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Les pauvres, les plus touchés par la grève des hôpitaux

[Chad] Entrance to emergency ward at NDjamena's biggest hospital. [Date picture taken: 07/11/2006] Madjiasra Nako/IRIN
Entrée du service des urgences de l'hôpital principal de N'djamena
Au deuxième mois de grève des hôpitaux de N’djamena, la capitale tchadienne, les habitants de la ville tentent désespérément de se faire soigner, mais les syndicats et les autorités nationales ne semblent pas prêts de trouver un compromis.

Samedi à 10 heures, devant la salle d’urgence de l’hôpital général de référence nationale, non loin de la mairie de N’djamena, Saleh 50 ans, gémit couché le long du mur, un bandage à l’épaule.

« Ça fait trois jours que je fais des va-et-vient », explique-t-il.

« On me dit que les gens sont en grève et ne travaillent pas. Moi je n’ai pas d’argent pour aller dans une clinique me faire soigner. Donc je reviens ici tous les jours avec l’espoir que les quelques infirmiers qui traînent dans la cour aient pitié de moi et changent ce bandage que j’ai depuis trois semaines ».

Devant l’hôpital de l’Union, au sud de N’djamena, on assiste à la même scène. Marianne a amené en consultation son jeune fils qui souffre de paludisme, une maladie qui peut s’avérer mortelle si elle n’est pas soignée. Mais ici aussi, les portes sont closes.

« Je ne sais que faire. Mon enfant souffre de paludisme, il a pleuré toute la nuit », se plaint-elle. « Son père nous a défendu d’aller de nuit aux urgences parce que nous n’allons trouver personnes. Ici aussi c’est pareil ».

Selon l’indice de développement des Nations unies, le Tchad fait partie des cinq pays les plus pauvres de la planète, si l’on tient compte de facteurs tels que le revenu par tête d’habitant, l’accès à l’éducation et l’espérance de vie.

L’UST, la plus importante centrale syndicale du pays, avait lancé le 5 juin un mot d’ordre de grève d’une semaine pour exiger l’augmentation de salaire de cinq pour cent que le gouvernement avait promis en 2005 aux fonctionnaires et au personnel hospitalier.

En effet, les syndicats avaient demandé l’année dernière une augmentation de salaire de cinquante pour cent. Le gouvernement leur avait alors proposé d’accepter en 2006 une augmentation de cinq pour cent, en attendant la hausse de cinquante pour cent en 2007.

Face à la dégradation de la situation, la ministre tchadienne de la Fonction publique, Fatime Kimto, avait déploré la semaine dernière le comportement « inhumain » des grévistes.

« Ils ne sont pas humains. Pourquoi ne pas faire la grève ailleurs et laisser les hôpitaux et les centres hospitaliers fonctionner », a-t-elle déploré devant la presse.

Le gouvernement ne peut pas se payer le luxe d’augmenter les salaires des fonctionnaires alors que le pays fait face à une rébellion armée, a souligné M. Kimto. Des groupes armés, dont certains sont basés au Soudan voisin, ont lancé l’année dernière une série d’attaques sur des villes tchadiennes, et en avril 2006, les combats dans la capitale N’djamena et sa banlieue ont fait plus de 200 morts.

« Les menaces extérieurs se sont accentuées sur le pays. Il nous faut assurer la sécurité avec des moyens financiers et matériels », explique la ministre, qui rappelle que lors d’une rencontre avec les responsables du syndicat, le 3 juillet, le ministre des Finances leur a expliqué la situation de long en large.

Mais pour les responsables du syndicat, il n’est pas question de céder.

« S’ils ne veulent pas résoudre le problème, nous allons continuer comme ça. Ce n’est pas notre faute si les gens meurent à l’hôpital. Il y a une mauvaise volonté de la part du gouvernement, c’est tout », explique Djibrine Assali, secrétaire général de l’UST, qui rappelle que l’argument sécuritaire ne tient pas.

La seule préoccupation des patients à N’djamena est de se faire soigner et ceux qui ont les moyens se tournent vers les cliniques privées.

A en croire les employés des pharmacies, beaucoup de malades pratiquent l’automédication, et les cas de sollicitation de médicaments sans prescription sont nombreux.

Mais pour les plus pauvres, c’est au gouvernement de faire un geste.

« Est-ce que le gouvernement ne peut pas accorder les cinq pour cent que les infirmiers réclament ? Ça ne coûte pas plus que faire la guerre, à moins qu’ils ne se soucient pas de nos vies », marmonne une autre femme devant le portail de l’hôpital du 3ième arrondissement, fermé lui aussi pour cause de grève.

De l’autre côté de la rue se trouve une clinique privée baptisée « Espoir ».

« Je ne peux pas aller là-bas, non plus. Je ne peux pas payer plus de 5 000 francs CFA (10 dollars américains). Je n’ai pas d’argent ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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