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Petits arrangements entre gardiens et travailleuses du sexe

Maureen is a sex worker in the coastal city of Mombasa, in Kenya. Julius Mwelu/IRIN
Au cours des longues nuits qu’il passe à garder un immeuble de la ville portuaire kényane de Mombasa, Richard Omwenga* voit de nombreuses jeunes filles accompagnées d’hommes disparaître momentanément dans une allée proche du bâtiment. Tandis que M. Omwenga continue sa surveillance, ils ont des relations sexuelles avant de repartir, généralement dans des directions opposées.

Les jeunes femmes sont des travailleuses du sexe et M. Omwenga leur « loue » l’allée pour quelques minutes, une alternative moins coûteuse que de payer une chambre d’hôtel. A la fin de la soirée, les femmes lui donnent une partie de leurs gains ou, plus fréquemment, lui offrent d’avoir des relations sexuelles.

« Au début, tout ce que l’on voulait c’était de proposer l’allée contre le paiement d’une somme d’argent, mais rester à proximité de personnes qui font l’amour nous fait bouillir », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « C’est comme ça que certains d’entre nous en sont arrivés à un accord ‘donnant-donnant’ avec les filles ».

Plusieurs gardiens de Mombasa, aussi appelés askaris, ont également expliqué que les femmes utilisaient les allées pour se cacher de la police. « Une travailleuse du sexe a promis de me faire tout ce que je voulais si je la cachais dans les allées, un soir où la police faisait une descente », a dit Wallace Wanyama*.

Il a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec au moins cinq travailleuses du sexe qui utilisaient les allées près du bâtiment dont il assurait le gardiennage, mais a dit qu’il n’avait pas utilisé de préservatif et n’était jamais allé se faire dépister pour le VIH.

Le travail du sexe est largement répandu à Mombasa, qui enregistre un fort taux de pauvreté et d’illettrisme et voit passer de nombreux touristes, chauffeurs de camions et marins. La prévalence du VIH y est d’environ sept pour cent, légèrement inférieure au taux national estimé à 7,4 pour cent.

L’utilisation du préservatif est irrégulière chez les travailleuses du sexe. Anne Jambi*, qui exerce sur l’avenue Moi à Mombasa, a dit à IRIN/PlusNews qu’elle utilisait toujours des préservatifs lorsqu’elle avait des relations sexuelles avec des askaris, mais Sue Pekeshe* a dit qu’elle ne se souvenait pas si elle en avait utilisé un lors d’une récente relation avec un gardien, parce qu’elle était ivre à ce moment-là.

Une étude menée en 2007 a révélé que les travailleuses du sexe de Mombasa qui consommaient de fortes quantités d’alcool étaient plus exposées au risque d’avoir des relations sexuelles non protégées ou de subir des violences sexuelles, et de contracter des infections sexuellement transmissibles, que celles qui ne buvaient pas.

Mastiquer du khat – une plante stimulante largement utilisée mais qui crée une dépendance – est aussi une pratique commune parmi les agents de surveillance pour essayer de rester éveillés toute la nuit, mais cela accroît également les comportements sexuels à risque.

Difficiles à atteindre

Les heures inhabituelles au cours desquelles les askaris travaillent rendent difficile les tentatives de les atteindre pour proposer des services VIH/SIDA. « Bon nombre de ces gardiens ne sont pas facilement accessibles en raison de la nature astreignante de leur travail », a dit le docteur Esther Gitambo, directrice provinciale des services médicaux. « En raison de la faiblesse des gains qu’ils tirent de leur travail de gardiennage, beaucoup d’entre eux ont d’autres emplois occasionnels pendant la journée ».

Le risque d’être agressé la nuit en essayant de fournir des services aux gardiens constitue une autre complication, a dit Rosemary Kenga, administratrice et conseillère d’un programme financé par l’USAID, l’AIDS population and health integrated assistance programme (APHIA II).

Le projet APHIA II fournit des services de dépistage volontaire et de conseil VIH « au clair de lune » aux gardiens, travailleurs du sexe et chauffeurs de taxis minibus en soirée, mais le coordinateur du projet, Filberts Oluoch, a expliqué que les gardiens n’étaient pas nombreux à les utiliser.

« Les gardiens sont les plus difficiles à gérer », a-t-il dit. « Certains disent que leur société ne les autorise pas à parler à des inconnus, particulièrement lorsqu’ils sont en service, un bon exemple étant ceux qui sont chargés de la surveillance des locaux de grosses compagnies, comme les banques ».

APHIA II travaille maintenant avec les sociétés qui emploient des gardiens pour introduire des programmes sur le lieu de travail, qui encouragent le changement de comportement, comme la distribution de préservatifs et des ateliers sur la prévention du VIH.

« Nous organisons souvent des ateliers et des réunions d’information au sein des sociétés pour souligner auprès de nos employés l’importance de l’autodiscipline lorsqu’ils sont sur leur lieu de travail », a dit Carlos Kioko, chargé de la communication d’une importante société de sécurité, Group4 Security. « Nous leur fournissons aussi gratuitement des préservatifs ».

* Un nom d’emprunt

jk/kr/ks/he/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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