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Développer l’économie sans favoriser la propagation du VIH

[Liberia] Dr Albert Willicor of the United Methodist Hospital, Ganta. [Date picture taken: 10/27/2006] Obinna Anyadike/IRIN
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Ganta, une ville commerciale située à cinq heures de route de Monrovia, la capitale du Liberia, illustre l’un des grands défis que doit relever ce pays ravagé par 14 ans de guerre civile : relancer l’activité économique en évitant qu’elle ne s’accompagne d’une explosion du VIH/SIDA.

Les principaux échanges commerciaux entre le Liberia et ses pays voisins, la Guinée et la Côte d’Ivoire, se font à Ganta, une ville très animée où les habitants ont soif d’investissements et d’argent. Mais les facteurs qui ont permis à Ganta de se relever de la guerre menacent à long terme sa stabilité économique.

«Tout passe par ici [Ganta], tous les jours de nouveaux visiteurs arrivent et la population ne cesse de croître. En conséquence, on s’attend à ce que le taux de prévalence du VIH/SIDA augmente lui aussi», a regretté le docteur Albert Willicor de l’hôpital United Methodist, le principal centre sanitaire de la ville.

La présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui a été nommée dernièrement à la tête du gouvernement, s’est engagée à reconstruire le Liberia, mais les défis sont de taille dans un pays de trois millions d’habitants, dont le budget annuel s’élève tout juste à 129 millions de dollars américains.

«Le nouveau gouvernement est très prometteur et apprécié aussi bien par les Libériens que par la communauté internationale», a affirmé Susan Thomas, coordinatrice de terrain auprès de Médecins Sans Frontières (MSF) – Suisse, à Saclepea, à 40 kilomètres de Ganta.

Mais, a-t-elle ajouté, «lorsque l’on réfléchit à tout ce qui a été détruit pendant la guerre … lorsque l’on se penche de plus près sur la situation actuelle, on se rend compte par exemple qu’il est impossible de poster une simple lettre».

Les campagnes de sensibilisation au VIH/SIDA ont dû être interrompues à cause de la guerre. En outre, le traumatisme causé par le conflit ainsi que par la pauvreté et le chômage a eu «un impact psychologique considérable» sur la population, a rappelé le révérend John Togba, un homme dynamique qui propose ses services comme conseiller VIH/SIDA à l’Hôpital United Methodist.

«Les filles ne sont pas scolarisées. Les seules personnes qui leur apportaient un soutien ont certainement été tuées pendant la guerre et la seule solution qui s’offre à elles est la prostitution», a déploré le révérend John Togba. «Parfois ce sont les parents qui incitent les enfants à se prostituer. ‘Tes amis rapportent des sacs de riz à la maison, pourquoi pas toi ?»

La plupart des réfugiés qui reviennent au Liberia, trois années après la fin du conflit, s’établissent dans le comté de Nimba, où se trouve la ville de Ganta.

«Quatre-vingt dix pour cent d’entre eux sont pauvres, il s’agit pour la plupart de femmes seules», a indiqué Berkone Nagga, officier de protection auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Saclepea.

«Ces femmes ont perdu leur mari pendant le conflit ou ont divorcé. La plupart d’entre elles n’ont rien en dehors de ce que nous leur donnons. En conséquence, elles sont très vulnérables», a-t-il expliqué.

A Ganta, la population semble avoir conscience des dangers du sida. En effet, toutes les personnes qui ont été interrogées par les équipes d’IRIN/Plusnews, ont affirmé avoir déjà entendu que le préservatif était un moyen de prévention efficace contre le VIH/SIDA.

En outre, plusieurs personnes ont cité l’utilisation du matériel médical non stérilisé et la transmission du virus de la mère à l’enfant comme modes de transmission du virus.

Le propriétaire du motel proche de Planet 44 – une nouvelle discothèque à la mode, située en plein coeur de la ville – a affirmé distribuer gratuitement des préservatifs aux clients qui en réclamaient.

