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Retour progressif des réfugiés togolais, malgré les réticences de certains

Country Map - Togo (Lome) IRIN
Togo to take in Chadian rebel
Près de la moitié des 40 000 Togolais qui avaient trouvé refuge dans des camps au Bénin et au Ghana après les violentes manifestations post-électorales de l’année dernière sont rentrés au Togo et les autorités togolaises envisagent de rapatrier ceux qui ne sont pas encore revenus au pays.

Le Haut commissariat aux rapatriés et à l’action humanitaire (HCRAH) a affirmé avoir déjà rapatrié 3 000 réfugiés et déplacés, 1 000 autres ont fait la demande de rapatriement et près de 15 000 sont revenus d’eux-mêmes.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le HCRAH, quelque 16 500 réfugiés vivent encore au Ghana et au Bénin, dont 6 000 dans le camp d’Agamé près de la frontière entre le Bénin et le Togo. Quatre mille autres vivent à Cotonou, la capitale béninoise, hébergés par des parents ou amis.

De violentes manifestations ont éclaté l’année dernière au Togo après la mort subite du Président Gnassingbe Eyadema, à l’époque doyen des chefs d’Etat en exercice. En avril 2005, son fils, Faure Gnassingbe, lui a succédé après des élections présidentielles organisées sous la pression des chefs d’Etat des pays de la sous région. Les résultats contestés par l’opposition politique et ses militants ont donné lieu à de violents affrontements avec les forces de sécurité. Près de 40 000 Togolais se sont alors réfugiés au Bénin et Ghana voisins pour fuir les persécutions.

Le 20 août 2006 à Lomé, le gouvernement et l’opposition ont signé un accord politique global mettant fin à douze années d’impasse politique au Togo. Aux termes de cet accord, le gouvernement s’est engagé à procéder à des reformes du code électoral et à accélérer le rapatriement des réfugiés.

Les réfugiés restent encore septiques face aux mesures du gouvernement

Bien d’autres initiatives ont été prises par les autorités pour faciliter le retour et la réinsertion des réfugiés. Ainsi, les réfugiés qui travaillaient auparavant dans la fonction publique pourront réintégrer leur poste s’ils peuvent prouver par un document qu’ils étaient réfugiés, explique Kokou Tcharie, Haut commissaire au HCRAH. Selon lui, tout réfugié qui se signale au niveau du HCRAH peut bénéficier d’une assistance pour trouver un emploi et une maison.

« Nous avons prévu un forfait qui varie de 30000 à 120000 francs CFA (60 à 235 dollars américains), selon que ce soit une famille ou un jeune qui regagne sa famille », affirme M. Ttcharie.

Et pour dissiper toutes craintes à propos des persécutions dont les rapatriés pourraient faire l’objet, le Premier ministre togolais a instruit les forces de l’ordre, les magistrats du parquet et la police judicaire d’abandonner instamment toutes poursuites judiciaires diligentées a l’encontre d’auteurs d’infractions liées à l’élection.

Neuf comités d’accueil, de suivi et d’assistance à la réinsertion des rapatriés ont été mis sur pied. Ces comités sont composés de représentants des partis de l’opposition et de membres d’associations de défense des droits de l’homme. Ils seront également chargés de protéger les rapatriés contre toute poursuite pour des faits liés à l’élection.

Mais malgré ces efforts, beaucoup de réfugiés hésitent à rentrer au Togo.

« Nos femmes ont été violées et ont perdu le goût de la vie. Nous avons perdu nos frères, nos parents et on nous demande maintenant de pardonner ceux qui nous ont torturés, ceux qui nous ont pourchassés avec des fusils comme des lièvres, au nom d’un accord », s’indigne Kossi M. « Nous avons encore gravé dans nos mémoires ces événements ».

Selon lui, tant que les mêmes personnes seront au pouvoir, cet accord politique ne sera pas respecté.

« Il est vrai que le Togo est la terre de nos aïeux et nous l’aimons beaucoup », explique Ben T. « Si nous rentrons aujourd’hui, nous sommes sûrs que dans trois ans, nous allons revenir, donc autant ne pas partir. Car notre problème, ce ne sont pas les élections législatives, mais plutôt les élections présidentielles ».

L’accord politique global ne concerne que les élections législatives de l’année prochaine.

« En tout cas, j’ai voté pour le changement. Et comme il n’y a pas le changement et tant qu’il n’y aura pas le changement, moi je ne rentrerai pas. Lorsque le Bénin ne voudra plus de moi, j’irai ailleurs », a souligné Ben T.

Retour et réconciliation

Pour certains réfugiés, c’est une question de prudence puisqu’ils attendent de voir comment la situation évoluera.

«Nous ne sommes pas sûrs de ces gens-là. Mais dès que moi je jugerai la situation suffisamment bonne, j’y retournerai » déclare Liliane G. du camp d’Agame.

Le HCRHA a tenté de rassurer les réfugiés en leur indiquant qu’il n’avait pas à craindre pour leur sécurité.

« Il a été convenu entre le Togo et le HCR au Bénin, qu’un échantillon de réfugiés vienne pendant au moins deux semaines constater les garanties de sécurité pour en rendre compte à leurs homologues une fois de retour dans les camps », a révélé M. Tcharie.

A cet effet, le HCRHA a lancé une campagne d’information pour inciter les réfugiés à rentrer au Togo et les autorités compétentes à garantir la sécurité de ceux qui reviendront au pays.

Cette campagne réalisée jusqu’à présent sur les médias d’Etat, vient de bénéficier d’un financement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Elle pourra aussi se faire très prochainement sur les médias privés et il y aura même des affiches géantes dans les rues, explique M. Tchairie.

Quant à Alfred Sohou, Directeur de la protection civile au ministère de l’Intérieur du Bénin, il se déclare assez optimiste au sujet du processus de réconciliation qui se met en place au Togo. Selon lui, les réfugiés commenceront à envisager leur retour au Togo dès que les dispositions de l’accord politique seront appliquées.

Le gouvernement togolais envisage de signer avec le Ghana et le Bénin une convention définissant le cadre juridique du rapatriement qui doit être volontaire.

« Il faut insérer les rapatriés et un certain nombre de victimes pour sceller la
réconciliation », a conclu le haut commissaire togolais.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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