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Armée et rebelles responsables d’exactions contre les civils – activistes des droits humains

L’armée et les rebelles nigériens doivent apporter une réponse officielle aux accusations des groupes de défense des droits humains selon lesquelles les deux parties ont commis des exactions à l’encontre des civils.

« A ma connaissance, il n’y a eu aucun crime », a affirmé Oumarou Boubacar, commandant de l’armée nigérienne à Agadez, la capitale du nord du Niger où des crimes auraient eu lieu.

« Nous sommes une armée moderne. Nous respectons le droit humanitaire », a-t-il dit à IRIN au téléphone, le 20 décembre.

Le 19 décembre, Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International ont publié des rapports accusant l’armée nigérienne d’avoir procédé à des exécutions sommaires de civils en représailles aux attaques de la rébellion. Quant aux rebelles, explique HRW, ils sont accusés d’avoir utilisé des mines et d’agressions sur les populations civiles.

Le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) a lancé des attaques contre les avant-postes de l’armée gouvernementale dans le nord pour revendiquer une meilleure répartition des revenus de l’exploitation de l’uranium du Niger et un traitement plus équitable des Touaregs, l’ethnie dominante de la région.

HRW a appelé les deux parties à cesser les « attaques délibérées et indiscriminées » à l’encontre des civils.

Depuis le début du conflit armé en février, les groupes de défense des droits humains accusent la rébellion d’avoir recours à l’utilisation indiscriminée de mines terrestres, des mines qui auraient tué au moins 49 soldats au cours des derniers mois. Selon HRW, sur les 80 personnes tuées et blessées, au moins 16 étaient des civils.

Pour sa part, Amnesty International a affirmé qu’au moins 13 civils avaient été agressés par les forces de sécurité nigériennes au cours des quatre dernières semaines.

HRW a pu s’entretenir avec des témoins oculaires de ces exactions.
« Un jour, j’allais chercher de l’eau à un des puits de la ville quand un véhicule militaire circulant sur la route a sauté sur une mine », a raconté à HRW une jeune dame qui a fui Iférouane, une ville du nord du Niger.

« Peu après les soldats furieux se sont mis à tirer en l’air – dans tous les sens, et dans tout le village. Ils sont allés dans les maisons pour rechercher la personne qui avait posé la mine et se sont mis à brutaliser toutes les personnes qu’ils croisaient sur leur chemin », a-t-elle ajouté.

Contacté par téléphone par IRIN pour avoir des informations sur cet incident, Mohamed Ben Omar, ministre de la Communication a déclaré avant de raccrocher¨: « Nous n’avons aucune information à vous communiquer pour le moment ».
Mais selon l’agence Reuters, les autorités nigériennes ont dénoncé le 21 décembre les affirmations des organisations de défense des droits humains qu’elles qualifient de tendancieuses et de mensongères.

Néanmoins, à en croire les rapports de plusieurs services de presse, le gouvernement a admis avoir tué « accidentellement » sept civils au cours d’un échange de tirs entre les rebelles du MNJ et les forces armées, le 9 décembre.

Responsabilité des rebelles

Interrogés par HRW, les rebelles ont admis avoir posé des mines terrestres sur les principaux axes routiers d’Agadez, d’Iférouane et d’Arlit.
« [Les rebelles] ont affirmé qu’ils avaient pour cible les véhicules militaires, dont ceux utilisés pour escorter les convois civils », peut-on lire dans le rapport de HRW.

Les rebelles sont également suspectés d’avoir placé les mines antichar qui ont tué deux civils le 10 décembre à Maradi et Tahoua, deux villes du sud du Niger.

Ils ont toutefois nié être les auteurs de ces attentats, rejetant plutôt la responsabilité de ces morts sur l’armée. « Aucun élément du MNJ ne pourrait prendre pour cible les civils », a déclaré à IRIN Moktar Roman, porte-parole du MNJ en Belgique, à la suite de ces incidents.

L’impact humanitaire

Bien qu’elles ne soient pas répandues et systématiques, les exactions commises par les deux parties semblent avoir augmenté au cours des deux derniers mois, a affirmé Corinne Dufka, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à HRW.

Les rapports de HRW d’Amnesty corroborent les récents témoignages des travailleurs humanitaires locaux et internationaux selon lesquels les habitants touaregs d’Iférouane – une ville garnison en territoire contrôlé par la rébellion – ont fui en masse.

Bon nombre de ces habitants vivent actuellement à Arlit et Agadez, mais ne reçoivent que très peu d’assistance, a confié à IRIN SOS-Iférouane, une ONG locale.

Selon Mme Dufka, l’armée aurait détruit les moyens de subsistance de la population pour leur infliger une punition collective.
« Les Touaregs comptent beaucoup sur le bétail pour vivre », a-t-elle expliqué à IRIN. « Nous craignons que, compte tenu de l’augmentation du prix des denrées de première nécessité [due à l’absence d’activités commerciales causée par le conflit], la situation ne débouche sur une crise alimentaire ».

Les groupes de défense des droits humains accusent également les soldats de l’armée nigérienne d’être les auteurs d’au moins deux viols et d’avoir procédé à des arrestations arbitraires, alors que les rebelles sont accusés d’actes de banditisme à l’encontre de populations de groupes ethniques du sud.

ha/dh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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