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La fragile démocratie burkinabè mise à l'épreuve

Les affrontements qui ont eu lieu la semaine dernière à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, entre des éléments des forces de police et de l’armée burkinabè, soulignent la fragilité de la démocratie dans ce pays, ont fait remarquer certains analystes locaux.

Ce qui n’aurait dû être qu’une action de représailles, menée par des militaires pour venger la mort d’un soldat tué par la police, s’est transformée en une véritable scène de guerre dans le centre-ville d’Ouagadougou. Pendant 24 heures, des soldats ont attaqué à l’arme lourde les locaux de la direction générale de la Police nationale, le commissariat central et le quartier général de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS).

« Nous avons vécu une succession de coups d’Etat », a lancé Luc Ibriga, professeur de droit à l’université d’Ouagadougou, en faisant référence aux coups d’Etat de 1966, 1980, 1982, 1983 et 1987. « Il faut que ceux-là mêmes qui gouvernent aujourd’hui aient en mémoire qu’ils sont intervenus sur la scène politique parce qu’il y avait un certain nombre de problème », a-t-il ajouté.

Le bilan de ces affrontements est de cinq morts dont trois soldats et deux agents de police. En outre, après la destruction par les soldats de la porte d’entrée de la prison centrale d’Ouagadougou, plus de 600 prisonniers se sont faits la belle et sont toujours recherchés.

Des hauts responsables de l’armée ont confié au ministre de la Défense que le sens à donner à l’action des militaires va bien au-delà des représailles. En effet, la troupe revendique aussi de meilleures conditions de vie, une meilleure retraite et même un plan de carrière ; des revendications qui, à en croire certains analystes, relèvent de la politique.

« La politisation de l’armée est un facteur de déstabilisation », a souligné Alexandre Pagomziri Ouedraogo, président du mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS).

Selon M. Alexandre Pagomziri Ouédraogo, initiateur d’un projet de formation des militaires et forces de sécurité aux principes de la culture démocratique, de l’état de droit et de la bonne gouvernance, ces incidents étaient prévisibles.

Pour M. Ouédraogo, après 12 mois de cours, beaucoup d’agents des forces de sécurité et de défense ne comprennent toujours pas le sens de leur mission. Il recommande donc quelles sessions supplémentaires pour parfaire leur formation.

« Pendant les cours, nous avons constaté que les agents ont une méconnaissance des valeurs républicaines », a fait remarquer M. Ouédraogo, qui est également le coordonnateur du projet.

« Notre démocratie vient de prendre un sérieux coup qui pourrait lui être fatale, lorsqu’on réalise que le pouvoir a été incapable de résoudre rapidement la crise », a commenté M. Ouédraogo. « Le président [Compaoré] qui pensait contrôler le système vient de se rendre compte que certaines institutions résistent encore aux changements démocratiques. »

Le mouvement défense des droits de l’homme et la société civile burkinabè dénoncent régulièrement les exécutions extrajudiciaires et le manque de sanction judicaire à l’encontre les services de sécurité responsables de ces actes.

Au mois d’octobre, par exemple, trois commerçants ont été tués par la police dans l’est du Burkina Faso, et dans l’affaire très médiatisée du meurtre de Norbert Zongo, éditeur d’un hebdomadaire indépendant, le journaliste aurait été assassiné parce qu’il enquêtait sur un meurtre dans lequel le frère du chef de l’Etat serait impliqué.

« Nous devons dépolitiser notre administration afin qu’elle ne soit pas au service d’une minorité de citoyens », a indiqué Ibriga.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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