1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Zimbabwe

L'opposition menacée jusque dans les zones rurales

Les militants de l’opposition dans les zones rurales du Zimbabwe vivent désormais dans la peur permanente depuis que les manifestations organisées il y a quelques semaines par le MDC (Movement for Democratic Change) ont été violemment réprimées.

Selon Dubani Mlotshwa, un petit exploitant agricole et représentant local du MDC dans le district rural de Nkayi de la province occidentale de Matabeleland North, des inconnus, qu’il soupçonne être des agents du ZANU-PF, le parti au pouvoir, sont venus dans sa propriété menacer sa famille à cause de son appartenance au mouvement de l’opposition.

« Nous vivons désormais dans une peur permanente. La tension est grande. Ces derniers temps, nous rencontrons des gens qui nous disent être à la recherche de militants du MDC. Actuellement, on a même peur d’assister aux réunions de village. On m’avait déjà mis en garde, et je ne connaissais pas les individus qui s’étaient présentés chez moi », a indiqué M. Mlotshwa.

Au Zimbabwe, la plupart des zones rurales sont traditionnellement des bastions du ZANU-PF.

La tension ne cesse de monter depuis les deux derniers mois. Manifestations de rue et affrontements avec la police sont organisés pour protester contre la dégradation d’une situation économique caractérisée par une pénurie de devises, de carburant, d’électricité et de médicaments.

La semaine dernière un membre de l’opposition a été abattu par la police et Morgan Tsvangirai, le leader d’une faction du MDC, a été l’un des militants pro-démocratie à être arrêté par la police pour une prétendue incitation à la violence.

Arthur Mutambara, le leader de la deuxième faction du MDC a été arrêté en même temps que M. Tsvangirai et 47 autres membres du parti alors qu’ils se rendaient le 11
mars dans la banlieue populaire de Highfield de Harare, la capitale, pour participer à une réunion de prière.

L’intervention musclée d’agents de police puissamment armés a mis fin à la réunion. Plusieurs militants ont été molestés et arrêtés au cours de cette intervention et MM. Tsvangirai et Mutambara ont dû être hospitalisés en raison des brutalités subies lors de leur arrestation.

Abednico Bhebhe, le juriste du MDC à Nkayi, a confirmé le sentiment de peur chez les militants de l’opposition à Matabeleland et dans les autres provinces. Selon lui, les militants du MDC sont pris à partie par les autorités qui craignent que la récente campagne de défiance déclenchée par l’opposition dans les centres urbains ne s’étende aux zones rurales.

« Les autorités se préparent à engager un bras de fer avec le peuple zimbabwéen. Elles ont été surprises par l’esprit de défiance manifesté par le MDC dans les grandes villes du pays et elles veulent rapidement réduire au silence les populations rurales ; mais il est bien trop tard maintenant », a commenté M. Bhebhe.

La police fait respecter « l’ordre et la loi »

Nathan Shamuyarira, le porte-parole du ZANU-PF, le parti au pouvoir, a démenti ces informations. «La police s’est employée uniquement à faire respecter l’ordre et la loi dans le pays. Elle a été obligée d’intervenir pour mettre fin à la violence perpétrée récemment par les bandits du MDC contre les populations civiles et les forces de l’ordre. Celles-ci ont le droit de se déployer partout, même dans les zones rurales. Il n’y a rien de nouveau à cela ».

Dans une récente déclaration, le MDC a indiqué que « des informations inquiétantes faisaient état d’une étroite collaboration entre agents de police et jeunes miliciens pour sanctionner dans les zones rurales les militants de l’opposition. Le recours systématique à la violence, qui a commencé avec les agressions et la torture de dirigeants de l’opposition à Harare, à Bulawayo [la deuxième ville du Zimbabwe] et dans d’autres villes, est déplorable et injustifié ».

Le ZANU-PF devrait contrôler ses militants « sinon la violence va gagner tout le pays », a prévenu le MDC dans sa déclaration.

Cette semaine, Nelson Chamisa, le porte-parole de la faction du MDC dirigée par M. Tsvangirai a été agressé à l’aéroport alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Bruxelles où il devait assister à une réunion des parlementaires des Etats d’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et de l’Union européenne.

Quant à M. Mutambara, il a été arrêté en même temps que deux autres personnes qui tentaient de quitter le pays. Selon la police, il ne pouvait pas quitter le territoire national parce que des charges pèsent contre lui et qu’il fait l’objet d’une procédure judiciaire.

Une mise en garde faite aux diplomates

Pour Welshman Ncube, secrétaire général de la faction du MDC dirigée par M. Mutambara, l’arrestation de ces membres est une tentative délibérée d’un gouvernement paranoïaque de cacher au monde extérieur la réalité des violations des droits de l’homme dont sont victimes les membres de l’opposition ».

« Les agissements de la police sont en complète contradiction avec la décision prise la semaine dernière par la Haute court de justice, ordonnant la libération sans condition de M. Mutambara », a indiqué M. Ncube. « Nous ne comprenons donc pas pourquoi la police a décidé de l’arrêter à nouveau et de le priver du droit le plus élémentaire, la liberté de circulation ».

Quant à Simbarashe Mumbengegwi, le ministre des Affaires étrangères, il a convoqué à son bureau lundi quelques diplomates occidentaux, dont l’ambassadeur de Grande Bretagne, de Nouvelle Zélande, d’Australie et de Suède, mais l’Ambassadeur des Etats-Unis, Christopher Dell, a quitté le ministère avant l’arrivée du ministre.

« La tolérance du Zimbabwe a atteint ses limites », a lancé M. Mumbengegwi aux diplomates. « Vous devez respecter scrupuleusement la convention de Genève en matière de conduite des relations diplomatiques. Dans le cas contraire, nous n’aurons d’autre choix que d’évoquer les dispositions qui s’appliquent afin de mettre un terme à toute ingérence dans nos affaires intérieures ».

Le ministre a accusé certains diplomates de s’immiscer dans les affaires intérieures du Zimbabwe. Il a également reproché à huit ambassadeurs, dont il a tu les noms, de s’être rendus dans les commissariats de police, où certains membres du MDC étaient détenus la semaine dernière, pour leur apporter de la nourriture.

Le gouvernement a justifié l’intervention policière comme étant le seul moyen de maintenir et de faire respecter l’ordre public dans le pays, arguant que les manifestants était des agents à la solde des pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, ainsi que la Grande Bretagne, qu’il accuse d’encourager un changement de régime dans le pays.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join