« Les personnes en uniforme jouent un rôle important dans l’intervention globale de lutte contre le VIH/SIDA dans ces pays, elles peuvent devenir des agents de changement importants dans la mesure où elles peuvent modifier davantage les normes sociales et souvent mener des interventions de lutte contre l’épidémie novatrices », a déclaré à IRIN/PlusNews Nertila Tavanxhi, représentante du Programme commun de lutte contre le sida (ONUSIDA) à l’atelier. « Dans bon nombre de pays, l’armée est au premier plan de la lutte contre le VIH ».
Au Rwanda, l’armée a joué un rôle de pionnier en étendant la pratique de la circoncision masculine, une méthode de prévention relativement nouvelle, dans le cadre d’une stratégie de réduction des risques liés au VIH.
« Compte tenu du rôle que [l’armée] joue au sein de notre société – elle assure notre sécurité – certains membres de la population la considèrent comme un exemple », a expliqué Anita Asiimwe, la secrétaire exécutive de la Commission nationale de lutte contre le sida (CNLS).
L’atelier, qui s’est tenu sur trois jours, a rassemblé des délégués venus du Burundi, du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda et leurs partenaires afin de passer en revue les tendances en matière de VIH/SIDA au sein de leurs forces armées.
Daniel Nyamwasa, assistant commissaire de police rwandais et l’un des coordinateurs de la rencontre, a souligné que l’atelier représentait une avancée vers « une politique et stratégie communes de lutte contre le VIH/SIDA au sein des formes armées et de la police de l’Afrique de l’Est ».
Les défis posés par l’intégration
La Communauté de l’Afrique de l’Est cherche à obtenir une meilleure intégration et harmonisation des interventions menées à l’échelle régionale afin de réduire l’incidence et l’impact du VIH. Par exemple, les Forces de défense populaires de l'Ouganda (UPDF en anglais) ont joué un rôle clé en apportant leur soutien à l’Armée de libération des peuples du Sud Soudan alors que cette dernière élaborait son propre programme anti-VIH.
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Les forces armées jouent un rôle important dans la gestion de l’épidémie. Toutefois, elles ont été identifiées comme étant un groupe à risque élevé de contracter le virus. En effet, la plupart des éléments de l’armée sont des hommes sexuellement actifs âgés de moins de 25 ans, éloignés de leur famille pendant de longues périodes et susceptibles d’être déployés vers des régions affichant des taux de prévalence élevés. En outre, compte tenu de leur mobilité, il est difficile de leur proposer des programmes de lutte contre le VIH.
« Nous devons faire face à la fois à des populations instables et à une couverture géographique instable, ce qui rend l’intervention plus difficile », a rappelé M. Kusasira.
Parmi les mesures prises par les armées régionales afin de surmonter ces difficultés figurent la mise en place de centres ambulatoires de conseil et de dépistage, le transfert des tâches qui permet la distribution de médicaments antirétroviraux dans les dispensaires, ainsi que la pratique de la circoncision masculine et la diffusion de messages incitant au changement de comportement.
Les délégués des Nations Unies présents à l’atelier ont tenu à rappeler la position de l’organisation : les tests de dépistage du VIH ne doivent pas être obligatoires ou utilisés afin d’exclure des nouvelles recrues. Ils ont également souligné qu’une infection n’était pas synonyme d’incapacité à accomplir des tâches, que les résultats des tests de dépistage devaient être confidentiels afin de garantir l’efficacité des programmes de lutte contre le VIH/SIDA et que l’exclusion liée au statut sérologique encourageait la stigmatisation et violait les droits des individus.
« Je dois savoir combien de personnes séropositives composent mon équipe si je veux m’assurer que ces dernières reçoivent leur traitement... Si l’un de mes hommes est touché sur le champ de bataille, je dois le savoir » |
Toutefois, les armées régionales, dont la majorité ne recrute pas de personnes séropositives, défendent leur position.
« Avant d’intégrer les rangs, les nouvelles recrues doivent se soumettre à de nombreux tests médicaux. Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour le VIH ? Ce qui compte est, qu’une fois dans nos rangs, la personne relève de notre responsabilité et nous ne pouvons la renvoyer si elle est séropositive », a expliqué M. Kusasira. « Je dois savoir combien de personnes séropositives composent mon équipe si je veux m’assurer que ces dernières reçoivent leur traitement lorsqu’elles se trouvent en mission, dans des zones reculées. Si l’un de mes hommes est touché sur le champ de bataille, je dois savoir [s’il est séropositif] ».
Bien que le recrutement de soldats séropositifs continue d’être sujet à controverses, les participants à l’atelier sont parvenus à un consensus : aucune personne qui découvre sa séropositivité au cours de sa carrière ne peut être renvoyée, les tests de dépistage doivent s’accompagner de services de conseil adaptés et tout individu séropositif doit recevoir des soins et des traitements.
En outre, les participants ont convenu de créer des groupes de travail chargés d’examiner l’élaboration de politiques sur le VIH/SIDA en milieu de travail pour les armées d’Afrique de l’Est. Bien que les politiques en matière de VIH doivent toujours être adaptées aux réalités nationales, les participants ont défini le cadre d’une collaboration régionale qui visera à établir des normes minimales en matière de lutte contre l’épidémie à l’échelle régionale.
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