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Des villageois pris en otage par la rébellion et l'armée

The ICRC and Red Crescent came under attack in the Sa'ada region of northern Yemen. Afif Sarhan/IRIN

Alors que l’armée et la rébellion s’accusent mutuellement d’être responsable de l’aggravation de la situation, les incendies et les pillages des villages du centre-nord de la République centrafricaine (RCA) ont fait fuir des milliers de villageois.

« Les villageois sont pris en otage par les rebelles » a déclaré le colonel Jean Christophe Bureau, préfet de Kaga Bandoro, une localité située à 300 kms au nord de Bangui, la capitale. « Le bétail et la nourriture des villageois ont été pillés et tous les villages ont été incendiés par les rebelles. »

Les troupes gouvernementales étaient souvent attaquées lorsqu’elles traversaient les villages de la région, a fait remarquer le colonel Bureau. « Une opération militaire d’envergure est nécessaire pour éliminer les rebelles de cette région », quitte à recourir aux frappes aériennes, a-t-il précisé.

« L’armée et la rébellion tiennent le même discours et disent vouloir protéger les populations locales. Mais lorsque les villageois indiquent à l’armée les caches de la rébellion, ils se font attaquer par les rebelles. Lorsque l’armée est attaquée, elle accuse les villageois de soutenir la rébellion », a déclaré un haut fonctionnaire qui a requis l’anonymat.

Selon les populations locales, si elles sont attaquées, c’est parce que le gouvernement les accuse d’héberger les combattants de l’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie (APRD), un mouvement rebelle dirigé par l'ex-lieutenant Bedaya N’Djadder, en rupture de banc avec l’armée nationale. L’APRD a attaqué et pris plusieurs villes du nord au cours des deux dernières années.

Armé d’un vieux fusil, Mizohongo Natouhonjo a avoué qu’il était étudiant en sciences économiques à l’université de Bangui, il y a un an. Montrant sa carte d’étudiant, comme pour étayer son propos, il a affirmé qu’il a rejoint les rebelles parce les villages de sa région ont été incendiés. « Je ne pouvais rester là-bas, sans réagir. J’ai donc décidé de venir ici, quitte à mourir avec les villageois. »

Equipé d’un téléphone satellite et entouré de gardes armés de machettes et de grenades, un autre rebelle se présente comme étant le commandant de l’APRD responsable de la région de Kaga Bandoro. A l’en croire, son mouvement a été créé en réponse aux attaques de l’armée centrafricaine contre les villages, et l’APRD ne bénéficie d’aucun soutien extérieur. Par ailleurs, ajoute t-il, le mouvement n’est pas lié à l’ancien Président centrafricain, Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par M. François Bozizé avec l’appui des troupes tchadiennes.


Une groupe de rebelles armés sur une route au nord de Kaga Bandouro, dans le centre-nord de la RCA.

Les autorités centrafricaines ont accusé M. Patassé et le Soudan de soutenir les mouvements rebelles, ce que le gouvernement soudanais a toujours nié.

« On se déplace à pied, comment voulez-nous qu’on ait des contacts avec l’étranger », s’est interrogé le commandant de l’APRD. « L’époque Patassé est révolue. Nous voulons que le gouvernement trouve une solution et mette fin à la destruction des villages. »

Des villages pris entre deux feux

Et pendant que l’armée et la rébellion s’accusent mutuellement d’être les responsables de cette situation, les populations civiles continuent de souffrir. Les deux dispensaires de la région de Kaga Bandoro ont été pillés et incendiés. Les établissements scolaires semblent avoir été épargnés, mais sont tous fermés.

D’après les villageois, l’armée poursuit sa stratégie qui consiste à incendier les villages pour déloger les rebelles.

« Le 3 décembre, l’armée a incendié notre village et a accusé ses habitants de collaboration avec les rebelles », a expliqué Jonas Andjeligaza, l’adjoint au chef du village de Zoumbeti, un hameau situé à 50 kms au sud de Kaga Bandoro.

Deux vieillards restés dans leurs maisons ont péri dans l’incendie, a-t-il déploré.

Le long de la route reliant Kaga Bandoro et Kabo au nord-est du pays, près de 30 villages auraient été incendiés au cours des combats entre l’armée et l’APRD.

« L’armée nationale est entrée ici et a mis le feu aux maisons après avoir tiré des coups de feu en l’air. Les villageois apeurés se sont réfugiés dans la brousse », a expliqué Jérôme Yamissi, 50 ans. « L’armée a mené des attaques à la roquette et au mortier, détruisant plusieurs fermes du village », a-t-il ajouté, tout en précisant qu’il n’a jamais vu de combattant rebelle dans son village.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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