Le géant pétrolier Shell, de concert avec Maplecroft, une société spécialisée dans l'évaluation des risques et la North Star Alliance qui construit des cliniques sur les aires de repos ont conçu et imprimé 20 000 cartes destinées aux chauffeurs routiers au Kenya, en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Togo, en Tanzanie, en Ouganda, au Botswana, en Guinée, au Mali et en Namibie. Les cartes indiquent le lieu où sont implantées plus de 160 cliniques.
« Beaucoup d’entre nous souhaiteraient suivre un traitement, mais parfois, il arrive que nous ne sachions pas où nous rendre pour obtenir [les médicaments] quand nous sommes sur la route. Par conséquent, ces cartes peuvent nous être utiles », a dit à IRIN/PlusNews Eliud Musili alors qu’il se trouvait à Mlolongo, une aire de repos à Nairobi, la capitale kényane. « Désormais, nous pouvons même indiquer aux autres chauffeurs où aller pour recevoir [des services de santé]. »
En Afrique de l’Est et centrale, les cartes sont distribuées aux chauffeurs routiers aux « SafeTStops », des zones d'arrêt où les centres de bien-être offrent divers services, dont le dépistage des IST, de la tuberculose, du VIH et des conseils, aux chauffeurs routiers et aux communautés avec lesquelles ces derniers interagissent.
« Les centres de bien-être sont implantés dans les zones où ces groupes à risque élevé de contracter le VIH/SIDA convergent, afin de leur fournir des informations sur le VIH et d’autres IST, les méthodes de prévention, comme l’usage du préservatif, le diagnostic des IST, le dépistage et le conseil », a souligné Dorothy Muroki, directrice de projet auprès de Regional Outreach Addressing AIDS through Development Strategies II, un projet mené par Family Health International (FHI). « Pour les groupes à risque élevé, l’information est très importante. »
On compte au total huit SafeTStops qui proposent leurs services à quelque 230 000 personnes chaque année, à Djibouti, en Tanzanie, au Rwanda et en Ouganda.
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Depuis plus de six ans maintenant, Julius Mwapele*, un homme de 35 ans et père de cinq enfants, travaille comme docker au port de Dar es Salaam. Il y a trois mois, il s’est rendu dans une clinique afin de faire traiter des démangeaisons persistantes au niveau du pénis.
« Au début, je ne voulais pas y [prêter attention], mais [les démangeaisons] persistaient, alors je me suis rendu dans une clinique ici, au port », a-t-il confié à IRIN/PlusNews. « A la clinique, ils m’ont annoncé que je souffrais de blennorragie. J’ai eu peur, mais ils m’ont dit qu’ils pouvaient me soigner ».
Bien qu’il ne soit pas particulièrement bien payé, par rapport aux nombreuses autres personnes vivant aux alentours du port, Julius Mwapele est un homme aisé. Selon lui, il a contracté l’IST auprès d’une femme locale.
« J’ai trois maîtresses ici, je leur achète de la nourriture », a-t-il précisé. « J’ai des relations sexuelles avec elles. Parfois, quand je n’ai pas d’argent, elles me donnent gratuitement de la nourriture. Mais quand j’ai de l’argent, c’est à mon tour de leur offrir quelque chose ».
Pauses-sexe
La prostitution est répandue sur les aires de repos, le long des axes routiers de l’Afrique subsaharienne. Selon les résultats d’une étude menée par l’Université du Manitoba en 2006, près de 8 000 professionnelles du sexe travaillaient sur l’autoroute transafricaine, de la ville côtière kényane Mombasa à la capitale ougandaise Kampala. L’étude a également indiqué que les chauffeurs et leurs assistants présentaient des taux élevés d’IST et que bon nombre d’entre eux adoptaient des comportements sexuels à risque.
Les SafeTStops ont été conçus afin d’offrir aux chauffeurs routiers et aux professionnelles du sexe des informations et autres services sans porter de jugement. « Les femmes ne vendent pas leur corps pour le plaisir, mais pour des raisons financières. Les chauffeurs routiers, quant à eux, font appel aux services des professionnelles du sexe, car ils sont rarement aux côtés de leur épouse », a expliqué Mme Muroki.
« On plaisante en disant qu’après cinq bières, toutes les femmes sont belles » |
Le facteur alcool
« Il est interdit de consommer de l’alcool dans les centres. Cette interdiction vise à faire passer le message selon lequel la consommation excessive d’alcool est un des facteurs clés d’un comportement sexuel à risque », a-t-elle poursuivi.
Ben Manyala, un chauffeur routier séropositif de Dar es Salaam, a reconnu que l’alcool jouait un rôle important dans la transmission du VIH parmi les chauffeurs routiers.
« La consommation d’alcool contribue [à la propagation du VIH]. On plaisante en disant qu’après cinq bières, toutes les femmes sont belles. »
* Un nom d’emprunt
ko/kr/mw/cd/ail
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