« Nous avons adopté de nouvelles mesures pour sensibiliser les gens dans les établissements pénitentiaires, car les comportements sexuels à risques dans les prisons rwandaises semblent faire partie des facteurs majeurs contribuant à l’augmentation de la propagation du VIH », a dit Anita Asiimwe, secrétaire exécutive de la Commission nationale de lutte contre le sida (CNLS).
La nouvelle stratégie s’appuiera sur des pairs éducateurs, qui informeront les détenus sur le VIH ; ils encourageront également les détenus à bénéficier des services de conseil et de dépistage volontaire du VIH, de façon à ce que ceux qui sont déjà séropositifs aient accès aux traitements.
« Nous mettons l’accent sur l’accès aux soins des détenus séropositifs », a dit Antoine Semukanya, secrétaire exécutif adjoint de la CNLS.
Comme d’autres pays de la région, tels que le Kenya et l’Ouganda, le Rwanda considère, dans le cadre de sa politique de lutte contre le VIH, que les détenus font partie des groupes les plus exposés aux risques d’infection et de transmission du VIH.
Facteurs de risques
« La prison offre des conditions idéales pour la transmission du VIH, en particulier via l’homosexualité », a dit à IRIN/PlusNews Dative Mukanyangezi, directrice générale de la Prison centrale de Kigali – où 16,5 pour cent des femmes détenues et 15 pour cent des hommes détenus sont séropositifs, d’après des données de 2006.
D’après elle, les pratiques telles que l’usage de drogues par voie intraveineuse et le partage d’instruments de tatouage non stériles sont courantes dans les prisons rwandaises.
Selon une étude effectuée en 2009 par le ministère de la Santé et ses partenaires, des détenus de la Prison de Kimironko, à Kigali, ont rapporté avoir des relations sexuelles avec des travailleuses du sexe, leurs petites amies ou leurs femmes lorsqu’ils sortaient de la prison pour travailler.
« Toutes ces pratiques, ainsi que [le fait que] la plupart des détenus sont des hommes sexuellement actifs âgés de 19 à 30 ans, peuvent expliquer pourquoi les détenus sont un des groupes les plus exposés au risque du VIH », a ajouté Mme Mukanyangezi.
L’étude a également observé que des problèmes structurels tels que la saturation des prisons – le Rwanda présente l’un des taux de détention les plus élevés du monde, avec environ 604 détenus pour 100 000 habitants –, des droits de visites courts et compliqués, et le manque de nourriture, contribuaient également au risque de transmission du VIH en prison. L’étude a recommandé que certains détenus aient droit à des visites conjugales.
La question des préservatifs
M. Semukanya, de la CNLS, a dit que du fait de la nature illégale du sexe derrière les barreaux, la nouvelle stratégie n’inclurait pas la distribution de préservatifs ou de lubrifiants à base d’eau, dont l’utilisation est recommandée afin d’éviter les lésions en cas de relations sexuelles anales avec préservatif.
Cependant, des experts ont recommandé l’utilisation de préservatifs en prison. Un rapport publié en 2009 par TRAC-Plus, le Centre de traitement et de recherche sur le sida, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies à caractère épidémique, a observé qu’un renforcement de la prévention du VIH dans les prisons était nécessaire, en particulier à travers la promotion des préservatifs.
« On pourrait faire évoluer les comportements en utilisant des messages plus appropriés que les sanctions [visant] les MSM [hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes], en s’efforçant en priorité d’augmenter la perception du risque, de dé-stigmatiser les préservatifs, et de promouvoir d’autres stratégies en matière de satisfaction sexuelle [des détenus] », a suggéré l’étude du ministère.
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