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Malaise au sein de la police à propos de la répression des opposants

Alors que les forces de sécurité zimbabwéennes sont très critiquées pour leur répression contre des militants de l’opposition, certains agents de police avouent avoir souvent agi sous la contrainte.

Tous soutiennent avoir, contre leur gré, arrêté et parfois torturé des activistes pro-démocratie et expliquent qu’ils ont été contraints d’exécuter les ordres de leurs supérieurs.

« Depuis la vague d’arrestations et de répression déclenchée contre les opposants, le 11 mars dernier, je me suis retrouvé dans des situations très pénibles et j’ai commis des actes que je n’aurais pas acceptés de mon propre gré », a indiqué un agent de police qui a choisi le pseudonyme Zex.

Zex raconte qu’il a pris part à la campagne de répression menée actuellement contre le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti d’opposition, qui a affirmé que 600 de ses membres ont été enlevés, torturés ou arrêtés pour des délits montés de toutes pièces.

« J’ai battu et arrêté des militants de l’opposition à Harare [la capitale], où j’ai été affecté, mais chaque fois que je l’ai fait, j’ai eu de gros remords parce que j’ai commis ces actes contre ma volonté », a-t-il regretté.

« Après tout ce sont des militants qui aspirent au changement de régime que je souhaite également. Mais étant donné que je ne suis qu’un agent de police et qu’il y a toujours quelqu’un qui nous observe et nous donne des ordres, je ne peux malheureusement rien faire pour m’y opposer. Si je refusais de les exécuter, les sanctions pourraient être plus graves que celles infligées aux militants que j’ai battus ou vus torturer », a ajouté l’agent Zex.

Selon le MDC, depuis le 11 mars, deux de ses membres ont été tués par la police au cours d’affrontements entre les forces de sécurité et des activistes pro-démocratie qui se rendaient à une réunion de prière à Harare.

D’après Nelson Chamisa, porte-parole du MDC, un activiste a été abattu sur le champ et un deuxième est décédé quelques jours plus tard des suites de ses blessures.
Plusieurs responsables du MDC dont Morgan Tsvangirai, le leader d’une des factions du mouvement, ont été arrêtés et brutalisés par la police pendant leur détention.

A en croire un autre agent de police qui a souhaité garder l’anonymat, tous ses collègues qui avaient refusé d’exécuter les ordres avaient été torturés.

« Ce n’est pas facile de refuser de battre des militants du MDC lorsque votre supérieur hiérarchique vous l’ordonne. Je connais des collègues qui ont subi de graves tortures pour avoir refusé d’exécuter les ordres de nos supérieurs ».

Wayne Bvudzijena, porte-parole de la police, a démenti ces propos.

« Comment pouvons-nous nous en prendre à nos propres forces de police ? », a-t-il lancé, en réponse aux accusations selon lesquelles des agents de police auraient été contraints de battre des militants de l’opposition.

« Personne [agent de police] n’a le droit de taper qui que ce soit. Toutefois, dans certains cas, l’usage de la force est nécessaire pour disperser la foule et cela se passe dans d’autres pays. L’arrestation, en elle-même, est un recours à la force contre un individu. Je pense qu’ils essaient de travestir la réalité. Nous n’avons jamais incité nos agents à attaquer des civils », a-t-il soutenu.

Selon un agent de police, bien que les forces de sécurité soient restées fidèles au gouvernement, la plupart de ses membres, en particulier les jeunes, en ont assez des dirigeants actuels et souhaitent un changement de régime.

« Le mécontentement est profond au sein des jeunes éléments des forces de sécurité de la police et de l’armée ; mais puisque nos supérieurs sont satisfaits de la situation qui prévaut dans le pays et qu’ils sont surtout bien payés, nous ne pouvons rien faire », a-t-il dit.

« Je travaille à Bulawayo, la deuxième ville du pays, et nous avons l’ordre de tirer pour tuer en cas de mouvement de protestations manifeste. Depuis que cet ordre a été donné, les sentiments au sein de la police sont mitigés. Certains agents y sont favorables, en particulier ceux qui profitent du régime en place, alors que les bas salaires, comme moi, y sont opposés. Nous sommes également pour un changement de régime, mais nous nous trouvons dans une position bien plus inconfortable », a-t-il fait observer.

Des agents de police mal payés

Toutefois, a-t-il ajouté, les agents des autres services de sécurité de l’Etat, en particulier ceux de la CIO, l’agence de renseignements du Zimbabwe, semblent soutenir le parti au pouvoir et accomplissent fidèlement leurs missions parce qu’ils sont très bien payés.

Après la récente revalorisation toute particulière des salaires du personnel de la CIO, l’agent le moins payé actuellement a un salaire mensuel de 400 dollars américains, contre 200 dollars pour un agent de police ou un soldat.

Pour la plupart des Zimbabwéens, il est aujourd’hui extrêmement difficile de survivre dans un pays ayant un taux d’inflation supérieur à 1 700 pour cent, un record dans le monde.

Les vagues de répression contre les activistes pro-démocratie ont également eu d’autres conséquences : plusieurs commissariats du pays ont été incendiés.

La police a accusé le MDC d’être à l’origine de ces attaques, ce que l’opposition dément catégoriquement. Selon les opposants, le gouvernement a orchestré ces violences pour réprimer ses adversaires politiques afin de les réduire au silence avant les prochaines élections présidentielle et législatives de 2008.

« Nous savons qu’il y a de bons éléments au sein des forces de sécurité », a dit Job Sikhala, le spécialiste des affaires de défense au MDC, « et certains ont même démissionné de la police et de l’armée pour manifester leur mécontentement ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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