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Les travaux d’intérêt général, une « punition inadéquate » selon des survivants

[Rwanda] Judges at a Gacaca court in Rwimbogo, 20 km east of Kigali, Rwanda, August 2005. The Gacaca courts are an indigenous tribunal of justice inspired by the country’s tradition and established in 2001, in the wake of the 1994 Rwandan genocide, when IRIN
Justice in action: A gacaca court near Kigali
Seize ans après le génocide rwandais, des milliers de responsables ayant avoué leur rôle devant les Gacaca, les tribunaux traditionnels, ont été relâchés et condamnés à effectuer des travaux d’intérêt général, mais des survivants estiment qu’il s’agit d’un châtiment inapproprié.

« Leur punition devrait être [proche] de la souffrance que ces détenus ont infligé », a dit à IRIN Théodore Simburudali, le président d’Ibuka, l’organisation des survivants du génocide.

Il a exhorté le gouvernement à en faire davantage pour mettre un terme aux assassinats de survivants du génocide dans certaines régions du pays.

Ibuka a fréquemment condamné l’assassinat de survivants, perpétré le plus souvent après avoir témoigné au tribunal contre des suspects. Certains suspects de génocide et certains condamnés pour génocide ciblent, selon l’organisation, les survivants pour se venger.

« Nous devons [implorer] les officiels rwandais de [voir] la gravité de la question, parce que les survivants du génocide sont toujours la cible de ceux qui ont massacré leur famille, plutôt que d’attendre [d’eux] qu’ils vivent dans la même communauté que leurs meurtriers », a ajouté Mr Simburudali.

Selon le gouvernement, au moins 106 918 condamnés ont suivi le programme, connu comme TIG (Travaux d’intérêt général), depuis son lancement en 2005.

Selon la loi rwandaise, certaines catégories d’auteurs de génocide accomplissent une partie de leur peine de prison derrière les barreaux, et le reste de la peine en travaux d’intérêt général, afin d’essayer de décongestionner les prisons et d’encourager la réconciliation, selon des officiels du gouvernement.

« Ce châtiment permet aux [auteurs] d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles qui les aideront à faciliter leur réintégration dans la société, ainsi que de les transformer en bons citoyens », a dit à IRIN Evariste Bizimana, coordinateur exécutif du programme TIG. « Ils [les condamnés aux TIG] ont été capables d’acquérir des compétences professionnelles, tout en construisant plusieurs maisons pour des personnes vulnérables, parmi lesquelles de nombreux survivants du génocide ».

Durant les TIG, les détenus ont construit des maisons pour des groupes vulnérables et des infrastructures communautaires telles que des routes. Ils ont aussi participé à des activités agricoles.

« Ce programme fait partie d’un processus de réconciliation car nous avons besoin d’éduquer ces tueurs qui ont confessé leurs crimes [afin de] vivre aux côtés des survivants du génocide », a ajouté Mr Bizimana. « [Ils] doivent comprendre que c’est une punition, pas simplement un camp de transit pour être réintégré dans la société ».

Ceux qui sont condamnés à des travaux d’intérêt général sont hébergés dans des camps à travers le pays et ils ne sont pas rémunérés. Beaucoup manifestent désormais des remords.

Thaddeo Munyansanga, un Hutu qui travaillait dans une maison Tutsi avant 1994, a dit : « Quand les tueries ont commencé, la milice [Interahamwe] m’a dit que je finirai par posséder toutes les affaires de mon ancien patron ».

La maison de M. Munyansanga se situait à une courte distance de celle de la veuve de son ancien patron, Philomène Uwinyange, dans le village de Kibirizi dans le sud.

« Je regrette tout ce que j’ai fait, j’espère maintenant que [Mme] Uwinyange acceptera mes excuses », a dit à IRIN M. Munyasanga. « Je ne veux pas la presser plus à me pardonner. C’est une question de temps, considérant la gravité de nos [actions] ».

Mme Uwinyange, âgée de 56 ans, s’occupe de trois enfants adoptés – ses enfants ont été tués durant le génocide. « Nous n’avons aucun choix [sauf de] nous réconcilier avec ceux qui ont tué notre famille. Que pouvons-nous faire [d’autre] ? » a-t-elle dit.

Selon Tharcisse Karugarama, ministre de la Justice, les travaux d’intérêt général ne sont pas destinés à remettre en cause la gravité des crimes.

« Nous essayons d’encourager la réconciliation parmi les tueurs et les victimes », a dit M. Karugarama à IRIN. « Ce qui est le plus important c’est d’assurer un suivi, car certaines de ces personnes nourrissent toujours une idéologie génocidaire à leur retour dans leurs villages ».

Michael Kanimba, un étudiant de 21 ans de Kigali dont le père a récemment été condamné à deux ans de travaux d’intérêt général, a soutenu l’idée des travaux d’intérêt général. « Ces condamnés sont lentement transformés en citoyens responsables afin de [leur permettre] de vivre aux côtés des survivants du génocide », a-t-il dit.

at/aw/eo/mw/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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