Dans un centre de soins intensifs en nutrition destiné aux enfants souffrant de malnutrition sévère, et dirigé par l’ONG Médecins sans frontières (MSF) à Zinder, la deuxième ville du pays, située à 900 km de la capitale, se tient Nafissa Haboubacar, qui berce son bébé de deux mois, adossée à un mur. « Je n’ai plus de lait », a raconté cette mère. « Je crois que je suis malade, mais je ne sais pas ce que j’ai ».
Les médecins du service ont expliqué que l’une des priorités du centre était d’augmenter la quantité de lait maternel donnée aux nourrissons. Nicolas Peyraud, le médecin de MSF présent, a dit à IRIN que la gastroentérite constituait l’une des principales causes de mortalité infantile. « Le lait maternel est un vaccin naturel. Mais malheureusement, certaines femmes ne peuvent pas allaiter ».
Mme Haboubacar a expliqué à IRIN que, même si elle aimerait allaiter son enfant, elle n’était pas sûre de le pouvoir. « Parfois, quand je me réveille, je ne prends ni petit-déjeuner, ni déjeuner. Donc je ne sais pas trop d’où le lait pourrait venir… »
Karki Roumatou Adamou Arowa, du point focal du ministère de la Santé pour l’allaitement, a dit à IRIN que même une mère malnutrie avait une réserve de lait. « Mais pour garantir que la quantité et la qualité du lait soient suffisantes pour son enfant, il faut que son état de santé s’améliore », a expliqué Mme Arowa.
Sur l'allaitement, lire aussi |
BURKINA FASO: L’allaitement, pas toujours vu comme la meilleure solution |
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de nourrir les nouveau-nés exclusivement au sein pendant les premiers mois car le lait maternel leur fournit des nutriments et des anticorps naturels, mais observe qu’en pratique, à l’échelle mondiale, l’allaitement exclusif concerne moins de 40 pour cent des nourrissons âgés de six mois et moins.
Au Niger, ce chiffre est inférieur à cinq pour cent, d’après Mme Arowa, du gouvernement. Elle a indiqué que même parmi les femmes en mesure d’allaiter leurs enfants de manière exclusive, la plupart leur donnait de l’eau en plus du lait maternel. « Ces femmes n’ont pas conscience que le lait maternel est composé à 80 pour cent d’eau et à 20 pour cent de nutriments purs. Elles disent que leurs bébés ont besoin d’eau pour survivre ».
Au centre de soins intensifs, Mme Haboubacar a raconté que l’enfant qu’elle avait sur les genoux était son dixième enfant.
Sur les neuf autres, six sont déjà morts.
pt/aj/il/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions