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Interview du Général Christian Damay, commandant de l’Etat-major de l'Eufor-RDC

[DRC] Maj-Gen Christian Damay, commander of the EUFOR DRCongo force in Kinshasa. [Date picture taken: 06/22/2006] Eddy Isango/IRIN
Maj-Gen Christian Damay, commander of EUFOR in Kinshasa
Les premiers éléments de la Force européenne pour la République démocratique du Congo, l’Eufor-RDC, constituée à la demande des Nations Unies pour soutenir la Monuc (Mission des Nations Unies au Congo) dans la sécurisation des premières élections organisées en RDC en 45 ans ont commencé à arriver à Kinshasa, la capitale de la RDC.

Les officiels militaires de l’Eufor ainsi que le représentant spécial de l’Union européenne pour la région africaine des Grands lacs ont présenté cette force le 22 juin à Kinshasa.

Elle devra être déployée complètement avant le premier tour des présidentielles et des législatives prévu le 30 juillet prochain, et aura un mandat de 4 mois à compter de cette date. L’Union européenne a contribué de manière significative au budget total de sécurisation des élections en versant 80 pour cent des 440 millions de dollars prévus à cet effet.

Le général de division français, Christian Damay, commandant de l’Etat-major de la force qui était accompagné lors de cette présentation du Major général allemand, Karlheinz Viereck, commandant de l’opération Eufor-RDC, a accordé à IRIN une interview dont voici quelques extraits.

QUESTION : Les premiers éléments de l’Eufor ont commencé à arriver, mais quel sera exactement le but de la force ?

REPONSE: Le but de la mission est de soutenir la Monuc dans le cadre de la sécurité du processus électoral. Nous sommes là pour la période électorale et pour faciliter le bon déroulement des opérations électorales ; faire en sorte que cette échéance qui est extrêmement importante pour la RDC se passe dans les meilleures conditions possibles. C’est une manière de montrer la volonté de l’Union européenne de tout mettre en œuvre pour tout se passe au mieux.

Q : La Monuc a déjà déployé plus de 17 000 Casques bleus dans le pays. Elle a également la mission de sécuriser le processus électoral. Quelle différence y aura-t-il entre ce que fera l’Eufor par rapport à la Monuc ?

R: Ce sont des nations européennes qui, par définition, participent à cette force. Ce qui n’est pas le cas des unités déployées dans le cadre de la Monuc.

Il est certain que les opérations de l’Eurfor sont menées en parfait accord avec la communauté internationale et avec la RDC. Il y a eu au départ une expression des besoins de la Monuc qui a émis le souhait de disposer d’une unité en renfort. C’est la raison d’être de l’Eufor.

Q: Combien des militaires vont être déployés dans le cadre de cette force et où seront-ils basés pour leurs opérations?

R: Une partie de la force va être cantonnée en RDC, à Kinshasa la capitale. La raison est que c’est ici qu’on trouve les installations aéroportuaires qui permettront de déployer - avec les appareils dont nous disposerons- les unités là où on aura besoin d’elles sur le territoire de la RDC. On ne peut donc déployer des troupes qu’avec des moyens aériens.

Une autre partie de la force va rester à l’extérieur sur le territoire du Gabon parce que, là aussi, il y a des infrastructures qui facilitent la mise en place des forces et à partir desquelles on peut se déployer très rapidement au Congo, toujours, avec les moyens aériens de la force.

Il y aura 2000 hommes entre la RDC, à Kinshasa, et le Gabon. Et il y aura en plus une réserve stratégique qui sera stationnée en Europe et à laquelle on fera appel vraiment qu’en cas de besoin. Je dirai qu’on n’envisage pas le recours à cette force stratégique.

800 autres personnels seront basés à Kinshasa. Ce sont des unités de commandement, de soutien, mais aussi de protection et d’intervention auxquelles il sera fait appel immédiatement en cas d’actions à mener sur le territoire du Congo. A l’heure actuelle, on a à peu près 250 personnels qui sont déjà arrivés. Ce sont des unités de soutien et de logistique qui préparent l’installation.

Dans un deuxième temps, nous aurons des forces qui sont déployées au Gabon. Celles-ci pourront à leur tour intervenir.

Concernant le déploiement proprement dit, on arrivera au maximum de notre capacité de déploiement à la 2eme quinzaine du mois de juillet, soit au moins 15 jours avant les élections.

La réserve qui sera en Europe correspondra aux effectifs d’un bataillon, c’est-à-dire près de 1500 hommes.

Vingt pays de l’Union européenne participent à l’Eufor. C’est quand même très important d’avoir 20 pays sur les 25 qui constituent l’Union européenne.

Pour vous donner des proportions, un tiers des forces est fourni par les Allemands, un tiers par les Français et un tiers par les autres nations.

Q: La Monuc agit sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations Unies qui lui permet de recourir à l’utilisation de la force. Est-ce le cas pour vous aussi ?

R: Oui, nous sommes aussi sous le chapitre 7. Nous avons des règles d’engagement très précises. Nous avons un mandat, donc une mission à remplir.

Pour remplir cette mission, nous disposons des moyens et, au niveau, le plus élevé la capacité d’ouvrir le feu, mais dans des limitations très strictes qui sont ce qu’on appelle l’usage de la force minimale avec des principes de nécessité absolue et de proportionnalité à l’agression.

Donc, on réagit à chaque fois en fonction de la menace et de manière à pouvoir remplir notre mission. Bien sûr, on peut éviter l’usage du feu, mais on le fera chaque fois si on y est contraint. Mais on essayera d’éviter chaque fois que c’est possible. On pourra ouvrir le feu quand on est directement agressé par des armes à feu. Tout simplement.

Q: Les bureaux de vote seront disséminés partout dans le pays. Allez-vous donc être partout pour sécuriser ces endroits puisque votre mission est de sécuriser les élections?

R: Nous représentons une force de 2 000 hommes à côté des forces armées congolaises et de la MONUC qui sont plus nombreuses. L’Eufor n’a pas la prétention de faire le travail à la place de la police, de l’armée congolaise et de la Monuc, mais d’apporter un soutien complémentaire là où cela peut être nécessaire.

Nous n’avons pas la prétention de sécuriser les élections c’est-à-dire de prendre en charge cette mission qui est déjà assurée par d’autres qui le font correctement, et sans doute mieux que nous. Notre mission est de participer à cet effort, et là où il y a aura un besoin, d’être capable de renforcer le dispositif de sécurisation.

Q: Il y a plus de problèmes de sécurité à l’Est qu’à Kinshasa. Vous vous installez à Kinshasa, pourquoi pas dans l’Est où il y a encore des groupes armés étrangers et d’autres milices locales ?

R: C’est un accord dès le départ. La Monuc qui est beaucoup plus importante que nous est implantée dans l’Est du pays. Il a été dit que l’Eufor ne se substituerait pas de toutes les façons à la Monuc qui n’a d’ailleurs pas exprimé de besoin de la présence de l’Eufor dans l’Est, puisqu’elle y est présente. Par contre, la Monuc souhaiterait justement que l’Eufor puisse agir prioritairement là où elle n’est pas présente. C’est donc surtout vers ces régions que nous nous sommes plus orientés.

Nous sommes basés à Kinshasa parce que nous pourrions nous déployer très rapidement avec les moyens aériens dont nous disposons. Nous ne pouvons donc pas nous positionner à priori quelque part où il ne pourrait rien se passer.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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