« Regardez ma case, elle ne va pas tarder à s’écrouler », se désole Joseph Kanneh qui vit dans les ruines de ce qui fut jadis Wilson Corner, un des plus grands camps de déplacés internes situés à la périphérie de Monrovia.
« Dès qu’il pleut la nuit, je ne peux plus dormir. Je dois rester éveillé ou aller m’abriter chez un ami », explique-t-il.
Et la saison des pluies a commencé à Monrovia, une des capitales les plus arrosées au monde, avec les 4 000 mm d’eau de pluie qu’elle reçoit entre avril et octobre. Toutes les familles vivant dans ces abris de fortune construits avant la fin de la guerre en 2003 souhaitent retourner dans leurs villages, mais des erreurs administratives les en empêchent.
« On veut rentrer chez nous », se lamente Ma-Hawa Massaley, une mère de famille de sept enfants qui vit dans le camp de Jah Tondo. « Mais depuis l’annonce du gouvernement à la radio et la fermeture des camps, nous ne voyons aucun signe susceptible de nous laisse espérer un retour chez nous ».
Selon Massaley, si elle n’a pas été inscrite au programme de réinstallation c’est parce que son nom ne figurait pas sur la liste de distribution de vivres. Les cartes de rationnement délivrées par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies permettaient également de bénéficier de l’aide d’une des agences chargées d’assurer le transport de plus de 300 000 déplacés internes depuis la fin de la guerre.
Pour Louis Imbleau, représentant du PAM au Liberia, une procédure a été engagée pour identifier tous les ex-déplacés internes dont les noms ne figuraient pas sur la liste de distribution de vivres.
« Nous allons identifier ceux qui ne figuraient pas sur la liste et nous travaillons en étroite collaboration avec l 'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour trouver le plus rapidement possible une solution à ce problème », a confié M. Imbleau qui a toutefois refusé d’évoquer les raisons pour lesquelles les noms de certains déplacés n’étaient pas sur la liste distribution de vivres.
Pour certains déplacés, la faute incombe à leurs représentants et aux responsables des camps.
« Les comités de gestion des camps et certains de nos représentants ne nous ont pas inscrit sur les listes. A chaque fois, ils reportaient notre inscription, nous assurant qu’ils ajouteraient nos noms sur les listes, le moment venu. Et cela a continué ainsi jusqu’à la fermeture des camps », explique Stephen Musa qui a été représentant des déplacés et a servi d’intermédiaire entre les humanitaires et les résidents de camps.
A la fermeture officielle des camps, l’aide alimentaire et les services sociaux dont bénéficiaient les déplacés ont été coupés. Les agences humanitaires de l’ONU et les ONG sont parties laissant derrière elles des familles qui ont accepté de faire des menus travaux pour s’en sortir ou qui ont été contraintes de mendier.
« Il n’y a pas du tout d’ONG dans ce camp. Il n’y a pas non plus de dispensaire ici et lorsque l’un d’entre nous tombe malade, on est obligé d’aller mendier dans la rue pour pouvoir payer nos médicaments », ajoute Musa.
La semaine dernière, le Centre de surveillance des personnes déplacées du Conseil norvégien des réfugiés a dénoncé l’état déplorable des camps, indiquant qu’ils présentent un danger pour la santé des personnes qui y vivent encore.
« Les baraquements encore existants sont dans un état de délabrement avancé, les installations d’eau et les sanitaires font cruellement défaut et les maladies respiratoires, en particulier, sont courantes », note le rapport du conseil.
Selon la commission de rapatriement et de réinstallation des réfugiés du Liberia, l’organe chargé de la coordination du rapatriement des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés, tout est mis en œuvre pour aider les derniers déplacés, vivant encore dans les camps, à retourner chez eux dans les semaines à venir.
« Nous avons contacté plusieurs partenaires et nous mettons sur pied un programme qui permettra à ces déplacés de rentrer chez eux en leur proposant les mêmes conditions que celles du programme de réinstallation planifiée », a expliqué Saar Nyumah de la commission de rapatriement.
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