« La technologie est là pour éviter la transmission, mais des lois répressives l’entravent », a dit Steve Krauss, directeur régional du Programme commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA) pour l’Asie et le Pacifique.
L’épidémie de sida en Asie est essentiellement liée aux rapports sexuels tarifés sans protection, selon la Commission, mais les politiques prohibant le travail sexuel sapent les efforts de prévention du VIH/SIDA en mettant à l’écart et en stigmatisant les travailleurs du sexe, et en transformant la possession de préservatif en un acte qui peut mener en prison, selon des représentants d’ONG.
Jusqu’à récemment, le Cambodge était salué par la communauté internationale pour sa mise en œuvre du Programme d’utilisation du préservatif à 100 pour cent, qui tenait compte de l’application sélective des lois réprimant le commerce du sexe et qui exigeait la disponibilité et l’utilisation des préservatifs pour les travailleurs du sexe. Mais en 2008, une loi nationale contre la traite a en grande partie criminalisé le travail du sexe, et a poussé les travailleuses du sexe à la clandestinité.
Selon un rapport (en anglais) de Human Rights Watch datant de juillet 2010, des officiels interprètent maintenant la loi pour impliquer même les personnes qui distribuent des préservatifs.
La fermeture, résultant de la loi, de la plupart des maisons closes au Cambodge a poussé des milliers de travailleurs du sexe dans des bars karaoké clandestins, des salons de massage et des parcs, les rendant plus vulnérables à la corruption policière et à l’infection par le VIH, a dit Andrew Hunt, fondateur du Réseau des travailleurs du sexe en Asie-Pacifique, basé à Bangkok.
« L’impact global de cette nouvelle loi n’est pas encore connu », a dit M. Hunter le 15 octobre, lors d’une conférence en Thaïlande qui a rassemblé 140 représentants de la société civile et de gouvernements, ainsi que des travailleurs du sexe du Cambodge, de Chine, des Fidji, d’Indonésie, du Myanmar, de Papouasie Nouvelle-Guinée et de Thaïlande, pour parler de questions relatives au VIH/SIDA et au travail du sexe.
« En fait, les policiers pensent qu’ils ont pour devoir d’arrêter les travailleurs du sexe et ils utilisent les préservatifs comme preuve. Ils ont besoin de formation juridique – la plupart des pays n’acceptent pas les préservatifs comme preuve au tribunal – mais la plupart des travailleurs du sexe ne gagnent jamais au tribunal », a dit M. Hunter.
Combattre la stigmatisation
Selon l’ONUSIDA, la loi cambodgienne n’est qu’un exemple de politiques conduisant un secteur d’activité à se cacher et rendant difficile le contrôle du VIH. Un groupe d’agences travaillant sur le VIH/SIDA a rapporté que l’ensemble des huit pays participant à la conférence avait créé des obstacles à l’accès aux services VIH pour les sous-populations vulnérables : le Cambodge et la Papouasie Nouvelle-Guinée, en particulier, ont criminalisé l’exposition ou la transmission du VIH.
Les nouvelles normes de l’Organisation internationale du travail (OIT), adoptées en juillet 2010, incluent les travailleurs du sexe dans tous les domaines de la non-discrimination, mais les experts disent que même si les politiques peuvent changer, sans une vraie compréhension et une mise en œuvre adéquate, la stigmatisation et la violence qui entourent les travailleurs du sexe continueront à menacer les droits humains et la prévention du VIH.
« La plupart des travailleurs du sexe disent que l’accès à la justice et aux procédures est aussi important que la réforme de la loi – ils ne croient pas que changer la loi fera une différence », a dit M. Hunter.
Kay Thi Win, responsable de programme au Targeted Outreach Programme, un projet de pair-à-pair au Myanmar, géré en grande partie par d’actuels ou anciens travailleurs du sexe, a confirmé que les travailleurs du sexe rencontraient bien plus de difficultés que celles ne concernant que les politiques. « La stigmatisation est le problème », a dit Mme Kay. « Mais si les politiques changent, il faut que la police soit formée ».
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