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Des taux de malnutrition inacceptables - UNICEF

La communauté internationale envoie des aliments thérapeutiques aux communautés du Togo, où, dans certaines régions, une étude des Nations Unies sur la santé et le bien-être des enfants a révélé que près d’un enfant sur trois souffrait de malnutrition aiguë.

Cette étude, réalisée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2006, qualifie « d’inacceptables » les taux de malnutrition élevés enregistrés dans deux régions du nord du pays et dans une région du sud. L’UNICEF se prépare à lancer un projet qui, selon l’organisation, permettra de sauver la vie de nombreux enfants et de prévenir la malnutrition, qui, d’après l’étude, est responsable de 51 pour cent des décès d’enfants au Togo.

« La malnutrition aiguë est l’indicateur d’une détérioration nette de l’état général d’une population », a expliqué Stéphane Quinton, directeur des bureaux ouest-africains d’ECHO, le bras humanitaire de la Commission européenne.

ECHO, qui a récemment mené une mission d’évaluation au Togo, a versé 500 000 euros (683 000 dollars) pour aider les enfants des régions touchées, où, de l’avis de M. Quinton, les conditions « se sont considérablement aggravées ».

Selon l’étude de l’UNICEF, approuvée par le gouvernement togolais en mai 2007, dans les régions des Savanes et de la Kara (nord), le taux de malnutrition aiguë s’élève respectivement à 32 et 24 pour cent. Ce taux est de 17 pour cent dans la région Maritime, dans le sud, près de Lomé, la capitale.

Le taux national est de 14,3 pour cent, soit le double de ceux enregistrés au Bénin et au Ghana, pays voisins du Togo, et l’équivalent de ceux enregistrés dans des régions de certains pays du Sahel, tels que le Niger, le Burkina Faso ou le Mali. Il se situe à peine en-deçà du seuil d’urgence défini par l’Organisation mondiale de la santé, ont affirmé plusieurs responsables d’organisations humanitaires.

Le Togo, qui compte environ 6,1 millions d’habitants, fait partie des 20 pays les plus pauvres du monde, où d’après les Nations Unies, la situation nutritionnelle des enfants s’est aggravée en termes absolus, au cours des dix dernières années. Malgré cela, des antécédents de corruption et de mauvaise gouvernance ont limité l’aide au développement accordée au pays et dissuadé les organisations humanitaires d’y intervenir.


Photo: UNICEF
Les mauvais soins de santé, prodigués aux enfants par de jeunes épouses sans grande expérience, sont un facteur contribuant à la malnutrition des enfants, selon l'UNICEF

Une conjonction de causes

Au Togo comme ailleurs, les causes de la malnutrition sont multiples, selon les experts de la santé. « Comme c’est le cas dans d’autres pays de la région, plusieurs facteurs se conjuguent pour provoquer la malnutrition des enfants au Togo, dont la région nord se trouve à la lisière du Sahel », a expliqué Victor Aguayo, conseiller principal en nutrition de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
 
« Parmi ces facteurs, on recense la mauvaise alimentation des enfants, qui ne reçoivent pas une nourriture appropriée, de qualité et en quantité suffisante ; le manque d’accès aux services de santé essentiels, à l’eau et aux systèmes d’assainissement ; et les taux croissants de pauvreté et de vulnérabilité, notamment chez les femmes ».

Selon plusieurs responsables humanitaires, il est difficile de savoir dans quelle mesure les taux élevés de malnutrition et de mortalité infantiles enregistrés au Togo sont dus au peu d’aides accordé par les bailleurs de fonds. Un lien entre les deux n’est pourtant pas à exclure.

« Il est difficile de démêler l’impact que le manque de soutien des bailleurs a eu sur la santé des enfants », a expliqué à IRIN M. Aguayo. « Mais, de toute évidence, le peu de soutien qu’a reçu le Togo n’a pas joué en la faveur des enfants et peu de gens diraient le contraire ».

Tournant

Selon le représentant de l’UNICEF au Togo, le projet qui sera lancé dans les prochains jours, financé à hauteur de 2,3 millions de dollars par le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) des Nations Unies, pourrait marquer un tournant. « Il s’agit de la première fois depuis longtemps que de telles sommes sont accordées pour financer une action humanitaire au Togo », selon Una McCauley. « Nous espérons que cela marquera la réapparition du Togo au programme d’action de la communauté internationale ».

La subvention versée par le CERF permettra de financer un projet lancé conjointement par l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) et qui vise à fournir des aliments thérapeutiques et complémentaires à 93 000 enfants de moins de cinq ans – les enfants des régions de la Kara et des Savanes, et de la région Maritime que l’on sait atteints de malnutrition aiguë ou aiguë modérée.

Des responsables de l’UNICEF et du gouvernement se rendent à l’heure actuelle dans les centres de santé communautaires pour former le personnel de santé aux soins des enfants atteints de malnutrition et à la prévention de cette affection, et ces formations vont se poursuivre, selon plusieurs responsables humanitaires.

Le projet, qui coïncidera avec l’étude de l’UNICEF sur les causes de la malnutrition au Togo, s’inscrit dans le cadre d’un effort plus global, déployé en vue de lutter contre la malnutrition dans le pays. « L’objectif immédiat de cette action est de sauver des vies », a déclaré Stéphanie Savariaud, porte-parole du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
 
« Mais ce programme s’inscrit dans le cadre d’un effort concerté plus global, visant à améliorer la sécurité alimentaire au Togo » par le biais de la prévention et de l’éducation nutritionnelle, ainsi que d’une aide agricole accordée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

« Bon nombre des bébés mal nourris que nous voyons sont les enfants de ces fillettes – âgées de 15 à 17 ans, et qui n’en savent pas assez sur les soins de santé à prodiguer aux enfants »
ECHO finance les aliments thérapeutiques et les soins, l’approvisionnement en moustiquaires traitées, la formation des travailleurs de la santé, et l’aide aux programmes de prévention de la malnutrition, selon M. Quinton.

Mariage précoce, maternité précoce

Selon certains responsables humanitaires, l’étude des causes de ces taux élevés de malnutrition et de mortalité infantiles est tout aussi importante que l’aide immédiate. « Nous ne savons pas exactement quelles en sont les causes exactes [au Togo] », a observé M. Quinton d’ECHO. « Nous devons nous pencher là-dessus ».

Dans son étude des causes de la malnutrition, l’UNICEF s’intéressera de près au rôle des facteurs culturels et socioéconomiques, selon Mme McCauley de l’UNICEF. D’après elle, le mariage précoce, notamment, est une cause probable, particulièrement dans les régions de la Kara et des Savanes (nord).

« Le problème repose en bonne partie sur le fait que ces régions présentent des taux élevés de mariages précoces et d’analphabétisme chez les filles », a-t-elle expliqué. « Bon nombre des bébés mal nourris que nous voyons sont les enfants de ces fillettes – âgées de 15 à 17 ans, et qui n’en savent pas assez sur les soins de santé à prodiguer aux enfants ».

Selon le rapport publié en 2006 par l’UNICEF, les régions de la Kara et des Savanes présente les taux les plus faibles de scolarisation dans le primaire, soit 64 et 48 pour cent respectivement.

np/nr/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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