La campagne a tout d’abord été lancée dans le sud des Philippines, sur l’île d’Aklan, en 2001, où le groupe d’activistes a adopté une stratégie alliant divertissement et information afin de diffuser son message de prévention. L’initiative est considérée comme un « modèle de meilleures pratiques » pour les programmes de santé de la reproduction.
Avec l’aide des bureaux de santé provinciaux et des services gouvernementaux locaux, la Brigade papillon a obtenu une subvention du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), afin d’offrir une formation en éducation par les pairs et promouvoir la sexualité à moindre risque à Boracay, une municipalité d’Aklan.
Les plages de sable blanc et la vie nocturne agitée de Boracay font de la ville une destination prisée par les touristes locaux et internationaux. La plage est bordée de bars et de discothèques, des endroits chauds de l’industrie du sexe et les lieux de rencontre préférés des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (MSM, en anglais).
Afin de s’adresser à son public cible, la Brigade papillon a adopté une démarche d’apprentissage informelle et invite ainsi la communauté à discuter librement des questions considérées taboues par une société philippine conservatrice.
« Nous avons tenu compte du mode de vie et de la culture des MSM et avons utilisé toutes les ressources possibles afin de nous adresser à cette communauté. Les principes de l’apprentissage pour adultes, soit la participation et l’interaction, ont été intégrés dans des chansons et des arts plastiques, afin d’inciter les gens à poser des questions », a expliqué Joseph "Caca" Carillo, le responsable des affaires externes à la Brigade papillon et l’un des membres fondateurs du mouvement.
« Un atelier a été également organisé de 20 heures à deux heures du matin, période durant laquelle la majorité des hommes homosexuels recherchent des partenaires. Les modules étaient offerts dans le langage parlé par les homosexuels afin d’encourager une discussion ouverte. En effet, aborder des questions importantes sur le ton de l’humour permet aux participants d’être plus à l’aise et plus honnêtes. L’atmosphère était détendue, on bavardait, c’est exactement ce que nous recherchions », a-t-il poursuivi.
Lutter contre la stigmatisation
Les Philippines affichent un taux de prévalence du VIH inférieur à 0,1 pour cent – soit un des taux les plus bas de la région. Cependant, peu de personnes ont subi un test de dépistage et les spécialistes craignent que le taux de prévalence ne soit en réalité plus élevé.
Les responsables de la santé ont tiré la sonnette d’alarme et ont indiqué que l’industrie du sexe généralisée, l’utilisation irrégulière du préservatif, les rapports sexuels précoces et les partenaires sexuels multiples menaçaient d’aggraver l’épidémie.
La Brigade papillon a élargi son public cible et sensibilise désormais les officiers de police, les vendeurs, les bateliers et les chauffeurs de tricycle. En 2008, de concert avec l’unité locale de la police nationale des Philippines, le groupe a sensibilisé des jeunes à la santé de la reproduction.
La promotion du respect envers la communauté homosexuelle dans une société catholique conservatrice s’accompagne de nombreuses difficultés. Toutefois, les efforts déployés par la Brigade papillon ont porté leurs fruits et sur l’île d’Aklan, le système de santé propose désormais des services VIH généraux, et mène notamment des campagnes visant à promouvoir l’utilisation du préservatif, le dépistage volontaire, les conseils et les traitements.
« Autrefois très peu [de MSM] faisaient appel aux services de santé. Après la formation, leur nombre s’est accru dans les services d’hygiène sociale », a remarqué Debbie Villaflor, une infirmière de la clinique provinciale qui travaille avec la Brigade papillon.
« La Brigade papillon est reconnue comme un leader dans le domaine. En effet, au sein de sa province, le groupe a été invité à aider d’autres organismes à former des groupes d’éducation par les pairs au sein de communautés plus petites de MSM », a souligné le docteur Jovanni Templonuevo, un responsable de programme à l’UNFPA.
De plus, la Brigade papillon a récemment lancé une campagne de marketing social relative aux préservatifs et est parvenue à ce que des distributeurs de préservatifs soient installés dans les lieux de rencontre de Boracay – soit l’unique endroit des Philippines où il est facile de se procurer des préservatifs.
« Les distributeurs de préservatifs s’adressent aux hommes, aux femmes, ainsi qu’aux MSM », a dit Joseph "Caca" Carillo. « En outre, nous travaillons afin que les préservatifs soient disponibles dans tous les hôtels et les établissements gérés par le bureau municipal de la santé ».
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