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Les avocats réclament une protection

An ethnic Uzbek lady stands outside her burnt down home in the Furkat District of Osh city, southern Kyrgyzstan ACTED
The Uzbek Furkat District of Osh
Un collectif d’avocats demande que les autorités kirghizes garantissent la sécurité et le respect des règles de procédure lors des procès liés aux affrontements inter-ethniques qui ont eu lieu plus tôt cette année, afin d’éviter la confusion et les violences qui ont perturbé jusqu’à présent certaines audiences.

« Nous déclarons que nous ne participerons pas aux procédures tant qu’il n’y aura pas une sécurité adéquate », a dit à IRIN Nazgul Suiunbaeva, un des 161 membres du collectif d’avocats auteur de la déclaration.

Elle a raconté sa propre expérience, ayant été menacée, passée à tabac et frappée à la tête avec un objet métallique par le veuf d’une victime de meurtre, puis bombardée de pierres, lorsqu’elle a défendu son client dans la ville d’Osh, dans le sud, le 14 octobre.

Les attaques, et les témoignages d’abus répandus commis par la police et d’autres officiels impliqués dans les enquêtes précédant les procès, soulèvent des questions sur le système judiciaire du pays et sa capacité à véritablement remplir son obligation de rendre des comptes, particulièrement dans le sud, où la méfiance et l’hostilité séparent toujours les communautés kirghize et ouzbek.

« Tous les accusés ont peur. Les avocats à la cour ont peur. Quelle sorte de justice cela peut-il être ? », a dit Tayir Asanov, un autre avocat.

Il a dit à IRIN qu’il continuerait quand même à suivre les audiences à Osh, l’épicentre des violences du mois de juin, qui ont causé la mort de plus de 400 personnes et détruit des quartiers entiers.

Accostage

M. Asanov, qui défend un homme accusé d’avoir tué le chauffeur d’un chef de la police assassiné à Osh, a dit qu’il avait été accosté le 29 septembre par «une femme hors d’elle » qui l’avait poursuivi en dehors du tribunal après qu’il ait demandé une enquête au sujet des allégations selon lesquels son client avait été battu pendant sa détention. Il a dit que des officiels du tribunal n’étaient pas intervenus.

Comme dans la plupart des affaires ayant déclenché des violences, le suspect faisait partie de l’ethnie ouzbek, alors que les agresseurs faisaient partie de l’ethnie kirghize.

Le bureau du procureur général, qui a supervisé le groupe de travail qui a enquêté sur les violences du mois de juin, a dit à IRIN que toutes les mesures de sécurité nécessaires étaient prises et qu’une enquête avait démontré que le client de M. Asanov n’avait pas été battu.

Un officiel de haut rang, qui a demandé à rester anonyme, a qualifié l’attaque contre M. Asanov de «querelle verbale » et a dit qu’il n’y avait qu’un seul cas, le 13 octobre, de violence physique liée aux procès. « C’était la première fois qu’une agression était enregistrée », a dit l’officiel. « Il n’est pas nécessaire d’en faire toute une histoire ».

Human Rights Watch (HRW) a été témoin de l’agression à laquelle il fait référence. L’agression a fait quatre victimes – des Ouzbeks âgés de 50 à 60 ans – qui ont besoin de soins médicaux.

Deux autres agressions, les 11 et 12 octobre, ainsi qu’une bagarre collective, largement rapportée, lors d’une audience contre l’activiste des droits humains Azimjon Askarov, ont également été signalées et enregistrées.

Mme Suiunbaeva a dit que les agresseurs « ne comprennent pas que les avocats à la cour font leur travail… Ils pensent que nous déformons les faits. Ils me traitent de traître, parce que je suis kirghize. Cette attitude contre les avocats à la cour – c’est comme si nous avions tué leurs proches ».

Système judicaire dysfonctionnel

Selon Ole Solvang, chercheur à HRW, un des problèmes est que les familles en deuil croient que les suspects ont déjà avoué, sans réaliser que cela s’est peut être passé « sous la torture ».

« Quand ils les entendent se rétracter lors des procès, on pourrait croire que ce sont les avocats qui leur ont dit de faire comme cela », a dit M. Solvang à IRIN. « La situation [dans le sud] est toujours très tendue. Des abus durant les enquêtes et les procès vont encore plus alimenter les tensions ».

Alors que des membres des deux groupes, Kirghizes et Ouzbeks, ont perpétré des crimes durant le bain de sang du mois de juin, des recherches menées par des groupes des droits humains, ainsi que des sources non confirmées et des statistiques publiées en août par des procureurs, ont toutes suggéré que les enquêtes et les procès s’étaient plus focalisés sur les Ouzbeks.

Cependant, un éventuel parti pris ethnique n’est qu’une partie du problème du dysfonctionnement du système judiciaire au Kirghizstan, qui souffre du manque de qualification des enquêteurs et de la malléabilité présumée des juges.

Un rapport (en anglais) d’International Crisis Group décrivait, il y a deux ans, l’échec du système judicaire à agir comme « un arbitre neutre », et soulignait le besoin « d’une réforme significative pour gagner la confiance du public et pour affirmer son rôle en tant que secteur indépendant du gouvernement ».

ny/oa/cb/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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