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Une plus grande distribution des barres Plumpy’nut pour lutter contre la malnutrition

Le visage recouvert de beurre d’arachide, Samara Issa, un bébé nigérien de dix-sept mois, grignote lentement une barre de Plumpy’nut, un aliment miracle qui, selon les agents sanitaires, permettrait d’éradiquer la malnutrition.

Les trois barres de Plumpy’nut, à base de pâte d’arachide, d'huile végétale , de poudre de lait, de sucre, de vitamines et d’éléments minéraux, que Samara Issa a mangées quotidiennement pendant une semaine, lui ont permis de prendre cinq kilogrammes et d’atteindre ainsi progressivement un poids normal pour un enfant de son âge. Et pour les médecins de l’ONG World Vision qui s’occupent de Samara, il pourrait être hors de danger d’ici deux semaines.

Le Plumpy’nut est plus qu’une simple friandise dont raffolent les enfants affamés. Selon les professionnels de la santé, le Plumpy'nut, ou les produits semblables, pourrait contribuer à réduire le taux de mortalité infantile dans l’ensemble de la région.

« Les effets [du Plumpy’nut] sur un patient souffrant de malnutrition aiguë sont comparables à ceux d’un traitement prophylactique sur une personne atteinte de paludisme », a expliqué Jean-Hervé Bradol, le directeur de l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières/France (MSF), après avoir évalué le travail effectué par une de ses équipes médicales en poste au Niger.

Chaque année, plus de 50 pour cent de la population du Niger souffre de malnutrition. Cependant, cette année, l’utilisation généralisée des barres de Plumpy’nut a permis de réduire le nombre de malades souffrant de malnutrition aiguë.

Selon la Banque mondiale, un enfant sur douze meurt avant d’avoir fêté son cinquième anniversaire dans les pays en développement, contre un sur 152 dans les pays riches. En revanche, dans un grand nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest, plus d’un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans.

Au Niger, MSF soigne 63 000 enfants avec des barres de Plumpy’nut. Grâce à ces biscuits, 90 pour cent des enfants malnutris auront le vie sauve, alors que les centres nutritionnels thérapeutiques classiques n’auraient permis de soigner qu’environ 30 pour cent des enfants malades et auraient nécessité l’hospitalisation de ces derniers dans des dispensaires ou des centres sanitaires, a expliqué M. Bradol.
Un des avantages du Plumpy’nut est qu’il est simple à utiliser.

En effet, il suffit que les enfants mangent un certain nombre de barres par jour. En outre, les patients n’ont pas besoin d’être hospitalisés.

Selon Jean-Hervé Bradol, ce produit permet à MSF de traiter dix fois plus d’enfants nigériens qu’au cours des précédentes missions.

« Après avoir travaillé vingt ans dans des contextes d’urgences médicales, c’est un véritable choc pour moi de voir ce que cet aliment permet de faire », a-t-il confié. « Nous assistons à une révolution du traitement de la malnutrition aiguë ».

Un bémol : le prix élevé des barres de Plumpy’nut

Certaines ONG, comme Action contre la faim/Espagne et Save the Children, utilisent également les barres de Plumpy’nut pour soigner leurs enfants nigériens, mais à une plus petite échelle.

En effet, les travailleurs humanitaires ont expliqué que le principal inconvénient du Plumpy’nut était son prix élevé. Le Plumpy’nut coûte environ quatre dollars américains le kilogramme, il est donc au moins trois fois plus cher que les produits nutritionnels thérapeutiques classiques.

Pour M. Bradol de MSF, le prix ne doit pas être considéré comme un obstacle. Cette année, MSF a étendu la distribution de barres de Plumpy’nut aux enfants nigériens souffrant de malnutrition modérée.

Inventeur du Plumpy’nut, André Briend travaille désormais comme médecin nutritionniste à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à Genève et ne partage pas le point de vue de Jean-Hervé Bardol.

« Le coût constitue un problème majeur », a-t-il déclaré.
Selon M. Briend, on peut réduire le prix des barres de Plumpy’nut en faisant appel à la main d’œuvre locale et en exploitant, par exemple, les vastes plantations d’arachide d’Afrique. Une usine de Plumpy’nut devrait bientôt voir le jour à Niamey, la capitale du Niger.

Cependant, comme l’a rappelé André Briend, les barres de Plumpy’nut ne sont composées qu’à 20 pour cent d’arachides et leur prix élevé est en grande partie dû à la poudre de lait.

Michele Falavigna, représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Niger, craint que ce produit thérapeutique ne crée une nouvelle forme de dépendance des pays pauvres, au détriment de solutions à long terme.

« Ce produit est intéressant s’il peut être distribué à un coût meilleur marché. Mais il peut aussi présenter des inconvénients si les pays finissent par dépendre de la manière dont il est distribué », a-t-il déclaré.

Si des pays comme le Niger se disent prêts à utiliser des produits aussi chers que les barres de Plumpy’nut pour soigner les personnes souffrant de malnutrition, les pays développés doivent s’engager à les leur fournir à long terme, a souligné M. Falavigna.

« L’approvisionnement en Plumpy’nut doit faire partie des programmes d’action humanitaire », a-t-il conclu. « Cela est obligatoire. »

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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