«‘Restez à la maison et Dieu vous aidera’, voilà ce que je conseille à mes amies prostituées», a déclaré Susan Habbah, qui attire le regard des hommes sur son passage.

Bien que les Libériens disent vouloir avoir des rapports sexuels protégés, rares encore sont ceux qui utilisent régulièrement un préservatif comme moyen de prévention.

Pour expliquer la faible utilisation du préservatif au Liberia, on déclare souvent que «les Libériens préfèrent le contact peau contre peau et chair contre chair.»

La population libérienne semble être peu encline à utiliser des préservatifs, mais de toute évidence, se procurer des préservatifs dans ce pays d’Afrique de l’Ouest est un véritable défi et pose un grave problème.

En effet, sur les deux pharmacies dans lesquelles se sont rendues les équipes d’IRIN/PlusNews, aucune ne vendait de préservatifs.

Savoir ne veut pas dire accepter

Sempti Menown, un jeune chauffeur de taxi dogmatique, a rappelé que la sensibilisation n’était pas forcément synonyme d’acceptation.

Ainsi, décrivant le VIH/SIDA comme «une fausse religion», il a ajouté : «J’ai besoin qu’on me prouve que le sida existe bel et bien, on doit me montrer une personne porteuse du virus.»

Le problème est que Sempti Menow n’est pas le seul à nier l’existence du virus. Par exemple, pour la journaliste Pauline Biddle, qui travaille pour une radio communautaire, le sida était une réalité qui ne concernait pas les habitants de Ganta jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’un programme de traitement VIH/SIDA allait être lancé à l’Hôpital United Methodist et qu’elle réalise que «le sida était présent ici».

A l’heure actuelle, aucune information précise sur le taux de prévalence du VIH/SIDA n’est disponible au Liberia. Cependant, d’après les estimations des travailleurs sanitaires, le taux de prévalence oscillerait entre cinq et 10 pour cent.

En outre, tous reconnaissent que tant que le problème de la stigmatisation qui entoure le virus ne sera pas résolu, l’épidémie continuera de se propager.

«La population a très peur et n’est pas bien informée», a expliqué Susan Thomas de MSF. «Nous n’en sommes qu’au tout début des mesures d’intervention en matière de VIH, nos programmes viennent tout juste de commencer», a-t-il précisé.

Le révérend John Togba a indiqué que depuis le mois de mars, 25 de ses patients avaient été dépistés positifs au VIH – soit près de quatre par mois – et que la plupart d’entre eux avaient vécu en Côte d’Ivoire ou en Guinée.

Ces patients ne se sont pas rendus à l’hôpital pour subir un test de dépistage volontaire, mais ont appris leur séropositivité suite à un test sanguin ou après une analyse des signes cliniques.

«Les personnes sont préoccupées en premier lieu par le problème de la confidentialité. La confidentialité et la stigmatisation sont leurs principales inquiétudes», a-t-il fait savoir.

Pendant près d’un an, le docteur Willicor a travaillé à la mise en place d’un programme de traitement à l’Hôpital United Methodist. En octobre dernier, il a reçu la première livraison de médicaments antirétroviraux (ARV) de la part du Programme national de contrôle du sida.

Mais le lancement du programme a dû être retardé après le désistement de la première patiente, qui avait été sélectionnée pour débuter un traitement.

«Elle était très enthousiaste, je lui avais indiqué que le traitement était gratuit et confidentiel [mais elle s’est désistée]», a-t-il regretté, d’un hochement de tête.

«Les Libériens doivent être davantage informés, et cela doit être fait avec patience et constance», a déclaré le révérend John Togba, qui organise des séances de conseils depuis 2005 seulement.

«Les écoles et les églises doivent s’impliquer dans la lutte contre l’épidémie. Les Libériens doivent aussi avoir en tête des images. Les mots sont un moyen efficace [de lutte contre l’épidémie], mais les images sont un moyen encore plus efficace», a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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