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Juguler le flux d’enfants migrant vers la capitale

Maame Dufie, market queen at the Abeka Market in Accra. Market queens choose producers and set prices for agricultural goods in most of Ghana's markets. Evans Mensah/IRIN
Par un après-midi chaud, au marché de Malam Ata, au centre d’Accra, la capitale du Ghana, alors que les enfants de huit ans devraient être à l’école en train d’apprendre ou de jouer avec leurs camarades, Berikisu sacrifie son éducation et sa santé en échange d’argent.

Toute la journée, elle transporte de la nourriture pour ses clients dans un plat en métal posé en équilibre sur sa tête, ce qui lui cause des douleurs persistantes dans le cou et le dos. Parfois, le plat tombe par terre. « J’ai mal à la tête et je voudrais que ma mère m’achète des médicaments. J’ai toujours des douleurs dans la poitrine. Je ne suis jamais allée à l’hôpital », a-t-elle dit à IRIN.

Berikisu est arrivée à Accra il y a trois semaines pour travailler comme porteuse. Sa tante, Salamatu, l’a fait venir de la région du Nord, la plus pauvre du Ghana. « Elle [la mère de Berikisu] n’avait pas assez d’argent pour s’occuper d’elle – elle a dû arrêter l’école. Je sais que c’est difficile pour elle, mais je ne peux rien y faire », a dit Salamatu à IRIN.

« Nous dormons au marché », a dit Berikisu. « Nous prions toujours pour qu’il ne pleuve pas, mais lorsqu’il pleut, nous nous réfugions sous l’auvent d’un magasin et la pluie ne nous atteint pas. Tout ce que je veux, c’est gagner de l’argent pour pouvoir en envoyer à ma mère ».

C’est ainsi que vivent des milliers d’enfants ghanéens. Selon le rapport de 2009 sur la traite d’êtres humains du département d’État américain, plus de 30 000 enfants travaillent comme porteurs à Accra. De nombreux autres sont tombés dans l’industrie du sexe.

« Ces enfants sont censés être à l’école. Leur santé est compromise. Nous savons également que ces enfants ont des bébés dans la rue, ce qui est un problème de santé maternelle », a dit à IRIN Sheema Sen Gupta, responsable du programme de protection de l’enfant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Des lois appropriées, mais inappliquées

Le Ghana a été le premier pays du monde à ratifier la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et possède l’une des meilleures législations d’Afrique de l’Ouest en ce qui concerne la protection des enfants, selon l’UNICEF.

Une section de la Constitution ghanéenne énumère les droits des enfants ; la loi sur la justice juvénile a été adoptée en 2003 ; celle sur les enfants en 1998 ; et des dizaines d’autres mesures nationales portent sur les droits des enfants.

Mais la législation n’est pas toujours appliquée. Bright Appiah, responsable de Children's Rights International, a dit à IRIN : « Lorsque nous la mettrons en application [la législation ghanéenne], je ne pense pas que nous verrons un seul enfant [travaillant] dans la rue, c’est donc sur la question de l’application que je pense que nous avons échoué ».

Le ministère ghanéen de la Condition féminine et des affaires liées à l’enfance reconnaît lui-même cet échec. « C’est en ce qui concerne la mise en œuvre et l’application [des lois] que le gouvernement n’a pas été à la hauteur », a dit à IRIN Madam Mariamah Yayah, directrice par intérim du département des affaires liées à l’enfance du ministère.

En juin 2009, son département avait commencé à recenser les enfants porteurs ayant immigré dans la capitale, mais il avait arrêté, faute de moyens, après en avoir dénombré 2 432.

Réinsertion

Le gouvernement devrait présenter une nouvelle « stratégie globale », a dit Mme Yayah. « Nous devons parler aux porteurs, savoir s’ils souhaitent rentrer chez eux… quel métier ils voudraient exercer et… parler à leurs parents, car certains d’entre eux ont été envoyés ici par leurs parents », a-t-elle dit à IRIN. Les chefs de village et les autorités des districts devront également trouver « des façons satisfaisantes » d’aider les enfants.

L’engagement du gouvernement est bienvenu, mais M. Appiah a fait remarquer que la réinsertion des enfants nécessitait d’importantes ressources et qu’il n’y avait pas assez de suivi, de financement ou d’expertise pour mener cela à bien.

Le ministère des Affaires sociales a distribué des machines à coudre à des enfants porteurs et pris en charge leurs frais de transport pour les inciter à rentrer chez eux. Mais les enfants ont vendu les machines et sont retournés travailler dans la capitale dès que possible, a dit à IRIN un fonctionnaire du ministère sous le couvert de l’anonymat.

Child Rights International et le ministère des Affaires sociales ont mis en place un projet couvrant les frais de scolarité et offrant du matériel scolaire à 485 enfants dans des communautés défavorisées des régions ghanéennes de l’Est et d’Ashanti pour les dissuader d’émigrer à Accra ou les encourager à rester chez eux après être rentrés. Des comités de protection de l’enfance contrôlent l’évolution de la situation des enfants et de leurs parents.

« Ainsi, les signes avant-coureurs sont détectés et réglés avant que l’enfant ne soit obligé de quitter sa communauté », a dit M. Appiah, qui a signalé que le flux d’enfants migrant vers la capitale s’était résorbé.

Avec l’aide de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), de la Commission européenne et de Plan, une organisation de développement centrée sur l’enfant, le projet va être étendu à 156 communautés supplémentaires, triplant ainsi le nombre d’enfants concernés, a dit M. Appiah.

« Ce qui nous manque, c’est un effort coordonné pour résoudre ce problème de façon décisive », a-t-il commenté. « Tout le monde semble agir individuellement et il y a des doublons. Nous devons rassembler les initiatives du gouvernement, de la société civile et du secteur privé pour régler ce problème ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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