« Nous ne pouvons courir le risque d’envoyer nos filles à l’école. Nous allons nous plier aux exigences des militants [talibans] », a déclaré Ahmed Ali, 52 ans et père de trois filles. « Quand les Talibans disent quelque chose, ils le font », a-t-il ajouté.
Ses voisins et lui-même écoutent les stations de radio FM illégales des militants pour connaître leurs ordres et s’y conformer. « Il n’y a plus que comme ça qu’on peut vivre à Swat », a déploré Faraz Khan, un ami d’Ali qui envisage de partir s’installer ailleurs si les écoles ne rouvrent pas bientôt leurs portes. « Je ne veux pas que mes filles … ne soient pas instruites ».
Selon l’Associated Press of Pakistan, Sherry Rehman, ministre de l’Information, a déclaré le 17 janvier qu’elle assurerait la réouverture des établissements scolaires pour filles, et annoncé, une nouvelle fois, que les écoles détruites ou ayant subi des dégâts seraient reconstruites. Mais M. Ali est sceptique : « J’ai vu des cadavres … des corps décapités, de mes propres yeux … Je ne veux pas qu’on me prenne en exemple ! Je suis même terrifié de vous parler, car ils pourraient m’entendre ! ».
De plus en plus d’écoles ciblées
Depuis la déclaration de Mme Rehman, cinq écoles ont été bombardées : parmi elles, le collège public pour garçons et le collège public pour filles de Tahirabad, une banlieue de Mingora, la plus grande ville de la région de Swat.
Photo: Ibrash Pasha/IRIN |
Quelque 170 écoles, principalement pour filles, ont été la cible d’attentats depuis que l’armée a lancé son opération contre les militants, en 2007, selon les médias locaux |
Toutefois, dans un geste perçu par bon nombre comme un « assouplissement » de leur position, les militants auraient autorisé les filles à poursuivre leur scolarité jusqu’à la classe de CM2.
Selon les statistiques du gouvernement, reprises par Les Nouvelles, un organe de presse local, environ 400 écoles privées risquent de ne pas rouvrir leurs portes après les vacances d’hiver, qui s’achèveront le 1er février.
Jusqu’ici, 170 écoles (des établissements pour filles, pour la plupart) ont été la cible d’attentats depuis que l’armée a lancé son opération contre les militants, en 2007, selon les médias locaux. D’après Les Nouvelles, quelque 124 000 filles scolarisées dans diverses écoles publiques et privées se trouveront privées d’instruction si tous les établissements secondaires ferment.
Nouvelles mesures
En guise de nouvelle mesure, le gouvernement de la PFNO a annoncé qu’il prenait des dispositions alternatives pour assurer le transfert dans les régions voisines de plus de 50 000 écoliers pénalisés à Swat. Le gouvernement a en outre déclaré que des mesures seraient prises pour assurer que les élèves ne ratent pas leurs examens.
« Des deuxièmes plages horaires seront également aménagées dans les écoles [où les Talibans n’ont pas encore d’influence], qui assureront aussi l’hébergement des enfants touchés », a déclaré Sardar Hussain Babak, ministre de l’Education élémentaire et secondaire, dont les propos ont été ainsi rapportés dans le journal L’Aube.
Les exactions des militants ont indigné la société civile et la classe politique. « Un tel ultimatum constitue une violation manifeste du droit à l’éducation garanti dans la Constitution », a déclaré le Women’s Action Forum (WAF), une organisation non-gouvernementale (ONG).
L’organisme a exigé que la sécurité soit pleinement assurée dans les écoles, pour le personnel et les élèves, et demandé au gouvernement de veiller à ce que les établissements scolaires restent ouverts.
ze/at/cb
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions