Ces dernières restent jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à regagner leur foyer. Les visites des proches sont encouragées, afin que ces derniers comprennent que le VIH n'est ni un statut honteux ni un risque sanitaire pour la communauté.
M. Ari ne recevant pratiquement aucun soutien financier, les installations sont rudimentaires. Les femmes et les hommes mariés d’âge mûr partagent une hutte traditionnelle en raphia, avec un foyer ouvert au milieu du sol et un toit qui prend l’eau, tandis que les hommes jeunes possèdent leur propre petite habitation. Au fond de la propriété, M. Ari possède sa propre maison en briques d'adobe.
Un jardin retiré, ou « centre de contemplation », offre une dimension spirituelle à la commune, tandis que des rangées bien nettes de légumes et une petite porcherie offrent les revenus nécessaires pour assurer la subsistance des 14 personnes qui y résident actuellement.
Une guérison spirituelle
Ancien séminariste, M. Ari affirme avoir renoncé à la prêtrise car il souhaitait exercer un impact humanitaire plus direct. En travaillant dans un hôtel, et en réalisant des travaux de tailleur la nuit, il est parvenu à économiser suffisamment d’argent pour verser un acompte sur l’acquisition de la terre pour la commune, même s’il lui reste 2 700 dollars à rembourser.
« J’ai vu de nombreuses personnes tomber malades et souffrir, et j'ai voulu m'investir ; je souhaite que la communauté apporte son aide afin que [mes hôtes] puissent avoir une vie normale », a expliqué M. Ari à IRIN/PlusNews. « Ils puisent de l’espoir en moi, ils trouvent ici la paix, l’amour, et tout ce dont ils ont besoin ».
La réputation de la commune repose sur le bouche à oreille, à tel point que même les établissements de santé de Mount Hagen n’ont découvert son existence que relativement récemment. Agnes Mek, qui dirige la clinique VIH de Rebiamul, est aujourd'hui l'une des plus grandes admiratrices de M. Ari.
« Les patients sont attirés par le lieu de vie de Paul car ils recherchent une aide spirituelle ainsi qu'une aide psychologique. Ils nouent des liens de cohésion sociale », a-t-elle expliqué.
D’après les estimations, à peine plus de deux pour cent de la population de PNG, qui se chiffre à six millions d’habitants, vivent avec le VIH. Cependant, la prévalence de la maladie devrait atteindre plus de cinq pour cent d’ici 2012, avec deux-tiers des cas recensés dans les zones rurales.
Entraide
M. Ari souhaite que les familles prennent « possession » de ses résidents avant d’encourager ces derniers à regagner leur foyer. « J’explique [aux membres des familles] qu’ils n’ont aucun risque de contracter le virus ; je partage ma vie avec eux [les habitants de la commune], mes repas, donc les proches peuvent réellement comprendre ».
Dorothy Elijah, âgée de 20 ans, s'est soumise à un test de dépistage du VIH un mois après son mari, négociant en café à Mount Hagen, décédé en janvier 2008. Elle a découvert sa séropositivité, et récupère auprès de M. Ari depuis qu’elle est tombée malade un mois auparavant. Elle prévoit cependant de retourner chez ses parents, une fois remise sur pied. « Ils ne disent rien [de négatif sur mon statut] », a-t-elle expliqué à IRIN/PlusNews.
D’après une étude de 2007 financée par la Banque asiatique de développement et portant sur la situation du VIH en PNG, « des histoires continuent de circuler concernant l’exclusion, l’abandon, voire même le meurtre de personnes atteintes du VIH ». Il est cependant ajouté que « lorsque des efforts concentrés ont été déployés pour éduquer les familles et les villages, les résultats sont souvent positifs ; autrement dit, les personnes prennent soin de leurs proches, et la vie avec le VIH est moins pesante ».
True Warriors est une organisation de Mount Hagen composée de 300 personnes séropositives. Steven Taka, vice-président de cette organisation, estime que le fait de parler ouvertement de leur statut a contribué à réduire la stigmatisation subie par les membres. « Nous avons révélé notre séropositivité publiquement pour combattre la stigmatisation et la discrimination », a-t-il ajouté.
Helen Samilo, l’une des premières personnes en PNG à avoir publiquement annoncé sa séropositivité, a cependant affirmé que les personnes atteintes du VIH avaient d’autres obstacles à surmonter, l’un des plus difficiles étant un manque d’estime de soi handicapant.
« Les gens se font toujours de fausses idées concernant le VIH ; ils pensent à tort que les personnes [atteintes du virus] ne peuvent rien faire par elles-mêmes, ce qui les rend très dépendantes des organisations qui leur viennent en aide », a-t-elle expliqué à IRIN/PlusNews.
En dépit de la législation visant à protéger les droits des personnes séropositives, « seule la composante de la transmission délibérée a fait l’objet d’une attention », a souligné la Banque asiatique de développement.
Mme Samilo souhaite que soient adoptées davantage de politiques d’autonomisation, afin d’instaurer les conditions professionnelles susceptibles d’encourager les personnes à conserver leur emploi, ou à acquérir de nouvelles compétences qui leur permettraient d’être productives et d’avoir confiance en soi.
« Les gens font preuve de sympathie, [mais] ne manifestent aucune empathie dans la culture de PNG », a-t-elle expliqué. « [Les personnes séropositives] doivent bénéficier d’une plus grande empathie, afin qu’elles puissent être incitées à réaliser quelque chose d’elles-mêmes, pour elles-mêmes ».
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