« Nous voulons engager des pourparlers avec le gouvernement », a déclaré jeudi à Birao Michel Detodia, le leader de la coalition des rebelles, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR).
Réagissant à la proposition du leader de l’UFDR, Cyriaque Gonda, porte-parole du Président François Bozize, a déclaré: « Le gouvernement n’a reçu aucune demande officielle d’un groupe rebelle concernant une éventuelle ouverture de négociations. Dès qu’une telle demande nous sera transmise, nous aviserons ».
L’ UFDR est une coalition de trois mouvements armés : le Groupe d'action patriotique pour la libération de la Centrafrique (GAPLC), le Mouvement des libérateurs Centrafricains pour la justice (MLCJ) et le Front démocratique Centrafricain (FDC).
L’UFDR s’est emparée de quatre véhicules blindés et de deux autres véhicules 4 x 4 appartenant à la garnison militaire lors de la prise de la Birao.
A en croire M. Detodia, l’alliance n’avait d’autre choix que celui des armes pour « protester contre la politique exclusionniste » du régime de Bozize.
Selon lui, M. Bozize s’est entouré de membres de son ethnie pour diriger le pays depuis qu’il a renversé l’ex-Président Ange-Félix Patasse et pris le pouvoir en mars 2003.
« Beaucoup de gens appartenant à d’autres ethnies et partis politiques sont écartés de la gestion du pays », a déploré M. Detodia.
Leader de la coalition rebelle, M. Detodia est également le chef de file du GAPLC. Le capitaine Abakar Saboune est le porte-parole de cette coalition et le leader du MLCJ.
Quant au commandant Justin Hassane, il est le responsable des opérations militaires de l’alliance et le chef du FDC. Il faisait également parti de la garde présidentielle de l’ex-Président Patasse.
Réaffirmant la volonté de l’alliance d’engager des pourparlers avec le gouvernement, M. Saboune a déclaré: « Nous n’avons pas de choix particulier concernant le lieu où ces pourparlers pourraient se tenir. Cependant, nous aurions souhaité qu’ils se déroulent dans notre pays pour éviter les problèmes financiers liés à l’organisation de ces négociations ».
Une médiation nationale ou internationale, selon le cas, pourrait être envisagée, a précisé M. Saboune.
« Il n’y avait pas d’autre alternative, puisque depuis plusieurs mois nous appelons au dialogue ; si le gouvernement rejette cette proposition, nous continuerons de privilégier l’option militaire », a indiqué M. Saboune.
Pour l’instant, les troupes de l’alliance resteront à Birao.
Retour à la normale à Birao
A Birao, expliquent les leaders de l’alliance, la situation est redevenue normale. Les habitants qui se sont enfuis dans la brousse pendant les combats pour la prise de la ville ont rejoint leur maison après 24 heures et le chef du district, Albert Mbongo, a également repris le travail.
« Nous respectons les populations civiles de notre région et devons les protéger. Je peux même affirmer qu’aucun civil n’a été tué pendant les combats », a déclaré M. Saboune. « Beaucoup de civils se sont enfuis dans la brousse parce que notre présence leur faisait peur, mais nous les avons persuadés de revenir. Depuis nous vivons en parfaite harmonie avec eux ».
Depuis la prise de Birao par la rébellion, les autorités centrafricaines ne cessent d’accuser le Soudan voisin d’être derrière cette attaque.
En effet, alors qu’il se rendait en Chine pour prendre part au sommet Chine-Afrique, le Président Bozize a écourté son séjour et est rentré précipitamment mardi à Bangui où il a fait une déclaration sur les ondes de la radio nationale:
« La République centrafricaine a été agressée par un pays qui a déjà fait tant de mal au Tchad. Je ne sais pour quelle raison le Soudan se comporte de cette manière avec la RCA. Le Président Béchir devrait cessez de se comporter de la sorte ».
Bangui convoque l’ambassadeur soudanais
Lundi, le gouvernement centrafricain a convoqué l’ambassadeur du Soudan à Bangui pour une demande d’explication sur la prise de Birao. Jusqu’à présent, l’ambassadeur soudanais n’a fourni aucune réponse.
La prise de Birao est perçue comme un cinglant revers pour le gouvernement du Président Bozize. Les rapports émanant de la région indiquent que l’armée centrafricaine a subi de lourdes pertes.
Selon l’ UFDR, 13 soldats gouvernementaux ont été tués pendant les combats, dix ont été faits prisonniers et 54 ont rejoint les rangs des rebelles.
Côté rébellion, les combats ont fait deux morts et deux blessés. Pour l’instant, le gouvernement n’a ni confirmé, ni infirmé le bilan des victimes donné par la rébellion.
Bien que Birao soit située dans une région marécageuse, isolée du reste du pays pendant la saison des pluies entre mai et novembre, la prise de contrôle de la localité par la rébellion constitue une grave menace pour la sécurité du pays.
En effet, les rebelles de l’UFDR contrôlent l’aéroport régional de Birao et peuvent l’utiliser pour se ravitailler et renforcer leurs positions.
Depuis que des forces rebelles ont été déployées, en avril dernier, dans la région nord et dans la petite ville de Tiringoulou, en particulier, l’armée n’est pas en mesure de les déloger.
« L’armée régulière ne peut pas accéder actuellement à la région parce qu’elle est entourée d’eau. Il faudra attendre la mi-décembre pour lancer une contre-offensive », a confié un commandant de l’armée, sous le couvert de l’anonymat.
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