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Des femmes engagent des poursuites pour des stérilisations présumées

[South Africa] Mampho - an HIV-positive mother from Soweto and her baby. Andrew Bannister
The maternal mortality rate for HIV-positive women is almost 10 times higher
Deux femmes namibiennes séropositives qui affirment avoir été stérilisées contre leur volonté dans des hôpitaux publics cherchent à obtenir réparation par le biais de la justice. Selon l’International Community for Women Living with HIV/AIDS (ICW), il s’agit du premier cas, parmi plus de 20 connus.

L’ICW a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’elle qualifie de stérilisations forcées de femmes séropositives, plus d’un an auparavant, après avoir entendu des témoignages par le biais de ses forums habituels destinés aux jeunes femmes séropositives.

Depuis, l’organisation a noué un partenariat avec le Legal Assistance Centre (LAC), un organisme d’assistance judiciaire, afin de porter cette année les deux cas devant la justice, d’après Aziza Ahmed, de l’ICW.

Six autres cas pourraient suivre la même voix cette année, tandis que 20 cas supplémentaires sont actuellement examinés par le LAC et l’ICW.

Bien que l’ICW ait été informé d’un certain nombre d’autres cas, les recours judiciaires ont été entravés par des difficultés à recueillir des preuves et des déclarations des femmes concernées, souvent réticentes à se faire connaître de crainte de voir leur séropositivité et leur incapacité à enfanter révélées au grand jour, selon Veronica Kalambi, qui siège au comité de surveillance de l’ICW pour le sud de l’Afrique.

Une question de consentement

Depuis que les rapports initiaux ont été rendus publics, l’ICW s’est donné pour mission de recueillir des faits dans trois des 13 régions administratives de Namibie afin d’étayer les témoignages des femmes qui ont été stérilisées. Certaines d’entre elles ont déclaré avoir signé des formulaires de consentement à une opération simplement intitulée « BTL » dans leur dossier médical, sans comprendre pleinement les implications de cette intervention.

« BTL » est un acronyme fréquemment utilisé pour désigner les ligatures des trompes (bitubal ligations). Considérée comme une forme de stérilisation permanente, la procédure consiste à sceller les trompes de Fallope d’une femme afin d’empêcher toute grossesse ultérieure. La réversibilité est possible, mais la procédure est onéreuse, et le succès de l’opération incertain.

« La majorité de ces femmes sont issues d’un milieu rural ou sont analphabètes, elles ne savent pas ce que "BTL" signifie, et aucune explication n’est fournie. Même moi je ne savais pas ce que cela signifiait », a déclaré Mme Kalambi, avant d’ajouter que certaines femmes se voyaient présenter des formulaires de consentement en anglais, plutôt que dans leur langue maternelle, ce qui constituait un obstacle à l’obtention d’un consentement réellement éclairé.

Saima Moses, de l’ICW, qui a effectué des recherches sur le sujet dans le nord de la Namibie, a découvert que certains hôpitaux disposaient même de listes de femmes en attente de l’opération. Et de nouveau, a-t-elle précisé, peu des femmes figurant sur la liste avait la moindre idée de ce qui les attendaient.

« C’est une forme de discrimination », a déploré Mme Moses. « Aujourd’hui, si vous êtes séropositive, vous pouvez mettre au monde un enfant en bonne santé, et c’est votre droit, [mais] pour les médecins, pourquoi une femme séropositive devrait-elle avoir un enfant ? [Les médecins] partent du principe que l’enfant sera automatiquement malade. »

D’après Mme Ahmed, une demande a été déposée auprès de la ministre adjointe de la Santé et des Services sociaux (MoHSS) afin que le ministère enquête sur les cas de « stérilisation forcée » présumée ; cependant, celle-ci n’a pas encore répondu.

Gladys Kamboo, porte-parole du MoHSS, a déclaré à IRIN/PlusNews que le ministère ne procèderait à aucun commentaire compte tenu de la nature désormais juridique de ce problème.

En octobre 2008, IRIN/PlusNews avait contacté le docteur Rheinhardt Collin Gariseb, qui dirige l’hôpital public Katatura de la capitale, Windhoek, où, selon l’ICW, des stérilisations ont été effectuées sans consentement éclairé.

Une procédure établie ?

D’après M. Gariseb, aucun incident n’a été signalé à l’hôpital et les allégations ont été portées à sa connaissance par le biais des rapports publiés par les médias locaux.

L’hôpital propose en effet la ligature des trompes aux femmes, et en particulier à celles qui subissent leur troisième césarienne, et sont donc exposées à un risque accru de rupture utérine en cas de nouvelle grossesse. Il a toutefois insisté sur le fait que si le protocole adéquat était respecté, les patientes auraient de nombreuses possibilités de refuser une opération.

« C’est le devoir du médecin d’informer la patiente, avec l’aide d’un traducteur s’il y a lieu, [concernant toute intervention]. Généralement, nous faisons appel à l’une des infirmières, qui reçoit le consentement de la patiente », a expliqué M. Gariseb. « Ensuite, une fois dans la salle d’opération, l’infirmière confie la patiente aux médecins, qui vérifient de nouveau l’intervention pour laquelle la patiente a été admise. »

Toutefois, d’après les témoignages des femmes recueillis par l’ICW, qui se plaignent de l’attitude brusque de certains professionnels de santé, le fait que les infirmières servent de traductrices pourrait être une source de problème.

Shantel Ferreira* a expliqué avoir échappé de peu à la stérilisation. Mère de deux enfants, cette femme séropositive avait été admise à l’hôpital Katatura pour ce qu’elle pensait être une intervention de suivi standard après son dernier accouchement, deux mois auparavant.

Bien qu’elle ait affirmé avoir demandé ce que signifiait le BTL pour lequel elle était programmée, une infirmière débordée lui a demandé de signer et promis de lui expliquer ultérieurement. Finalement, une coupure de courant quelques minutes avant le début de l’opération lui a laissé le temps nécessaire pour trouver une infirmière qui, d’après elle, a pris le temps de lui expliquer les répercussions de l’opération.

Le LAC et l’IWC attendent toujours les dates des procès des deux premiers cas. Dans l’intervalle, Mme Kalambi a indiqué avoir recensé un nombre alarmant de femmes séropositives exprimant des inquiétudes à l’idée de mettre au monde leurs enfants dans les hôpitaux publics, par peur de la stérilisation.

Ce phénomène, a-t-elle ajouté, pourrait avoir de graves conséquences pour les mères et les nouveau-nés en raison de complications ou d’un accès insuffisant aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

*nom d’emprunt

llg/oa/db/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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