« Pour ceux qui vivent loin de chez eux, la vulnérabilité inhérente à la séropositivité exacerbe réellement la stigmatisation liée au VIH », a dit Kim Nichols, directrice exécutive adjointe de l’African Service Committee (ASC), une ONG qui fournit des services VIH et sanitaires aux immigrants africains de New York.
« La peur d’être expulsés, d’être rejetés par leur famille et leurs amis si leur statut sérologique est dévoilé, est tout aussi réelle [que la maladie], voire encore plus, parce qu’ils vivent dans une petite communauté », a-t-elle ajouté.
Selon l’ASC, l’efficacité du traitement a complètement changé la lutte contre le sida, mais la stigmatisation et la discrimination contre les personnes séropositives demeurent plus fortes que jamais.
La campagne "Choose to Stand Up" demande aux gens de briser le silence qui entoure cette stigmatisation liée au VIH, de partager l’information en parlant avec leurs amis et leur famille des expériences et des soucis liés au VIH, et de traiter ceux qui sont atteints du VIH avec respect et compassion.
Selon une étude publiée en 2008 par la National Library of Medicine et menée dans plusieurs Etats américains, jusqu’à 41 pour cent des femmes diagnostiquées sont des personnes nées en Afrique. Une autre étude, publiée par Sociological Research Online en août 2010, a établi que les Africains vivant avec le VIH aux Etats-Unis faisaient l’objet d’une stigmatisation « relationnelle, intériorisée et institutionnelle ».
Deux pays, une même stigmatisation
Quand Ana* a appris qu’elle était séropositive en arrivant à New York, elle voulait retourner chez elle en Guinée, qu’elle avait quittée quatre mois plus tôt.
« Je ne voulais pas rester ici et mourir toute seule », a dit la jeune femme de 29 ans. « Mais on m’a expliqué que si je restais, je serais soignée, je pourrais avoir des enfants et mener une vie meilleure ».
« Ce sont deux pays différents, mais c’est la même chose . Les gens d’ici parlent à ceux de là-bas et tout le monde est au courant de tout » |
« Ce sont deux pays différents, mais c’est la même chose », a-t-elle dit. « Les gens d’ici parlent à ceux de là-bas et tout le monde est au courant de tout ».
L’ASC qui travaille avec environ 4 500 patients séropositifs, a essayé de réduire la stigmatisation en intégrant ses services relatifs au VIH dans d’autres programmes sanitaires.
Selon la responsable de la communication à l’ASC, Stephanie Kaplan, faire un test sanguin qui pourrait être destiné à faire un diagnostic de VIH tout autant qu’à mesurer la glycémie, limite la curiosité des patients qui veulent savoir qui vient faire quoi dans les structures.
L’ONG essaie donner le plus de visibilité possible aux services disponibles pour tester et traiter le VIH. Souvent les immigrants africains ne sont pas conscients qu’ils ont droit à des soins VIH gratuits, indépendamment de leur statut d’immigrant.
« Cela constitue probablement un obstacle à se faire diagnostiquer, car si vous n’êtes pas au courant que votre futur traitement sera couvert, il est peu probable que vous vous fassiez tester », a dit Mme Nichols.
La peur
Cela peut prendre du temps de persuader les patients séropositifs de l’ASC, qui sont pour 80 à 90 pour cent sans papiers, d’aller dans une clinique ou à l’hôpital.
« Les gens ne veulent pas aller à l’hôpital parce qu’ils ont peur [de se faire prendre par les services] de l’immigration, c’est vrai, mais c’est aussi les inquiétudes à propos d’une maladie que vous ne voulez pas partager », a dit Rebekah*, une Camerounaise séropositive de 42 ans, qui travaille pour l’ASC comme accompagnatrice pour les visites à l’hôpital et aide les immigrants à s’y retrouver dans le système de santé.
Rebekah, qui s’estime « la personne la plus heureuse au monde », parce que sa famille l’a tout de suite soutenue, dispose d’un autre facteur en sa faveur : un permis de séjour.
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M. Alexander a représenté des clients africains à qui le droit d’asile a été accordé, parce qu’ils craignaient les persécutions que leur statut sérologique, leur homosexualité ou leur statut de personne transsexuelle auraient pu leur faire subir.
« Le nombre de personnes qui vont jusqu’au bout de leur démarche juridique est relativement réduit », a-t-il dit. « Nous rencontrons des gens qui sont séropositifs et qui décident de ne pas poursuivre leur démarche parce que le simple risque de se rendre visible est trop grand pour eux ».
Pour beaucoup, l’option la plus simple est de se mettre en retrait et de mener une petite vie tranquille, comme l’a fait Ana, en essayant d’envoyer de l’argent chez elle quand elle le peut et de faire des plans pour l’avenir avec son fiancé en Tunisie.
« J’espère de tout cœur que je vais obtenir mes papiers, de façon à pouvoir aller en Tunisie pour épouser mon fiancé », a-t-elle dit. « Si quelqu’un vous aime même après [avoir appris] que vous êtes malade, ça, c’est de l’amour ».
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