« Nous devons harmoniser nos interventions », a dit le capitaine Sami Kambiré, du Burkina Faso, à IRIN. « Sans ce réseau, nos stratégies sont incohérentes. Nous devons apprendre les uns des autres afin de connaître les stratégies qui fonctionnent, celles qui ne fonctionnent pas et pourquoi ».
De nombreuses études sur les taux de prévalence du VIH au sein des forces armées des pays d’Afrique subsaharienne ont montré des taux plus élevés que chez les populations civiles, à l’exception notable de l’armée éthiopienne.
La conférence de trois jours qui s’est tenue pour le lancement du Réseau militaire de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la lutte contre le SIDA (REMAFOC/SIDA) et qui a pris fin le 9 juillet, a présenté les efforts des forces armées pour lutter contre le VIH dans la région, les bonnes pratiques de la lutte contre le SIDA en Afrique et un débat sur le VIH et la sécurité.
Nigeria
Selon Simeon Ekanom, coordinateur du programme de contrôle du SIDA des forces armées nigérianes, le gouvernement nigérian a reconnu le risque élevé d’infection à VIH au sein des troupes. « Nous sommes plus mobiles, et loin de nos familles. Les hommes veulent se détendre et des femmes viennent les voir au camp ».
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Selon une récente étude réalisée par l’Alliance civile-militaire pour combattre le VIH/SIDA, les soldats de retour du front présentent un taux d’infection au VIH deux fois supérieur à celui de la population en générale. Le taux de prévalence moyen du VIH dans l’ensemble de la population nigériane était de 3,1 pour cent en 2008, selon ONUSIDA.
En 1999, le comité panafricain de la médecine militaire, basé au Nigeria, avait découvert que les soldats des forces armées nigérianes avaient deux fois plus de chances de contracter le VIH dans les trois premières années de service.
Mais selon le représentant des forces armées nigérianes, M. Ekanom, la situation s’est améliorée, même s’il n’existe que peu d’informations sur les taux d’infection à VIH au sein des troupes. « Les comportements changent. Nous allons dans les casernes et discutons seul à seul avec les soldats. En groupes, ils n’intègrent pas le message et pensent qu’ils ne seront jamais infectés ».
En l’an 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution identifiant l’infection au VIH chez les soldats comme une menace sur la paix mondiale. En 2001, un document des Nations Unies a fait part de la préoccupation selon laquelle « les Nations Unies elles-mêmes pourraient involontairement servir d’agent de propagation du virus [VIH] autour du monde » par l’intermédiaire de ses casques bleus.
Ghana
Selon le Dr. Jane Ansah, médecin des forces armées ghanéennes, les soldats dépistés positifs au VIH ne sont pas déployés. Le Ghana compte jusqu’à 6 000 soldats répartis dans cinq missions de maintien de la paix, a indiqué Mme Ansah.
Au cours d’une présentation dans le cadre du lancement du réseau, à Dakar, Mme Ansah a expliqué que des préservatifs étaient distribués aux soldats dans les casernes, ce à quoi le ministère des Forces armées sénégalais, Becaye Diop, a répondu : « N’est-ce pas là un moyen de les encourager à la promiscuité ? »
Mme Ansah a répondu que les hommes - qu’ils soient ou non en possession de préservatifs – seraient toujours approchés par des travailleuses du sexe.
Les nouvelles recrues dépistées positives ne sont pas admises dans les forces armées, a indiqué Mme Ansah à IRIN. « Nous avons été très critiqués pour cette interdiction ». Une mesure similaire adoptée en Afrique du Sud a été annulée par les tribunaux en 2008.
Pendant l’un des événements de la conférence de lancement, des soldats sénégalais ont joué une scène de séduction insistant sur le droit des hommes au sexe parce qu’ils sont là pour « protéger les femmes et améliorer la sécurité », ce à quoi les femmes locales – les mains sur les hanches – répondaient à l’unisson : « le SIDA ne peut qu’aggraver notre insécurité ».
pt/aj
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