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Human Rights Watch dénonce le massacre de centaines de villageois tchadiens

[Chad] Chadian soldiers patrol dirt roads near the Sudanese border. [January 2006] Claire Soares/IRIN
Une patrouille de l'armée tchadienne près de la frontière avec le Soudan
Des groupes de miliciens armés de machettes, de couteaux et de fusils ont tué le mois dernier plus d’une centaine de personnes, dont près de 75 au cours d’un massacre perpétré dans l’est du Tchad, ont révélé des enquêteurs de l’ONG américaine Human Rights Watch.

Dans le village de Jawara où HRW s’est rendu le mois dernier, 38 personnes qui s’étaient retrouvées sous un arbre pour prier ont été massacrées. 37 autres personnes venues enterrer les morts ont elles aussi subi le même sort.

Selon les villageois, ces massacres se sont produits les 12 et 13 avril, alors que dans la même semaine les rebelles tchadiens lançaient une offensive sur la capitale N'djaména.

HRW a également affirmé qu’elle a été informée du massacre de 43 personnes perpétré à la même période dans trois villages proches de Jawara, à l’est du Tchad.

« Les corps étaient encore dehors à l’air libre. Il y avaient des taches de sang sur le sol, des machettes et des cadavres », a expliqué David Buchbinder, enquêteur de HRW.

« Ces attaques avaient été menées encore plus à l’intérieur du territoire tchadien, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Le nombre de victimes était bien plus important, on parle de plusieurs centaines de personnes massacrées à la machette et au couteau », a-t-il souligné.

Ces faits ont été rapportés à IRIN, à N'djamena, par des enquêteurs de HRW qui ont sillonné les camps et les villages implantés à l’est du Tchad et frontaliers avec la région instable du Darfour ouest.

Depuis, le gouvernement du Tchad accuse les autorités de Khartoum de soutenir les groupes de miliciens qui font des incursions en territoire tchadien et de chercher à déstabiliser le régime du Président Idriss Déby.

Ces groupes ont également été accusés d’avoir commis des exactions dans la région du Darfour, au Soudan, où les combats ont fait près de deux millions de déplacés.

Au cours des dernières semaines, de nombreux Tchadiens ont rejoint les camps improvisés réservés aux déplacés, la plupart d’entre eux ayant préféré fuir leurs villages pour échapper aux attaques des miliciens, selon les agences humanitaires.

HRW a indiqué qu’elle disposait de preuves attestant que des soldats de l’armée soudanaise étaient impliqués dans les attaques contre les civils tchadiens. L’ONG a montré à IRIN des badges de l’armée soudanaise, des cartes d’identité et des documents personnels retrouvés sur des miliciens tués dans l’est du Tchad.

Toutefois, les enquêteurs de HRW ont précisé qu’ils n’avaient aucune preuve évidente permettant d’établir un lien entre le gouvernement soudanais et les milices qui sévissent au Tchad.

« Pour Human Rights Watch, les Janjawid sont un groupe de miliciens arabes formés et équipés par le gouvernement soudanais pour exécuter les missions de Khartoum », a expliqué Olivier Bercault, juriste à HRW.

« Actuellement, nous voyons des personnes traverser la frontière et entrer en territoire tchadien avec les mêmes équipements que ceux utilisés au Soudan. Pour autant, cela ne permet pas d’établir un lien entre ces personnes, voire les miliciens soudanais, et les autorités de Khartoum. Dans la région du Darfour, le lien avec Khartoum est évident, mais pas au Tchad », a-t-il ajouté.

Mais les personnes interrogées par HRW accusent les miliciens Janjawid – un terme arabe faisant référence à des chevaliers armés - d’être les auteurs des exactions dont elles ont été victimes.

Selon HRW, certains villages désertés par les populations après les attaques de ces miliciens sont aussitôt réoccupés par des familles arabes.

« Lorsqu’un drapeau blanc est hissé dans un village, cela signifie que ses habitants ont conclu un accord avec les Janjawid », a expliqué M. Buchbinder. Il y a des villages dans lesquels les autochtones n’osent plus entrer, parce qu’ils sont désormais occupés par les Janjawid », a-t-il ajouté.

D’après les enquêteurs de HRW, des groupes de miliciens sont encore présents dans l’est du Tchad, à Kou Kou, une localité située à 80 kilomètres de la frontière tchadienne, et à moins de 10 kilomètres du camp de réfugiés de Goz Amir.

Et parmi les quelque 200 000 réfugiés darfouriens de l’est du Tchad, dont certains vivent dans des camps depuis plus de trois ans, le nombre de femmes et d’enfants est impressionnant ; les hommes, pour la plupart, ont été tués au cours des raids menés sur les villages du Darfour.

« Dans les camps, beaucoup de gens ont perdu un parent dans les attaques, ce qui explique qu’ils sont très solidaires de la cause des rebelles du Darfour », a indiqué M. Buchbinder.

Selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), des Tchadiens sont recrutés et incorporés de force dans les groupes rebelles qui font des incursions fréquentes au Tchad pour se réunir et se reposer avant de reprendre les combats au Darfour.

Mais selon M. Buchbinder, dans la plupart des camps visités par HRW, aucune preuve ne laisse penser que les gens ont été contraints de rejoindre la rébellion. Bien au contraire, explique-t-il, ils s’engagent volontairement et sont très solidaires de la cause de la rébellion soudanaise ».

« Le recrutement dans les camps est permanent », a-t-il souligné, précisant qu’il est effectué par des recruteurs de passage qui proposent aux réfugiés de rejoindre la rébellion pour « défendre leurs terres ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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