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Inconscients des dangers de l’échange de seringues et du VIH

An injecting drug user in Mazar city Harmiz/IRIN
Esmatullah, un jeune homme de 24 ans, consomme de l’héroïne depuis plus de deux ans, mais il ignore qu’en échangeant des seringues, il peut contracter le VIH, l’hépatite ou d’autres maladies très contagieuses transmissibles par le sang.

« J’ignore tout de ces trois maladies et je ne sais pas comment elles se transmettent d’une personne à une autre », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. Esmatullah a récemment été expulsé d’Iran, où il avait sombré dans la toxicomanie.

Plus de 85 pour cent des consommateurs de drogues injectables interrogés dans le cadre d’une enquête menée conjointement par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le gouvernement afghan ont déclaré avoir échangé des aiguilles ou des seringues afin de s’injecter de la drogue.

L’échange d’aiguilles ou de seringues est l’un des moyens les plus sûrs de transmettre le VIH ou d’autres maladies transmissibles par le sang.

Dans les villes de Kaboul, Herat et Mazar, le taux de prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables est passé de trois pour cent en 2006 à sept pour cent en 2009, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF) qui propose des services de réduction des risques aux consommateurs de drogues de Kaboul.

« Il s’agit d’une situation très préoccupante car le pays doit déjà gérer de nombreuses priorités sanitaires, et ne pourra se permettre d’être le théâtre d’une épidémie de VIH/SIDA », a souligné Olivier Vandecasteele, le coordinateur-pays de MSF.

Selon la définition donnée par le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, un pays est confronté à une épidémie concentrée de VIH lorsqu’un groupe vulnérable de la population affiche un taux de prévalence du VIH supérieur ou égal à cinq pour cent. Cette définition s’applique donc à la situation en Afghanistan, a indiqué M. Vandecasteele.

Corrélation VIH-dépendance

Au cours des quatre dernières années, la dépendance aux drogues a fortement augmenté en Afghanistan.

La hausse du nombre de consommateurs de drogues injectables pourrait déclencher une épidémie de VIH en Afghanistan, un pays où la sensibilisation à cette maladie est très faible, ont prévenu les spécialistes.

« La corrélation entre la consommation de drogues injectables et le VIH est forte », a rappelé Sarah Waller, spécialiste en réduction de la demande auprès de l'ONUDC.

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On estime que près de huit pour cent de la population adulte afghane (soit environ un million de personnes âgées entre 15 et 64 ans) consommeraient de la drogue. Ainsi, au total, 120 000 personnes seraient dépendantes à l’héroïne et le reste utiliserait de l’opium comme analgésique à défaut de recevoir des soins médicaux adéquats.

Les programmes de sensibilisation au VIH destinés aux jeunes consommateurs de drogues injectables dans certaines provinces du pays sont inexistants, peut-on lire dans le rapport sur l’épidémie de VIH/SIDA en Afghanistan en 2010 présenté aux Nations Unies.

Malgré de fortes contraintes culturelles, au moins six pour cent des consommateurs de drogues ont reconnu avoir des rapports sexuels souvent contre de l’argent ou de la drogue. En outre, la plupart d’entre eux n’ont jamais utilisé de préservatif.

Soutenus par le ministère de la Santé publique, certaines ONG distribuent gratuitement des préservatifs aux consommateurs de drogues afin de lutter contre la propagation des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH.

Services de réduction des risques

Malgré l’augmentation galopante de la consommation de drogues et des taux d’infection au VIH, environ 10 pour cent des consommateurs de drogues ont accès aux services de réduction des risques, a indiqué l’étude menée par l’ONUDC et le gouvernement afghan.

Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et estiment que le pays doit rapidement étendre ses services de réduction des risques avant que la situation échappe à tout contrôle.

« Compte tenu des signes alarmants qui annoncent une épidémie concentrée de VIH, les services au profit de la santé et du soutien des consommateurs de drogues injectables doivent se multiplier rapidement, de toute urgence et de façon durable », a dit Mme Waller.

Le gouvernement, qui dépend fortement de l’aide internationale, a exhorté les bailleurs de fonds à l’aider à s’attaquer au problème.

« C’est le meilleur moment pour aider à lutter contre la crise croissante représentée par la consommation de drogues et le VIH/SIDA en Afghanistan », a dit Zalmai Afzali, porte-parole du ministère afghan de la Lutte contre les stupéfiants.

« Si la communauté internationale ne nous aide pas maintenant, cela provoquera une catastrophe que personne ne sera en mesure de gérer », a-t-il poursuivi.

Le ministère de la Santé publique a enregistré environ 650 cas de VIH à travers le pays et on estime à 3 000 le nombre total de personnes vivant avec le VIH/SIDA. L’Afghanistan est donc encore quelque peu épargné par l’épidémie, mais ce pays ravagé par la guerre demeure vulnérable.

Des drogues facilement accessibles, des ressources limitées, des programmes de sensibilisation inexistants et des attitudes conservatrices sont autant d’obstacles clés qui entravent la résolution du problème - et à cela s’ajoutent la pauvreté, le chômage, les problèmes de santé mentale et l’illettrisme.

ad/ks/cb/cd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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