Si les soins prénataux sont recommandés pour toutes les grossesses, ils sont essentiels, selon les travailleurs de la santé, pour les filles dont le corps n’est peut-être pas prêt à porter un enfant, et pour les femmes de plus de 35 ans, plus sujettes au diabète de grossesse, aux accouchements prématurés ou aux naissances sans vie.
Kouma Bana Nimaga est sage-femme au centre de santé de Bankass, à quelque 700 kilomètres à l’est de Bamako, la capitale, qui accueille les patientes enceintes des villages voisins qui présentent les complications les plus graves. La plupart de ses patientes ne sont jamais allées dans un centre de santé, a-t-elle déclaré à IRIN.
« Les femmes laissent derrière elles, pour seul héritage, des bébés mort-nés » |
Ousmane Fomba, directeur du centre de santé de Koulogo, à près de 40 kilomètres de là, a expliqué à IRIN qu’il envoyait « de plus en plus » de patientes de ces tranches d’âge à Bankass, pour des cas de grossesse à risque. « Il n’est pas rare de voir des femmes de 35, 40 ans ou des fillettes de 12, 13 ans tomber enceintes ». Aujourd’hui, alors que de plus en plus de filles partent travailler à Bamako ou en Côte d’Ivoire voisine, les grossesses précoces ont augmenté, a-t-il indiqué.
« Les futures mamans d’âge mûr nous disent qu’elles ne se sentent pas en mesure de dire non à leurs maris, qui exigent d’avoir des rapports ou de faire des enfants », a-t-il ajouté. Selon le directeur médical, bien que le centre propose des services de sensibilisation à la planification familiale, « les vieilles mentalités subsistent ».
En 2006, sur 1 000 naissances vivantes, 119 bébés mouraient avant l’âge d’un an, et en 2005, plus de 900 femmes mouraient sur 100 000 naissances vivantes, selon les autorités publiques. Bien que le taux de mortalité maternelle ait presque diminué de moitié en 2006, le pays reste en « situation d’urgence sanitaire », selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), en raison du manque d’accès à l’eau salubre et aux soins de santé.
En 2006, selon une enquête publique, près d’un nouveau-né sur 10 ne survivait pas au-delà de sa première année. La moitié de ces décès se produisaient au cours de la première semaine suivant la naissance. Toujours en 2006, selon la même enquête, moins de la moitié des femmes accouchaient en présence d’une sage-femme qualifiée et 70 pour cent des décès de nourrissons se produisaient au domicile familial.
Les femmes qui accouchent au centre de santé ne sont guère mieux loties, selon Mamadou Guindo, directeur du centre d’orientation médicale de Bankass, qui ne mérite pas son titre de centre de santé, a-t-il déclaré à IRIN. « Nous n’avons pas de structures d’hospitalisation, ni d’électricité. Le seul générateur que nous avons ne fournit pas assez d’énergie. Nous n’avons pas assez de matériel [médical], ni d’anesthésistes ».
Aussi les patients du centre doivent-ils souvent être envoyés à l’hôpital de Mopti, à plus de 100 kilomètres de là, a-t-il expliqué.
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