Le manque d’argent est l’un des principaux problèmes. Lors d’une conférence internationale qui a eu lieu au siège des Nations Unies le 31 mars dernier, les bailleurs de fonds ont promis de verser 5,3 milliards de dollars au cours des 18 prochains mois. Pour l’instant toutefois, seul le Brésil a honoré ses engagements et versé la totalité des 55 millions de dollars qu’il avait promis. En tout, seulement 10 pour cent des 5,3 milliards ont effectivement été remis au gouvernement haïtien.
« Je peux comprendre pourquoi, dans le climat budgétaire actuel, les gens ont tendance à vouloir garder leur argent pour eux le plus longtemps possible », a dit Bill Clinton, envoyé spécial des Nations Unies pour Haïti et coprésident de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), à la presse. « Notre objectif est que la Commission approuve des projets et trouve les fonds nécessaires pour les mettre en œuvre ».
« Les bailleurs de fonds souhaitent généralement savoir à quoi servira leur argent », a dit M. Clinton. La Commission rencontrera bientôt le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, « et je vais ensuite appeler un certain nombre de bailleurs de fonds et essayer de convaincre ceux qui ont manifesté la volonté [d’allouer des fonds à la reconstruction] et peuvent légalement apporter un soutien budgétaire direct au gouvernement » de verser les fonds promis.
James Jordan, de l’Alliance for Global Justice, une organisation qui œuvre en faveur du changement économique et social, a dit à IRIN : « Le niveau d’échec des pays à respecter leurs engagements envers Haïti est une honte – seul le Brésil a honoré ses promesses, [quant au] Venezuela, il a beaucoup donné et continue de fournir une aide substantielle ».
Le rapport du Sénat américain a noté que la CIRH – co-présidé par M. Clinton et le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive – se voulait « un mécanisme efficace, détaché de la bureaucratie des ministères haïtiens concernés, qui permettra aux bailleurs de fonds et aux responsables du gouvernement de s’asseoir ensemble, pour décider et mettre en œuvre rapidement les priorités de développement ».
La CIRH n’est pas encore complètement opérationnelle. À la mi-avril, le Parlement haïtien lui a accordé des pouvoirs importants pour gérer le développement du pays pendant l’état d’urgence, soit pour une période de 18 mois, mais la nomination des 26 membres dotés d’un droit de vote n’a été complétée que récemment.
La moitié des membres est constituée de représentants des bailleurs de fonds qui ont promis de verser au moins 100 ou 200 millions de dollars pour l’allégement de la dette haïtienne, notamment les États-Unis, le Venezuela, le Japon, le Canada, le Brésil, l’Espagne, la France, la Norvège, l’Union européenne, la Banque interaméricaine de développement et la Banque mondiale.
L’autre moitié est composée d’Haïtiens faisant partie du gouvernement, du Parlement et de la société civile. Les membres de la Commission doivent se prononcer par un vote sur tout projet dont le coût dépasse 500 000 dollars. La CIRH n’a pas encore de directeur exécutif.
L’organisation a été officiellement inaugurée le 17 juin dernier lorsqu’il a approuvé la mise en œuvre de trois projets : le versement, par le Brésil et la Norvège, de 45 millions de dollars destinés à combler en partie le déficit budgétaire de 170 millions de dollars du gouvernement haïtien ; un million de dollars de la Fondation Clinton pour la construction de 10 abris collectifs pouvant également servir de cliniques et d’écoles ; et 20 millions de dollars destinés à accorder des prêts à des entreprises haïtiennes, offerts par les milliardaires Carlos Slim du Mexique et Frank Guistra du Canada.
Mais il faut aussi que les bailleurs de fonds parviennent à s’entendre. Selon le rapport du Sénat américain, il existe des « désaccords visibles entre les bailleurs de fonds sur la manière dont la structure d’approbation de la CIRH devrait fonctionner, sur l’entité qui devrait avoir le dernier mot pour le déboursement des financements du fonds fiduciaire multi-donateurs [administré par la Banque mondiale] et sur la latitude qui devrait être accordée au secrétariat de la CIRH ».
M. Clinton a confirmé qu’il y avait eu « des discussions plutôt vives avec la Banque mondiale pour définir son rôle et déterminer les coûts des petits projets. Les deux éléments ont causé des frictions et nous ont quelque peu ralenti ».
Dans un article publié dans le New York Times, M. Clinton et M. Bellerive ont indiqué que la Banque mondiale pouvait contribuer en « rationalisant le processus d’allocation des fonds et en évitant que l’argent destiné à la reconstruction ne soit employé pour financer des rapports techniques superflus ».
Le rapport du Sénat américain a souligné que « ces désaccords [entre les bailleurs de fonds] risquent de ralentir le financement. Il est difficile de faire pression sur le gouvernement haïtien pour qu’il agisse rapidement si les donateurs eux-mêmes ne parviennent pas à un consensus sur la structure de la CIRH ».
De nombreux Haïtiens se montrent pessimistes. « Je pense qu’un pays ne peut pas survivre avec des promesses », a dit Louis Elneus, d’Haïti Lumière de Demain, une organisation non gouvernementale qui œuvre en faveur de l’amélioration des perspectives d’éducation sur l’île de la Gonâve, au large de la capitale. « Un pays ne devrait pas dépendre de la communauté internationale ».
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