Des données insuffisantes
A l’issue de 21 années de guerre, on ne dispose que de peu d’informations précises au sujet du Sud-Soudan. Le recensement démographique de 2008 a fourni quelques indications, mais on ne dispose toujours pas de données relatives aux questions sociales telles que la violence sexiste. Selon les responsables de l’hôpital de Rumbek, dans l’Etat des Lacs, le nombre de victimes accueillies a augmenté avec l’ouverture de la nouvelle clinique, mais aujourd’hui encore, tous les cas ne sont pas déclarés.
Les conclusions d’une étude menée par les organisations humanitaires, les Nations Unies et le gouvernement, qui doivent être publiées d’ici à la fin de l’année, devraient permettre d’en savoir plus sur la question.
« Cette étude a été entreprise dans le but de combler un manque de connaissances sur les manifestations de la violence sexiste en réunissant et en référençant un vaste éventail de documents [des rapports et des études universitaires à ceux des organismes locaux et internationaux], en réalisant une étude méthodique dans cinq centres urbains [Juba, Torit, Rumbek, Bor et Malakal], et en menant des entretiens individuels et des discussions de groupe avec les parties prenantes concernées », a dit à IRIN Mireille Girard, représentative adjointe du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Sud-Soudan.
L’insécurité et la violence armée
Une grande partie de la région est peuplée de communautés de pasteurs, qui vivent de l’élevage de bétail. Le bétail est au cœur de nombreuses cultures et traditions caractéristiques des tribus du Sud-Soudan : les enfants portent le nom des vaches favorites de leurs parents et les jeunes éleveurs chantent avec cœur des chansons sur leurs troupeaux. Le prix de la fiancée est généralement payé sous forme de bétail, et les vols de bétail s’expliquent en partie par le fait que les jeunes doivent se procurer des vaches pour pouvoir s’acquitter du prix de la fiancée.
Photo: Peter Martell/IRIN |
D’après OCHA, à peine plus d’un quart des filles du Sud-Soudan fréquentent l’école primaire (photo d’archives) |
Des systèmes de justice insuffisants
Selon le Fonds des Nations Unies pour la population, les femmes du Sud-Soudan préfèrent traiter les cas de violations des droits sexuels et reproductifs en vertu du droit coutumier. D’après un rapport publié récemment par l’Institute of Peace, un organisme américain, et le Rift Valley Institute, « à l’échelle locale, les limites entre les tribunaux des chefs coutumiers et les tribunaux gouvernementaux – et entre le droit écrit et le droit coutumier – sont floues ».
Toutefois, selon les spécialistes, le droit coutumier tend à favoriser les hommes et sanctionne souvent les femmes dans les affaires de viol. Les institutions publiques étant encore en cours d’officialisation à l’échelle locale, il faudra du temps pour établir un système de justice en mesure de préserver d’importantes traditions sociétales tout en respectant le principe d’équité ainsi que les droits des femmes.
Des lacunes éducatives
Les taux de fréquentation scolaire dans l’ensemble du Sud-Soudan sont extrêmement faibles chez les deux sexes. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), à peine plus d’un quart des filles du Sud-Soudan fréquentent l’école primaire.
Selon Shams Eldeen, qui dirige la clinique de l’hôpital de Rumbek financée par l’International Refugee Committee, ce faible taux de fréquentation scolaire est un facteur qui contribue à la violence sexiste. Sa clinique traite les cas de violence sexiste et sexuelle, ainsi que la violence domestique.
Au lieu de recevoir une instruction académique, les filles des régions pastorales telles que l’Etat des Lacs sont envoyées par leurs familles dans des camps d’élevage, où les adultes sont peu présents pour les surveiller et les protéger des garçons et des hommes. Un grand nombre des cas traités à la clinique, selon le docteur Eldeen, concernent des filles âgées de neuf à 14 ans. Les plus graves sont des cas de viol.
Des routes difficilement praticables
Compte tenu du réseau de communication insuffisant et du réseau routier inadapté qui caractérisent l’Etat des Lacs, les informations relatives aux services médicaux disponibles n’ont pas encore été diffusées dans la plupart des zones rurales. En raison de routes difficilement praticables et de la pauvreté, les femmes et les filles ont également plus de difficulté à aller se faire soigner ou à se procurer des médicaments.
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