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Informer les homosexuels sur le sida, une urgence selon les ONG

[Senegal] Gay couples face charges and discrimination. IRIN
Zimbabwe's Sexual Offences Act forbids homosexuality
Des organisations de défense des droits de l’homme appellent à des mesures urgentes pour contenir l’épidémie de VIH/SIDA qui se propage au sein de la communauté homosexuelle du Cameroun, et au-delà.

«Il est urgent de mener des actions de prévention à destination des homosexuels», a déclaré à IRIN/PlusNews Charles Gueboguo, sociologue et membre d'Alternatives, une association camerounaise de défense des droits de l'homme.

Parce que les pratiques homosexuelles y sont considérées comme un crime, passible de six mois à cinq ans de prison, il n’existe au Cameroun aucun programme de sensibilisation et de prévention des risques de contamination au VIH entre personnes de même sexe, déplorent les associations.

«Beaucoup d'homosexuels ne se sentent pas concernés par les messages de prévention à la télévision ou dans les magazines», a expliqué Charles Gueboguo. «Ils sont persuadés que la contamination ne se fait que par un rapport péni-vaginal et n'imaginent pas un seul instant que cela est aussi possible à travers un rapport péni-anal.»

Le docteur Steave Nemande, membre d’Alternatives, a confirmé à IRIN/PlusNews que la plupart de ses patients homosexuels ignorait tout des mesures de prévention à prendre, très peu d’entre eux utilisant les préservatifs de manière systématique.

Rares sont les membres de la communauté gay qui osent d’ailleurs s’adresser à un médecin, de peur que la confidentialité de la consultation ne soit respectée.

«Avant d'aller voir un médecin, je réfléchis bien : j'ai peur qu'il me pose des questions qui m'obligent à évoquer mon orientation sexuelle, ce qui me gêne beaucoup», a expliqué Marc.

Le jeune homme a estimé qu’un tiers des homosexuels de son entourage est correctement informé sur le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST).

Marc a acquis certaines connaissances sur l’épidémie en visitant le site internet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’il consulte régulièrement. Mais il avoue ne pas toujours utiliser des préservatifs, pourtant le moyen le plus sûr d’éviter une infection au VIH.

«Comme moyen de prévention, je m'assure surtout que mon partenaire n'est pas malade et j'essaie d'avoir une relation suivie et pas seulement une relation d'un soir», a-t-il expliqué.

Si la personne est infectée au VIH, les conséquences de ce type de comportement peuvent être très lourdes. Car, pour ne pas courir le risque d'être stigmatisés par leur entourage, beaucoup d'homosexuels continuent d'avoir des relations hétérosexuelles, voire se marient.

«C'est donc l'ensemble de la société qui se trouve en danger», s’est alarmé Charles Gueboguo.

Des préjugés dangereux pour la santé publique

Or, au Cameroun, l’opinion publique est prompte à vilipender les homosexuels, comme l’a prouvé une campagne médiatique menée tambour battant en janvier et février derniers pour jeter le discrédit sur des personnalités du monde politique, économique et artistique local.

«Au quotidien, c'est très dur de vivre son homosexualité», a précisé Marc. «On vous injurie quand on vous voit aller dans l’un des bars où l'on se réunit. Là où vous habitez, on vous insulte. Parfois, on lance la police à vos trousses.»

Néanmoins, l'histoire d'Alim, un jeune homme mort en juin des suites du sida après plus d’un an de prison pour homosexualité présumée, a eu le mérite d’alerter ses amis sur la menace que représente le VIH pour la communauté gay.

Mais encore faut-il qu’ils aient les moyens de se protéger. «La plupart de mes patients sont sans emploi et n'ont donc pas de quoi se soigner ou s'acheter des préservatifs», a nuancé le docteur Nemande. «Très peu d'entre eux ont le soutien de leur famille et ils ne veulent pas en parler, de peur d'être ensuite rejetés ou stigmatisés.»

Selon le médecin, il est par exemple très difficile de trouver du lubrifiant bon marché au Cameroun, où le moindre flacon coûte 5 000 francs CFA (9,6 dollars).

«C'est loin d'être à la portée de tout le monde. Du coup, on utilise d'autres substances pas toujours efficaces, certaines pouvant même entraîner la rupture des préservatifs», a ajouté Marc.

Pour répondre à ces besoins, Alternatives, la seule ONG camerounaise qui s’intéresse à cette communauté marginalisée, distribue désormais des préservatifs dans des soirées organisées par deux boites de nuit de Yaoundé et de Douala, la grande cité portuaire.

Mais l’association a désormais besoin de chiffres et d’informations précises sur les comportements et les besoins de ces minorités sexuelles, afin de concevoir un programme de prévention adapté.

Alternatives travaille également sur un projet de ligne gratuite d'écoute, qui serait spécifique à des appelants homosexuels et qui viendrait compléter le numéro vert mis en service fin 2005 par l'ONG camerounaise SunAids, 'Allo Info Sida'.

Selon les Nations unies, seuls neuf pour cent des homosexuels masculins de la planète avaient été informés en 2005 des risques de transmission et des moyens de protection contre le VIH.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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