« La recherche et la programmation… se sont largement [limitées] à l’aspect biomédical. Il y un vide d’information lorsque l’on se penche sur les aspects psychosociaux de la discordance VIH », a dit Kevin Moody, coordinateur international du Global network of people living with HIV (GNP+), lors de la Conférence internationale sur le sida à Vienne, en Autriche.
Une étude menée en 2008 par le GNP+ parmi les couples discordants hétérosexuels et homosexuels en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Ukraine, a révélé que ces couples étaient confrontés à une multitude de problèmes, depuis la question de l’annonce du statut jusqu’à la manière de vivre son intimité, en passant par la gestion de la discrimination.
« Les personnes séropositives vivent plus longtemps, elles sont en meilleure santé et elles restent sexuellement actives », a dit Monique Tondoi, économiste sociale à Women fighting AIDS in Kenya (WOFAK), qui est mariée depuis 20 ans et vit avec le VIH depuis 16 ans.
« Nous avons besoin de savoir quelles sont les options disponibles pour la prévention du VIH, si nous pouvons avoir des enfants… comment parler à nos familles du diagnostic. On ne veut pas infecter son partenaire, mais on veut toujours de l’intimité, l’amour qui vient avec les relations sexuelles, donc on a besoin de savoir comment on doit s’y prendre ».
L’énigme de la reproduction
Mme Tondoi a dit que la pression de la société sur les femmes africaines pour avoir des enfants était particulièrement une préoccupation.
Les couples discordants se voient généralement conseiller d’utiliser des préservatifs pour éviter l’infection. Ceux qui veulent concevoir sont parfois encouragés à utiliser des méthodes de reproduction assistée comme la fécondation in-vitro, qui sont souvent proposées à un coût prohibitif. Dans de nombreux cas, les couples ne reçoivent pas assez d’informations pour prendre une décision en toute connaissance de cause.
Des recherches suggèrent que la thérapie antirétrovirale (ARV) peut diminuer la charge virale (quantité de virus dans le sang) jusqu’à un niveau indétectable, ce qui permet aux couples discordants d’avoir des relations sexuelles non protégées durant les jours d’ovulation du cycle de la femme avec un risque d’infection très faible pour le partenaire séronégatif.
Cependant et jusqu’à ce que davantage de données soient disponibles pour valider ces résultats, a dit M. Moody, « nous préférons pêcher par excès de prudence et conseiller une utilisation correcte et constante du préservatif ».
D’autres options de la prévention du VIH parmi les couples discordants sont les relations sexuelles sans pénétration et l’abstinence, mais les femmes africaines ont rarement leur mot à dire lorsqu'il s'agit de relations sexuelles, et elles sont souvent contraintes d’avoir des relations non protégées qui peuvent les exposer, ou exposer leur partenaire, au risque d’infection.
« Je me considère comme étant une femme avec un certain pouvoir, mais malgré cela, je dois me battre avec mon mari pour utiliser un préservatif – il déteste cela », a dit Mme Tondoi. « Donc imaginez une femme au village ; comment peut-elle se protéger, ou le protéger ? »
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Après avoir reçu des conseils, les femmes ayant participé à l’étude étaient capables de positionner de manière stratégique des préservatifs un peu partout dans leur maison pour que, si leur mari rentrait ivre, elles soient en mesure d’en attraper un rapidement et de l’utiliser.
Une autre étude a noté que les conseils aux couples devenaient particulièrement importants à un moment où des options de traitement ont le potentiel d’atténuer les inquiétudes sur la transmission du VIH.
Mme Tondoi a noté qu’un besoin se faisait ressentir en matière de sensibilisation à la prévention du VIH parmi les couples discordants, et pour que les politiques, services et recherches soient adaptés à leur situation.
« Aujourd’hui il y a un long laps de temps entre le test de dépistage positif au VIH et la phase sida de l’infection », a dit Major Rubaramira Ruranga, un activiste séropositif de la lutte contre le sida en Ouganda. « Nous avons besoin d’options : nous avons besoin de recherches et d’éducation pour continuer dans la vie ».
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