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Grave crise sociale dans la région de Terai

Les agressions de journalistes et les menaces contre les travailleurs humanitaires et les défenseurs des droits de l’homme sont devenues courantes depuis le début des manifestations qui continuent de secouer la région de Terai, dans le sud-est du Népal.

Depuis une vingtaine de jours, le Madhesi People’s Rights Forum (MPRF) – Forum des droits du peuple Madhesi – organise des manifestations pour exiger du gouvernement népalais plus de droits politiques et plus d’autonomie pour les Madhesi — le groupe ethnique dominant dans la région de Terai.

Dimanche matin, cinq journalistes népalais qui couvraient la manifestation ont été agressés et grièvement blessés par des manifestants, dans le secteur de Tanka Sinabari, près de la ville de Biratnagar située à quelque 600 kilomètres de Kathmandu, la capitale. Ces manifestants reprochaient aux journalistes de ne montrer dans leurs reportages qu’un aspect négatif des manifestations.

Selon la Fédération des journalistes népalais (FNJ), les manifestants s’en sont pris délibérément aux journalistes.
« La situation devient très dangereuse pour les journalistes et les attaques qu’ils subissent sont une grave atteinte à la liberté de la presse », a indiqué Shiva Gauli, journaliste et vice-président de la FNJ.

Au cours des vingt derniers jours, les manifestants ont agressé 17 journalistes, attaqué cinq agences de presse, contraint 15 journalistes à quitter leur bureaux après les avoir menacés de les tuer, fermé 34 journaux et saccagé 12 véhicules appartement à différents média.

« Les attaques des journalistes pose déjà de sérieux problèmes d’accès à l’information », a indiqué Mahendra Bista, secrétaire général de la FNJ.

Les manifestants Madhesi s’en prennent à toutes les personnes qui sont ou ressemblent à des Népalais des collines – les Pahadis -, car le gouvernement est dominé par des personnalités appartenant à cette ethnie.

Les Madhesi sont des Népalais d’origine indienne et sont de confession hindouiste, musulmane ou bouddhiste. Leur communauté est d’autant plus importante qu’elle vit le long de la frontière sud avec l’Inde et représente le tiers des 27 millions d’habitants que compte le Népal.

Quant aux travailleurs humanitaires, ils ne peuvent se rendre dans les villes et villages du sud-est du pays pour effectuer leur travail car ils courent les mêmes risques que les journalistes.

« Ces manifestations ont considérablement limité nos déplacements sur le terrain et nous nous demandons comment poursuivre nos activités dans les villages où nous avons lancé des programmes de réduction de la pauvreté et de génération de revenus pour les communautés les plus défavorisées », a expliqué Ram Sharan Sedhai d’Action Aid Nepal, une des plus importantes ONG du pays.

Les manifestants reprochent notamment aux ONG de ne pas investir suffisamment pour la communauté des Madhesi et de privilégier les Pahadis, a ajouté M Sedhai.

« La crise touche déjà beaucoup de travailleurs puisqu’on ne sait pas qui sera la prochaine cible », a déploré M. Sedhai.
Les incidents se multiplient dans la région de Terai en raison des grèves permanentes, des couvre-feux et des violentes manifestations. Et l’impact se fait déjà sentir dans les régions de collines et de montagnes où les voies d’approvisionnement ne sont accessibles qu’à travers la région de Terai.

« On observe déjà un ralentissement des opérations humanitaires du fait des récentes tensions dans la région de Terai. Et la sécurité des travailleurs humanitaires demeure une préoccupation car leurs organisations sont accusées [par les leaders Madhesi] de détourner les fonds destinés à leur communauté au profit des Népalais des collines », a expliqué Joerg Frieden, directeur-pays de la Swiss Development Corporation (SDC) - Coopération suisse pour le développement -, l’une des plus importantes ONG présentes au Népal, avec un budget annuel de 17 millions de dollars américains.

Les défenseurs des droits de l’homme sont eux aussi menacés. Bien qu’ils n’aient pas été agressés physiquement, ils avouent éprouver de plus en plus de difficultés à travailler.

« La situation est devenue préoccupante pour les défenseurs des droits de l’homme qui n’osent plus se présenter comme tels », a souligné Rameswar Nepal, le directeur-pays d’Amnesty International (AI), une organisation internationale de défense des droits de l’homme.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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