Selon des défenseurs des droits humains et des autorités provinciales afghanes, des enfants sont recrutés et dans certains cas abusés sexuellement par la police et/ou ses milices supplétives, ainsi que par certaines sociétés privées de sécurité et des Talibans.
Au moins 200 garçons de moins de 18 ans servent actuellement dans les rangs de la police nationale afghane (ANP) et d’une force de police auxiliaire semi-officielle dans la province de Kandahar, une région du sud de l’Afghanistan en proie à une insurrection armée, a indiqué Abdul Qader Noorzai, responsable de la commission afghane indépendante pour les droits de l’homme - Afghanistan Independent Human Rights Commission/AIHRC) - dans la province de Kandahar.
Certains enfants sont recrutés à des fins militaires et non militaires par des milices locales payées par le gouvernement pour appuyer la nouvelle police nationale afghane dans les provinces volatiles du sud. Mais en l’absence de mécanismes de contrôle et compte tenu du caractère informel de ces forces auxiliaires, l’utilisation d’enfants soldats et les abus dont ils sont victimes ne sont pas rapportés.
« Les enfants sont utilisés à différentes fins », a expliqué M. Noorzai. « La plupart d’entre eux ont été victimes d’abus sexuels, d’autres sont employés pour accomplir toutes sortes de tâches, notamment la cuisine, le nettoyage, les patrouilles de jour et même les combats de nuit », a-t-il ajouté.
Saeed Aqa Saqib, chef de la police à Kandahar, a confié à IRIN qu’au cours des neuf derniers mois, plusieurs agents de police avaient été licenciés, mutés ou fait l’objet d’autres mesures disciplinaires parce que des enfants figuraient parmi leurs proches collaborateurs.
« Nous prenons très au sérieux ce problème [des enfants soldats] et nous ne tolérerons pas que ce phénomène se produise dans nos rangs », a expliqué M. Saqib.
Dans au moins deux incidents distincts, en août et en septembre, deux enfants soldats mineurs recrutés au quartier général de la police de Kandahar ont été renvoyés par le bureau provincial de l’AIHRC.
« J’ai dit aux enfants de rentrer chez eux et de ne pas fréquenter le personnel militaire », a rappelé M. Noorzai, ajoutant que les agents recruteurs avaient été sanctionnés.
Les sociétés privées de sécurité
Des garçons mineurs sont aussi employés par des sociétés privées de sécurité, en particulier dans les provinces de Kandahar et de Helmand, a indiqué un haut fonctionnaire, qui a requis l’anonymat.
« Les auxiliaires de police et les sociétés privées de sécurité utilisent fréquemment des enfants soldats, mais le gouvernement et l’AIHRC n’ont pas les moyens de contrôler, de mener des enquêtes ou d’arrêter les responsables de ces structures », a indiqué le fonctionnaire.
Le chef de la police et le responsable de l’AIHRC dans la province de Kandahar ont reconnu que les forces auxiliaires et les sociétés privées de sécurité avaient été épargnées par les enquêtes et les contrôles officiels relatifs à l’utilisation d’enfants soldats.
Au moins deux sociétés privées de sécurité se sont abstenues de commenter le problème du recrutement d’enfants soldats et ont décliné la proposition d’IRIN de se rendre à leur siège.
Les principales raisons derrière le recrutement des enfants mineurs – surtout chez les garçons âgés entre 10 et 17 – sont la pauvreté et le chômage, mais aussi un certain sens du prestige que confère le port des armes.
Des insurgés mineurs
Les autorités afghanes accusent également les Talibans et les autres forces hostiles au gouvernement d’utiliser délibérément des enfants dans leurs opérations militaires et illégales. Les Talibans les utilisent notamment comme fantassins et les forcent à commettre des actes de violence, ont-ils indiqué.
Photo: Ahmad/IRIN |
Des insurgés talibans sont accusés d'utiliser des enfants dans les opérations militaires |
En avril, des insurgés talibans faisaient circuler une vidéo montrant un jeune garçon décapiter un homme accusé d’activités anti-Talibans.
« L’UNICEF s’est dit très préoccupé par l’implication d’un nombre de plus en plus important d’enfants et de jeunes dans les actes de violence pendant les conflits », a expliqué à IRIN Patrick McCormick, un porte-parole de l’UNICEF à New York.
Selon les Nations Unies, plus de 7 500 enfants soldats ont bénéficié des programmes DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) entre avril 2003 et juin 2006 dans le cadre des efforts de consolidation de la paix pendant la période post-Taliban en Afghanistan.
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