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Les habitants de Nakuru, déplacés dans leur propre ville

Les habitants de Nakuru constituaient une majorité des nouveaux arrivants au camp de déplacés aménagé dans le champ de foire de la ville pour accueillir les populations des districts voisins, qui fuient pour échapper aux flambées de violence post-électorales, selon un responsable humanitaire local. Le camp compte actuellement 5 900 résidents, a indiqué Jesse Njoroge, le coordinateur, ajoutant que la plupart des 696 nouveaux arrivants venaient de Nakuru même.

Samedi (26 janvier 2008), les violences se poursuivaient pour la troisième journée consécutive à Nakuru, dans la vallée du Rift (centre). Dans le centre-ville, la police tirait en l’air pour disperser de grands groupes de jeunes en colère. Le couvre-feu nocturne et le déploiement de l’armée n’avaient pas suffi à mettre fin à toutes les violences communautaires, et les maisons de la ville continuaient de brûler.

« Sept personnes ont été massacrées à coups de machette à Kaptenbwa, où j’habite », a raconté à IRIN Kefa Magenyi, coordinateur des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) pour le Conseil national des églises du Kenya.
« Beaucoup d’habitations et de commerces ont été incendiés et de nombreuses personnes ont été blessées », a-t-il ajouté. M. Magenyi a également expliqué que sa propre maison avait été incendiée à Kaptenbwa, vendredi après-midi.

Selon plusieurs sources des hôpitaux de Nakuru, 156 personnes, blessées au cours des violences, y ont été soignées et à minuit, neuf d’entre elles avaient succombé à leurs blessures. Bon nombre avaient été blessées à la machette.

« Nous n’avons pas le bilan exact des victimes, mais alors même que je faisais mes visites, ce matin [samedi], deux jeunes hommes sont décédés au service des urgences », a rapporté George Mugenya, directeur médical de l’hôpital.

Le service des urgences de l’hôpital était le théâtre d’un bien triste spectacle : plusieurs jeunes hommes, blessés à la machette, y saignaient abondamment. Un autre avait été brûlé vif après avoir été aspergé d’essence. Une équipe d’infirmiers et d’agents cliniques, envoyée par Médecins sans frontières, était venue grossir les rangs du personnel hospitalier et l’on attendait également une équipe de la Croix-Rouge, selon des sources de l’hôpital.

Les hostilités opposaient essentiellement les jeunes de la communauté ethnique kikuyue et de l’ethnie des Kalenjins. Plusieurs habitations ont été incendiées, des habitants ont été attaqués dans la rue ou à des barrages routiers, d’autres ont été pris pour cible après que leur nom, qui apparaissait sur leur carte d’identité, eut révélé leur appartenance ethnique.

Le journaliste d’IRIN a vu un homme se faire lapider sur une route ; l’homme a ensuite été admis à l’hôpital. Selon les habitants, les membres des communautés luoe et luhyae de la ville se faisaient également jeter à la porte de chez eux ; bon nombre d’entre eux ont trouvé refuge au commissariat de police de la ville, vendredi soir.

Débordement

Jusqu’à jeudi, la ville de Nakuru avait échappé aux violences post-électorales qui ont fait plus de 600 morts dans l’ensemble du pays. Mais la vallée du Rift a été particulièrement touchée par la violence.

« Il pourrait s’agir d’un débordement de la violence depuis les régions voisines de Molo et Kuresoi », a estimé M. Magenyi.

Les flambées de violence qui ont eu lieu dans ces districts ont en effet abouti à une multiplication du nombre des personnes déplacées à Nakuru, dont les récits ont ensuite attisé la colère des habitants de la ville.

Selon plusieurs analystes et associations de défense des droits humains, ces violences post-électorales ont été planifiées et orchestrées, au moins en partie, par les politiciens et les chefs des communautés.

Quelque 1 880 déplacés sont arrivés au camp de PDIP du champ de foire de Nakuru jeudi, dont 991 étaient originaires de Molo. « Il s’agit du plus grand nombre [de déplacés] que nous ayons reçu en un seul jour – le camp est submergé », a déclaré Jesse Njoroge, le coordinateur du camp.

elon M. Njoroge, la plupart des 696 personnes qui étaient arrivées au camp samedi venaient de la ville même, et le camp compte désormais 5 900 résidants. Toujours d’après M. Njoroge, les résidants du camp ont reçu des menaces des jeunes de la ville et des jeunes PDIP ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’incendier les biens des populations locales.

Pendant toute la journée de vendredi, 400 jeunes PDIP montaient la garde autour du camp, la police, submergée par les flambées de violence qui secouaient la ville, n’ayant pu poster que six agents pour protéger les PDIP. Le soir venu, néanmoins, des renforts étaient arrivés de Nairobi, et plus d’une cinquantaine de policiers se trouvaient au camp pour en renforcer la sécurité.

La ville de Nakuru compte quelque 300 000 habitants, dont bon nombre appartiennent à la communauté kikuyue. Toutefois, la province de la vallée du Rift a été, de tout temps, le territoire des Kalenjins et au cours des deux dernières décennies, elle a été le théâtre de conflits fonciers.

Les dernières violences ont eu lieu en dépit d’une rencontre symbolique, organisée le 24 janvier entre le président Mwai Kibaki et Raila Odinga, leader de l’opposition, à Nairobi, et négociée par Kofi Annan, médiateur de l’Union africaine.

kr/bp/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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