles secondaires, mais ce genre de programmes doit être développé pour toucher davantage d'enfants, a dit M. Ba.

aj/sd/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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