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Les femmes des bidonvilles se battent pour nourrir leur famille

Patricia Atieno vit à Kibera, un grand bidonville de Nairobi, la capitale kenyane, et passe généralement ses matinées à rechercher un emploi temporaire d’aide ménagère dans les autres quartiers de la ville.

« Il y a près de dix ans maintenant que je travaille comme aide ménagère et ma famille compte sur mes revenus pour vivre », a-t-elle indiqué. « Avant, il était plus facile de trouver du travail ; ce n’est plus le cas de nos jours. Les employeurs vous embauchent et vous licencient sans discernement ».

Comme Mme Atieno, beaucoup de femmes des bidonvilles de Nairobi sont des soutiens de famille. « Nous devons travailler dur et passer de quartier en quartier pour accroître nos chances de trouver un emploi », a-t-elle ajouté.

Et ces femmes viennent de plus de 200 bidonvilles de la ville, dont ceux de Mathare, de Mukuru et de Kawangware, et celui de Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique, qui compte plus de 750 000 habitants.

Selon le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), les bidonvilles de Nairobi sont surpeuplés, les habitations sont très proches les unes des autres et quatre à six personnes vivent dans une même pièce. En outre, les services disponibles sont rudimentaires, et les taux de morbidité et de mortalité y sont élevés.

D’après les autorités municipales, plus de 1,6 million de personnes (sur les quelque 3,5 millions d’habitants que compte la ville) vivent dans des bidonvilles, ou « habitations informelles ». La plupart de ces habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté – avec un salaire hebdomadaire inférieur à 7 dollars américains -, selon certains experts.

Les femmes recherchant un emploi d’aide ménagère sont payées à peine 200 à 350 shillings kenyans (3 à 5 dollars) par tâche. Agées de 14 à 40 ans, elles sont assises à la périphérie des quartiers résidentiels huppés et attendent, pendant près de sept heures par jour, qu’un employeur veuille bien les embaucher.

Malgré la précarité de leur emploi, ces femmes disent qu’elles préfèrent effectuer des tâches ménagères plutôt que de s’adonner à la prostitution.

Le harcèlement sexuel

Toutefois, la plupart de ces femmes se plaignent du harcèlement sexuel dont elles font l’objet sur leur lieu de travail.

« Généralement, nous faisons la lessive, repassons et nous occupons de l’entretien de la maison », a expliqué une femme qui a requis l’anonymat. « Mais parfois, des employeurs mal intentionnés nous demande d’autres faveurs ».

« J’ai toujours quelques appréhensions lorsqu’un homme veut m’embaucher comme aide ménagère car, à plusieurs reprises, j’ai été obligée d’avoir des relations sexuelles avant de percevoir mon salaire », a-t-elle ajouté. « Le harcèlement sexuel est très fréquent dans ce métier. Nous avons désespérément besoin d’argent et nous cédons parfois ».

Selon Njoki Ndungu, la députée kenyane à l’origine d’un nouvel article du code pénal visant à rendre plus sévères les sanctions prises à l’encontre des auteurs de violences sexuelles, une femme est violée toutes les 30 minutes au Kenya.

« Les offres d’emploi se font rares et les risques pour les femmes sont plus grands ; on peut se faire violer ou se faire mordre par des chiens », a déploré Mme Atieno. « Lorsqu’on reste sans travailler pendant plusieurs jours, on commence à se sentir rejetée et suicidaire ».

Les femmes affirment qu’elles ne peuvent se plaindre à personne.
« Il n’y a personne pour défendre nos droits », s’est plainte une femme. « Lorsque nous sommes agressées ou violentées, nous ne pouvons nous adresser à personne. Même la police ne nous vient pas toujours en aide ».

Malgré tout, ces femmes n’ont pas vraiment le choix.

« Je ne suis pas instruite et c’est le grand problème », a affirmé une des femmes de Kibera. « Ce métier est difficile, mais mes chances de m’en sortir auraient été meilleures si j’avais été à l’école [car] j’aurais pu trouver un emploi dans un supermarché, une entreprise ou un hôpital », a-t-elle conclu.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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