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L’expulsion des Arabes Mahamides pourrait déclencher une vague de violence

[Niger] Two men squat in deep discussion behind the meeting held on 5th march in In Ates, 277km north west of Niger, where 7,000 people held in slavery in Niger were expected to be released. Rights groups were dismayed when the district's chief backtracke IRIN/ G. Cranston
Les autorités nigériennes ont commencé à expulser vers le Tchad quelque 4 000 Arabes Mahamides, mais cette décision pourrait déclencher une vague de violence interethnique dans le pays, selon les chefs de la communauté incriminée.

Mardi dernier, Niamey, la capitale, a annoncé son intention d’expulser les Arabes Mahamides de la région proche de Diffa, à proximité de la frontière tchadienne.

Les opérations d’expulsion seront menées en respectant la « dignité humaine » et ne concerneront que « ceux dont les papiers ne sont pas en règle », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Mounkaila Modi, à la télévision nationale.

Les chefs de la communauté mahamide ont affirmé, mercredi, que les forces armées nigériennes patrouillaient dans les rues et routes sablonneuses de Diffa et des alentours, et forçaient la population arabe à quitter les lieux.

Plusieurs camions transportant des femmes, enfants et vieillards seraient déjà arrivés à Kabelewa, une ville située à une centaine de kilomètres au nord de Diffa, près de la frontière tchadienne, ont-ils précisé.

Un responsable du gouvernement, présent dans la région de Diffa, a confirmé à IRIN que les opérations d’expulsion avaient effectivement commencé vendredi, avant l’annonce officielle du gouvernement.

« Les opérations de regroupement ont démarré vendredi. Nous devons rassembler les personnes et le bétail à Kabelawa, mais le rapatriement vers le Tchad nécessitera énormément de temps », a souligné Abdourahmane Ari, un représentant du gouvernement à Nguigmi, une localité située à une centaine de kilomètres au nord-est de Diffa.

Parmi les quelque 4 000 Arabes Mahamides que le Niger envisage d’expulser, certains sont arrivés en 1973, lors de la grande sécheresse qui a déclenché des conflits dans la région. Ils se sont établis au Niger après avoir été contraints de fuir leurs domiciles, dans les environs de Biltine, dans l’est du Tchad, à plus de 1 000 kilomètres de la frontière nigérienne.

Dans les années 1980, des milliers d’autres Arabes se sont installés au Niger, lorsque la guerre civile a éclaté au Tchad.

Selon le recensement de la population nigérienne effectué en 2001, la plupart des membres de la communauté arabe possèdent une carte nationale d’identité délivrée par les autorités locales.

Pour le gouvernement nigérien, la présence des Arabes Mahamides est devenue insoutenable, en raison des mauvais rapports que ces derniers entretiennent avec les populations locales. Les autorités nigériennes disent également qu’ils constituent une menace à la sécurité nationale, sans pour autant en apporter les preuves.

« La décision du gouvernement est extrêmement dangereuse … elle va attiser la haine entre les différentes communautés ethniques présentes dans la région de Diffa et débouchera inévitablement sur un conflit dont les meurtrissures ne s’effaceront pas de si tôt », a fait savoir, mercredi, la communauté arabe du Niger.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu’il dépêcherait une mission au Niger pour évaluer la situation.

« Cette communauté n’a pas le statut de réfugié, c’est la première fois que nous en entendons parler », a affirmé Hélène Caux, porte-parole du HCR à Genève.

« Nous devons d’abord chercher à savoir si ces gens pourraient être victimes de discrimination une fois rentrés au Tchad », a-t-elle ajouté.

« La France étudie la question avec la plus grande attention afin d’éviter tout risque de déstabilisation de la région. Nous sommes en contact avec les autorités nigériennes et les Nations unies et souhaitons obtenir une analyse la plus détaillée possible de la situation, notamment sous un angle humanitaire », a déclaré Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Le rapport qui accompagnait le recensement national de 2001 faisait déjà état de tensions entre les Mahamides et les Touaregs et les Toubous, les deux grands groupes ethniques du nord-est du Niger.

« Les Mahamides, des pasteurs nomades venus du Tchad, sont très agressifs », a indiqué le rapport. « Leurs relations avec les autres communautés sont tendues ».

Selon le même document, la réduction des pâturages, suite aux sécheresses successives et à l’accroissement du cheptel de chameaux, a attisé les tensions entre les pasteurs et les éleveurs de la région.

« Ils ne respectent pas les règles de pâturage. Des conflits éclatent très souvent à proximité des puits, qu’ils considèrent comme leur propriété. Ils puisent de l’eau autant qu’ils le souhaitent », indique le rapport, en reprenant le témoignage d’un chef local.

« Selon certains habitants, les Mahamides doivent quitter la région sans poser la moindre condition et sur le champ. La population est presque unanime à demander le départ des Mahamides », a conclu le rapport de 2001.

Le Président nigérien Mamadou Tandja est originaire de la région Diffa dont les composantes ethniques sont semblables à celles du Tchad. En outre, cette région a été au centre du coup militaire avorté de 2002.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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