M. Laurent Gbagbo a notamment suggéré la suppression de la zone tampon qui divise le nord du pays tenu par les rebelles et le sud contrôlé par le gouvernement, l’instauration d’un dialogue direct avec la rébellion, la création d’un service civique national destiné à encadrer les jeunes et les anciens combattants, ainsi que la mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de la guerre.
Enfin, le président ivoirien envisage une amnistie générale qui « ne couvrira pas les crimes contre l’humanité et les crimes économiques.»
Le chef de l’Etat a souligné qu’il avait pris ces décisions après s’être entretenu pendant deux semaines, en novembre dernier, avec des membres de la société civile et que ces mesures reflétaient les intérêts de la nation.
Il a en outre fait remarquer que la communauté internationale n’était pas parvenue, malgré sa volonté, à mettre un terme à la crise ivoirienne qui dure depuis quatre ans.
« Devant l’impasse des solutions extérieures, il est temps que les Ivoiriens s’approprient eux-mêmes complètement le processus de paix », a-t-il déclaré. « C’est une vérité simple que chacun a le droit de rechercher pour lui-même son bonheur […] C’est pourquoi, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire, je propose aux Ivoiriens, mais aussi à la communauté internationale, une nouvelle approche. »
Selon Laurent Gbagbo, la zone tampon, le long de laquelle ont été déployés quelque 10 000 Casques bleus des Nations Unies et soldats de la force française de l’opération Licorne, est devenue un obstacle physique à la réunification du pays et empêche la libre circulation des biens et des personnes ainsi que le retour des personnes déplacées par la guerre.
« Cette ligne de non franchissement, baptisée zone de confiance, est devenue, à la pratique, une frontière intérieure consacrant la partition du pays en deux […] Aujourd’hui elle n’a plus sa raison d’être. Les affrontements militaires ont cessé », a-t-il dit.
M. Gbagbo a reconnu la nécessité de former un nouveau gouvernement pour mener à bien les affaires de l’Etat, mais il a également signalé que « dans un Etat en crise, il n’est pas bon de faire tout en même temps. »
La résolution 1721, adoptée par les Nations Unies, en novembre dernier, confie les rênes du pouvoir non pas à M. Gbagbo, mais au Premier ministre Charles Konan Banny. Cependant, depuis l’adoption de cette résolution, les relations entre MM. Gbagbo et Konan Banny ne cessent de se dégrader.
Dans son discours télévisé, Laurent Gbagbo n’a pas évoqué la résolution des Nations Unies, qui est largement soutenue par les membres de l’opposition.
« [Cette résolution] permettra à la Côte d’Ivoire de sortir de la crise en organisant des élections et en rétablissant la cohésion sociale », a affirmé Amadou Coulibaly, porte-parole du Rassemblement des Républicains. « Mais cela ne sera possible que si le chef de l’Etat accomplit sa mission avec l’aide du Premier ministre. »
Conformément à la résolution 1721, Charles Konnan Banny dirige le pays jusqu’à la tenue des prochaines élections, prévues pour la fin de l’année prochaine. Dimanche dernier, le Premier ministre a annoncé que les audiences foraines, organisées dans le cadre du processus d’identification de milliers d’Ivoiriens, reprendraient cette semaine. Cependant, aucune opération d’identification n’avait démarré mercredi.
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