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Sans abri dans leur propre patrie – les dangers de l’évacuation des déplacés

Des milliers de personnes déplacées par les récentes violences post-électorales au Kenya sont actuellement évacuées vers des régions qui, bien que plus rassurantes pour leur sécurité, en raison de leur homogénéité ethnique, risquent de les condamner à un dénuement total, car très peu de déplacés y possèdent une habitation, a prévenu le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Selon Pamela Sittoni, chargée de communication à l’UNICEF-Kenya, son agence est « préoccupée par le sort de ces familles qui se retrouveront sans rien et sans aide » lorsqu’elles arriveront dans des villes comme Nakuru, où les risques d’agression physique sont moindres que dans les régions de l’ouest qu’elles viennent de fuir.

Des dizaines de milliers de personnes ont abandonné leurs habitations situées pour la plupart dans la province multiethnique de la vallée du Rift, la région la plus touchée par les violences post-électorales. Les communautés censées avoir voté pour le président Mwai Kibaki, un membre de l’ethnie Kikuyu, ont été prises pour cibles par les partisans de Raila Odinga, le candidat de l’opposition, qui a contesté la réélection de M. Kibaki au motif que l’élection présidentielle du 27 décembre aurait été entachée d’irrégularités.

« Notre inquiétude à l’UNICEF est que, lorsque ces personnes retourneront dans ces districts et que les autorités jugeront qu’il n’y a plus de troubles dans les régions d’où elles sont évacuées, on nous dira que la situation est redevenue normale ; mais nous ne pensons pas que la vie reprendra son cours normal pour ces personnes qui sont actuellement rapatriées dans des districts où elles ne vivent pas en réalité », a affirmé Mme Sittoni.

« L’UNICEF est inquiet parce que ces familles seront dénuées de tout et n’ont aucune aide », a-t-elle ajouté.

Selon les estimations des Nations Unies, les récentes émeutes post-électorales ont fait au moins 250 000 déplacés.

La province de la vallée du Rift est essentiellement peuplée de Kalenjin, le groupe ethnique majoritaire, mais les Kikuyu, qui représentent un groupe minoritaire important au sein de la population de la province, ont été les principales victimes des violences aussi bien dans cette province que dans d’autres régions de l’ouest du Kenya, en dehors de la ville de Kisumu.

Les personnes déplacées ayant souhaité quitter la vallée du Rift ont bénéficié d’une escorte de l’armée pour se rendre dans les régions qu’elles estimaient plus sûres en raison de leur homogénéité ethnique.

Selon Mme Sittoni, l’UNICEF s’est également dit préoccupé par le fait que les établissements médicaux et les écoles pourraient faire face à une pénurie de personnel en raison du déplacement et de l’évacuation des populations des régions touchées par la violence.

Entre temps, l’organisation non-gouvernementale Save the Children a révélé que près de la moitié des personnes déplacées et blessées étaient des enfants.

« Des milliers d’enfants ont été profondément marqués par ce qu’ils ont vécu. Les camps sont pleins d’enfants en pleurs et inconsolables, et leurs parents sont eux aussi trop traumatisés pour pouvoir faire face à la situation », a déclaré Jan Coffey, directeur pays de Save the Children. « Ils ont peur, ils sont troublés et vulnérables et dans bien des cas, ils sont sans abri et n’ont pas assez de vivres ou d’eau ».

Selon Sharad Shankardass, porte-parole de UN-Habitat, il faudrait envisager un programme de réhabilitation à long terme, en particulier pour les déplacés qui décideraient de ne pas rejoindre leur maisons dans les régions ravagées par les violences.

« Cela pose un problème beaucoup plus complexe qui doit être réglé avec le concours des autorités kényanes – notamment en ce qui concerne la restitution des terres et des biens – ; il faut trouver un moyen pour s’assurer que les personnes puissent retrouver leurs maisons et leurs biens ou, à défaut, qu’un logement leur soit proposé », a indiqué M. Shankardass.

Quant au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, il a affirmé que des convois de camions transportant une aide alimentaire pour les personnes déplacées se dirigeaient vers l’ouest du Kenya.

Vingt camions, chargés de 670 tonnes de nourriture – une quantité suffisante pour nourrir au moins 70 000 personnes pendant deux semaines – sont arrivés à Nairobi le 6 janvier en provenance du port de Mombasa. Neuf de ces camions ont déchargé leurs cargaisons de nourriture à Nairobi, les 11 autres se sont dirigés vers la ville d’Eldoret, le 7 janvier. Le PAM a également fait partir des vivres d’Eldoret vers la ville de Kisumu, où les violences post-électorales ont fait des milliers de déplacés.

jn/am/sr/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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