Le Cap Vert est le deuxième pays, après le Botswana, à quitter, en décembre 2007, le groupe des pays les plus pauvres du monde, désormais composé de 49 pays les moins avancés (PMA).
Les critères à remplir (fixés par les Nations Unies) pour pouvoir se départir du statut de PMA sont les suivants : des revenus par habitant supérieurs à 900 dollars ; un capital humain solide, selon des critères d’alphabétisation, de nutrition et de sensibilisation à la santé ; et une économie stable.
Les Cap-Verdiens ont une espérance de vie moyenne parmi les plus élevées d’Afrique (69 ans), ainsi qu’un des taux d’alphabétisation les plus importants chez les adultes. Ses revenus par habitant sont bien plus élevés que ceux des pays voisins, selon le classement le plus récent publié par les Nations Unies sur les conditions de vie dans le monde.
Le chaînon manquant
Mais le Cap Vert est encore loin de remplir le troisième critère, relatif à la stabilité économique, en partie mesuré par les exportations et la production agricole, selon les Nations Unies. Moins de 10 pour cent des terres de l’archipel volcanique sont cultivables et le pays importe environ 80 pour cent de ses produits alimentaires, d’après le ministère de l’Agriculture.
A partir des années 1970, des sécheresses périodiques ont forcé des milliers de Cap-Verdiens en quête d’un emploi à partir à l’étranger, suivis d’autres chercheurs d’emploi et aventuriers, a déclaré Petra Lantz, coordinatrice résidente des Nations Unies au Cap Vert. Cela a abouti à la formation d’une diaspora deux fois plus importante que le demi-million d’habitants dispersés sur les neuf îlots de l’archipel, selon la Banque mondiale.
Bien que le Cap Vert soit entouré de 630 000 kilomètres carrés d’océan, environ 25 pour cent de sa population n’a pas régulièrement accès à l’eau potable, selon un rapport public publié en mai 2008.
« Vous vous imaginez si le Cap Vert avait des ressources naturelles ? », a demandé Mme Lantz, en montrant du doigt la côte atlantique, par la fenêtre de son bureau. « Il n’y rien d’autre, ici, que de la détermination, de l’ambition et du thon ».
Bien que le poisson représente une bonne partie des exportations du pays, l’industrie produit moins d’un pour cent des richesses nationales, selon la Banque africaine de développement (BAD), en raison des méthodes traditionnelles employées dans le secteur de la pêche.
Quand bien même, selon Mme Lantz, le Cap Vert a fait du chemin depuis l’époque où l’on avait « fait une croix » sur cet archipel non-viable, frappé par la sécheresse et le manque de ressources naturelles.
Photo: Phuong Tran/IRIN |
Les zones d’habitations comme celle-ci s’étendent à Praia, la capitale, surexploitant de maigres ressources en eau (photo d’archives) |
Le Cap Vert affiche en effet un des taux d’aide publique au développement (ODA) par personne les plus élevés d’Afrique, selon le rapport 2008 de la BAD et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
L’aide et les transferts de fonds de l’étranger représentent environ 25 pour cent du budget national, selon le US Millennium Challenge Compact, qui a accordé 110 millions de dollars au Cap Vert entre 2005 et 2010.
Pays à revenu intermédiaire
Avec des revenus par habitant estimés à près de 3 000 dollars en 2007, le Cap Vert a été classé parmi les pays à revenu intermédiaire (MIC) inférieur par la Banque mondiale, en janvier 2008. Malgré tout, au vu des registres de prêt de la Banque, le pays a encore le droit de bénéficier des prêts à faible taux d’intérêt, proposés aux pays les moins riches.
Le pays bénéficie actuellement d’un prêt de près de 60 millions de dollars à faible taux d’intérêt pour financer ses activités de lutte contre le VIH/SIDA et de réduction de la pauvreté, sa croissance économique et ses réformes routières.
Lors d’une conférence de la Banque mondiale organisée en octobre 2008 au sujet de huit MIC d’Afrique subsaharienne, la Banque a noté que les MIC étaient vulnérables face à l’effondrement des prêts internationaux, car ils risquaient d’avoir plus de difficultés à obtenir des crédits.
De même, parce que les MIC sont plus étroitement liés aux marchés internationaux que les PMA, ils sont davantage exposés à un « risque de contagion » de la crise financière, selon la Banque mondiale.
Avec son demi-million d’habitants, le Cap Vert a attiré 3,6 milliards de dollars d’investissements étrangers en 2008, presque tous dans le secteur du tourisme, selon le gouvernement.
Mais avec la récession internationale, le ministère des Finances a prévu un taux de croissance économique de 0,5 pour cent en 2009, après une augmentation de 10 pour cent entre 2006 et 2007, et de sept pour cent en 2008.
Selon Mme Lantz, des Nations Unies, le Cap Vert traverse une période décisive. « Nous devons être très prudents afin d’éviter que les progrès accomplis ne soient anéantis. Ce n’est pas le moment de lever les bras au ciel et de nous dire que le travail est terminé ».
« Faisons en sorte qu’on se souvienne de cette île comme d’un exemple de cas où les bailleurs et le gouvernement partenaire ont réussi à faire ce qu’il fallait ».
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