Depuis dimanche, le Président Gbagbo a signé huit décrets et réhabilité dans leur fonction trois hauts fonctionnaires suspendus le mois dernier par le Premier ministre, et mis en cause par le rapport de la commission d’enquête sur le scandale des déchets toxiques déversés à Abidjan en septembre dernier.
En réponse aux décrets signés par le chef de l’Etat, M. Banny s’était opposé à leur application.
« De telles décisions, si elles étaient appliquées, constitueraient sans doute un obstacle majeur dans la lutte contre l’impunité », a commenté un communiqué de la Primature.
Mais ce communiqué n’a pas pour autant freiné la détermination du Président. En effet, mardi, le porte-parole de la Présidence ivoirienne a annoncé la signature d’un nouveau décret concernant le limogeage du directeur général de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
« Désormais, Laurent Gbagbo a le contrôle de l’armée et des médias d’Etat », a commenté un diplomate occidental qui pense que le pays s’achemine vers la mise en place d’une « politique dictatoriale ».
Depuis la courte guerre civile de 2002, la Côte d’Ivoire est divisée par une rébellion armée qui occupe la moitié nord du pays. Quelque 10 000 Casques bleus des Nations Unies et soldats de la force française de l’opération Licorne sont déployés le long de la zone de confiance pour s’assurer que l’armée, la rébellion et les milices armées respectent le cessez-le-feu.
L’élection présidentielle qui était censée avoir lieu au plus tard fin octobre 2006 a, une fois de plus, était reportée en raison de nombreux obstacles liés notamment aux problèmes de désarmement et de mise à jour du fichier électoral. Conformément aux recommandations de l’Union Africaine, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait alors voté la résolution 1721 qui prolonge d’un an le mandat du Président Gbagbo et accorde des pouvoirs élargis au Premier ministre, Charles Konan Banny.
Pour le chef de l’Etat ivoirien, cette résolution n’est pas applicable. Il s’est engagé à élaborer un plan de paix pour la Côte d’Ivoire après avoir mené ces dernières semaines de larges consultations avec la population ivoirienne.
Mardi, à la mi-journée, la situation était calme à Abidjan et à Yamoussoukro, la capitale administrative, où se trouvait le Premier ministre, Charles Konan Banny. Devant les locaux de la télévision, de la radio et de Fraternité-Matin, un quotidien national, on notait une forte présence des forces de police, de gendarmerie et militaires.
« Gbagbo a déclaré la guerre. Nous y allons et nous verrons qui vaincra », a lancé un militant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ex-parti au pouvoir.
« Nous avons fait des provisions. On ne sait jamais », a affirmé Maxime Taho, un habitant d’Abidjan qui faisait ses courses dans un supermarché.
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions