« Les pourparlers [du 12 mars] ont été annulés, mais ils auront lieu à une date ultérieure. Il n’y a pas d’alternative au dialogue national », a déclaré à IRIN Tiébilé Dramé, l’envoyé des Nations Unies. « Malheureusement, nous avons rencontré des difficultés de dernière minute et nous sommes en train de les résoudre ».
« Nous n’avons pas l’impression de pouvoir négocier dans les conditions actuelles », a déclaré une source proche d’Andry Rajoelina, leader de l’opposition. Cette source a une nouvelle fois appelé à la formation d’un gouvernement de transition à Madagascar, et à la démission du président Marc Ravalomanana.
Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la tenue des pourparlers, baptisés « Conférence consultative nationale », et organisés par l’influent Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) et les Nations Unies. Les pourparlers devaient avoir lieu sur trois jours et avaient reçu l’approbation du Président.
La décision de retarder la tenue des négociations a été prise après que Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis à Madagascar, a averti, à la télévision nationale : « Je note avec une grande inquiétude et une grande tristesse que Madagascar est presque sur le point de sombrer dans la guerre civile ».
L’ambassadeur a ensuite salué les mesures prises par M. Ravalomanana en vue de remplir les conditions posées par le mouvement d’opposition : « Par exemple, l’égal accès à la RNM et à la TVM [la station de radio et la chaîne de télévision publiques malgaches], qui devrait être assuré à compter [du 12 mars], et la remise en service de Radio Viva [la station de radio de M. Rajoelina], afin qu’ils puissent communiquer ».
Avertissement des bailleurs
Entre-temps, l’armée a désigné son nouveau chef, le 11 mars. Le colonel André Andriarijaona, impliqué dans une mutinerie au sein de l’armée, a remplacé l’ancien chef d’état-major, le général Edmond Rasolofomahandry.
M. Rasolofomahandry avait donné aux politiciens un ultimatum de 72 heures pour trouver une issue à la crise avant que l’armée n’intervienne. Sa destitution par des soldats qui ont déclaré ne plus soutenir le Président a ajouté au sentiment d’incertitude croissant qui règne dans les rues d’Antananarivo, la capitale.
Le 13 mars, les militaires mutins ont annoncé être prêts à déployer des chars dans la capitale, tandis que M. Ravalomanana lançait un appel sur sa radio privée, demandant au peuple de « s'organiser pour contrarier tous les mouvements de troupes de mutins vers le palais [présidentiel] afin de protéger le Président et le palais ».
Dans un communiqué officiel, les diplomates étrangers et d’autres membres de la communauté internationale ont déclaré le 12 mars que toute alternative non-démocratique adoptée pour mettre un terme à la crise serait inacceptable : « Elles auraient de lourdes conséquences sur les relations entre Madagascar et le reste du monde, et sur notre capacité à soutenir le développement du pays ».
En vertu de plusieurs traités signés avec divers pays donateurs, si la crise n’est pas résolue par des procédures constitutionnelles, l’aide internationale pourrait être suspendue.
« Ce n’est pas automatique, mais c’est fort probable », a indiqué à IRIN Jean-Claude Boidin, chef de la délégation de l’Union européenne à Madagascar. « Les mesures qui s’imposent seront prises ».
Dans le centre-ville d’Antananarivo, la foule réunie pour un rassemblement de l’opposition continuait d’apporter son soutien à M. Rajoelina, maire déchu de la capitale.
« A mon avis, la meilleure solution, maintenant, c’est le gouvernement de transition », a ainsi déclaré un homme. « Comme ça, on éviterait le coup d’Etat ».
Les partisans du gouvernement se sont également réunis pour le soutenir, ces deux derniers jours.
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