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Crainte d’une escalade de la violence

Les manifestations pourraient devenir encore plus violentes après la vague d’attentats à la bombe contre un train de passagers, un supermarché et un commissariat de police le week-end dernier, ont prévenu des activistes pro-démocratie.

En réaction à cette nouvelle violence, la police a annoncé qu’elle avait désormais l’autorisation d’utiliser des balles réelles. M. Wayne Bvudzijena, adjoint au commissaire et porte-parole de la police, a déclaré au quotidien officiel, The Herald, que la police avait renforcé ses patrouilles et avait reçu « l’autorisation d’ouvrir le feu en cas de manifestations violentes ».

« Nous avons l’autorisation de faire usage de nos armes à feu dans de telles circonstances », a indiqué M. Bvudzijena.

Une bombe a explosé dans le supermarché d’Harare, la capitale, le 24 mars et des militants de l’opposition seraient suspectés d’avoir lancé des grenades lacrymogènes et des cocktails Molotov sur un train de 750 passagers à destination de Bulawayo.
Cet incident, qui s’est produit le 23 mars lors d’un arrêt du train dans une gare située à quelques kilomètres de Harare, a fait cinq blessés.

Les blessés, dont une femme enceinte, ont été transportés à l’hôpital principal de Harare, et le choc a provoqué une fausse couche chez cette femme.

A Mutare, à quelque 300 kilomètres à l’est de Harare, des individus non identifiés ont attaqué au cocktail Molotov un commissariat de police, mais l’attaque n’a fait aucune victime.

« Nous n’avons procédé pour l’instant à aucune arrestation, mais nous savons que les militants du MDC [Movement for Democratic Change], le parti d’opposition, ont lancé une campagne de violence contre le gouvernement », a dit M. Bvudzijena.
La semaine dernière, « ils ont tenté en vain d’incendier un train de passagers à Bulawayo. Nous sommes sur des pistes et nous procèderons bientôt à des arrestations », a-t-il ajouté.

Un détective de la police a confié à IRIN qu’une note de service circulait dans tous les commissariats du pays autorisant les agents de police à faire usage de leur arme à feu.
« Ce que nous redoutons de plus en plus est que si la police n’adopte pas une attitude plus ferme face à cette montée de la violence, la situation peut dégénérer », a affirmé le détective sous le couvert de l’anonymat.

Le MDC désapprouve l’usage des bombes. « Nous n’avons rien à voir avec ces événements. N’importe qui pourrait avoir commis de tels actes, y compris la police ou la CIO [Zimbabwe Central Intelligence Organisation), les services de renseignements du Zimbabwe et nous en attribuer la responsabilité », a déclaré Nelson Chamisa, le porte-parole du MDC.

« Il y a aura certainement d’autres actes de violence, non pas parce que les gens aiment la violence, mais parce qu’ils sont frustrés », a commenté John Makumbe, un analyste politique.

Les Zimbabwéens « n’aspirent qu’à un changement de régime et le sentiment général est qu’ils n’ont rien à perdre. Ils ont déjà tout perdu, d’où leur détermination à affronter le gouvernement, comme le montre les récentes manifestations de rue », a-t-il dit.

Avec un taux d’inflation annuel supérieur à 1 700 pour cent, une pénurie de devises étrangères, de vivres et de carburant, le Zimbabwe fait face depuis deux mois à une montée de la tension sociale. Et la situation a dégénéré le mois dernier avec la décision de la police d’interdire les rassemblements politiques.

Après le meurtre d’un opposant par la police, le passage à tabac des leaders politiques pendant leur détention, les grèves et les manifestations de rue, ce sont actuellement les commissariats de police du pays qui sont la cible des attentats à la bombe.

Selon Lovemore Madhuku, un expert politique et président de la NCA (National Constitutional Assembly), une coalition d’associations de la société civile, malgré la répression des manifestations par les agents de la police d’Etat, il est clair que les Zimbabwéens sont plus que jamais déterminés à prendre en main leur avenir.

« C’est une situation dangereuse qui pourrait dégénérer en conflit civil généralisé ... Comme le dit un vieil adage, ventre affamé n’a point d’oreille. Les gens ont faim et soif de changement », a affirmé M. Madhuku.

« Ce qui envenime la situation, c’est que le gouvernement a resserré son étau autour de l’espace politique ; l’interdiction des réunions a contribué à accroître la frustration de nombreuses personnes, d’où les violents affrontements avec la police » a-t-il fait remarquer.

Quant aux partis politiques, ils ont fermement réagi à l’annonce de la police concernant l’utilisation de balles réelles.

« Dans aucune société démocratique, on a vu la police recourir aux tirs à balles réelles pour faire taire les critiques contre l’Etat... Si la menace de la police est destinée à semer la panique au sein des dirigeants et des membres de l’opposition, nous poursuivrons les manifestations jusqu’à l’avènement d’un Zimbabwe démocratique », a indiqué Chamisa, le porte-parole du MDC.

« Aussi étrange que l’annonce de la police puisse paraître, il n’y a rien de nouveau dans ces menaces, puisque la police a toujours tiré à balles réelles sur des civils innocents et sans défense qui cherchent seulement à s’exprimer », a affirmé Welshman Ncube, secrétaire général d’une des factions du MDC.

Jeudi et vendredi prochains, les Etats membres de la SADC (South African Development Community) se réuniront en Tanzanie pour débattre de la situation au Zimbabwe.

La troïka, constituée de l’Angola, la Tanzanie et la Namibie et chargée des problèmes de sécurité au sein de la SADC, prendra part à cette réunion, ainsi que le Lesotho, qui préside actuellement la SADC, le Botswana et la Zambie.

Mundia Sikatana, le ministre zambien des Affaires étrangères a indiqué que tous les aspects des récents événements du Zimbabwe seront abordés au cours de cette réunion.

« La situation dans ce pays est très préoccupante parce que nous sommes des Etats voisins et que ce qui touche le Zimbabwe nous affecte également », a-t-il dit.

La Zambie est le seul pays de la région à avoir suggéré une « nouvelle approche » pour résoudre la crise au Zimbabwe.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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